Le long été péquiste

Pacte électoral - gauche et souverainiste


(Québec) Contre toute attente, de tous les chefs politiques présents à l'Assemblée nationale, c'est finalement Pauline Marois qui connaîtra l'été le plus long. Le triomphal taux d'appui de 93 % qui avait consacré sa direction lors du congrès d'avril du Parti québécois ne veut tout à coup plus rien dire.
La démission de quatre poids lourds de son caucus en début de semaine a été sans contredit le moment le plus fort et le plus lourd de conséquences politiquement de toute cette session parlementaire.
Le projet de loi 204 concernant l'amphithéâtre de Québec n'a finalement été qu'un prétexte pour faire éclater une grogne visant à la fois la qualité de son leadership et sa capacité de mener sa formation politique à l'objectif ultime de la souveraineté.
Pauline Marois sort de cette semaine épique fragilisée et vulnérable. Si elle s'était habilement débarrassée du caillou dans sa chaussure que constituaient les critiques des «purs et durs» du SPQ Libre, là, c'est un défi autrement plus dangereux qui l'attend à la rentrée d'automne.
Le quatuor constitué de Louise Beaudoin, Jean-Martin Aussant, Pierre Curzi et Lisette Lapointe, s'il agit avec cohésion, peut devenir une hantise au quotidien pour la chef péquiste. Ces objecteurs de conscience libérés de toute considération partisane dans leurs interventions critiques ont toutes les qualités pour devenir des Amir Khadir extrêmement gênants.
Descente aux enfers
Si Jean Charest, de son côté, n'a pas consciemment orchestré cette descente aux enfers de sa vis-à-vis de l'opposition officielle, il tire malgré tout un bénéfice immense de cette guerre intestine chez les souverainistes.
Et quand on ajoute à ce tableau dramatique, le balayage quasi complet du Bloc québécois de la carte électorale fédérale, tous les espoirs semblent à nouveau permis pour le chef libéral.
Il faut se souvenir qu'à la fin de la dernière session, Jean Charest était un homme politique en sursis. Les libéraux venaient de perdre la circonscription de Kamouraska-Témiscouata, un fief que détenait feu le ministre Claude Béchard; le premier ministre obtenait un taux anémique de satisfaction de 16 %, un record d'impopularité; le Parti libéral du Québec concédait une quinzaine de points au Parti québécois; et le gouvernement était pointé de toutes parts pour son refus obstiné de lancer une grande commission d'enquête sur l'industrie de la construction et ses liens avec le monde politique.
En six mois, le monde a changé. Selon le dernier sondage, libéraux et péquistes sont actuellement au coude à coude, et tous les projecteurs sont braqués sur Mme Marois pour guetter le moindre signe de dissension. Et la question de l'intégrité a été reléguée au second plan.
Jean Charest est tout à fait conscient qu'un chef contesté comme Stephen Harper a été catapulté à la tête d'un gouvernement majoritaire en jouant son va-tout sur l'économie. Il reprend cette stratégie à son compte.
Les obstacles devant lui ne sont objectivement pas insurmontables. Outre le PQ qui se charge lui-même d'amocher ses chances de former le prochain gouvernement, il n'y a que l'Action démocratique pour prétendre au pouvoir. Or Gérard Deltell amorce son été sous le nuage de Québec solidaire qui, grâce à l'excellente performance d'Amir Khadir, attire de plus en plus l'intérêt des électeurs déçus.
Quant à la formation politique en devenir de François Legault, ses prises de position jusqu'ici ne suggèrent pas que l'ex-ministre péquiste s'apprête à provoquer une bien grande révolution.
Jean Charest avait échappé le volant depuis sa réélection, mais les prochains mois s'annoncent soudainement comme une tranquille balade.


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