(Québec) On ne peut traîner un passif aussi lourd que celui du premier ministre Jean Charest sans finir par en payer le prix. La performance de son gouvernement suscitant un taux de satisfaction anémique, à 16 %, si on en croit le dernier CROP, il fallait bien que la grogne finisse par s'exprimer de manière concrète à un moment donné. Aussi, même si objectivement la candidate libérale France Dionne avait d'excellents atouts dans son jeu, ça ne lui aura permis en bout de ligne que de mener une chaude lutte, sans réussir à décrocher le siège convoité de Kamouraska-Témiscouata.
Sagement, l'équipe ministérielle avait misé sur les enjeux locaux pour faire oublier le contexte global de contestation de la position gouvernementale au chapitre de l'éthique. Le gros contrat accordé directement à Bombardier La Pocatière, la personnalité attachante du ministre Béchard dont le souvenir est encore présent dans son milieu, le sauvetage in extremis de la circonscription condamnée par le directeur général des élections et les solides antécédents de Mme Dionne comme députée du coin ont très bien servi la cause de cette dernière en cours de campagne. Mais ça n'a pas suffi pour faire oublier des mois de critiques à l'égard du gouvernement dont elle portait les couleurs.
Le chef libéral peut ce matin se flatter d'avoir permis à sa candidate d'avoir fait excellente figure dans cette course, mais c'est bel et bien Pauline Marois qui a un député de plus dans son caucus à compter d'aujourd'hui. C'est elle qui peut plaider avoir livré la marchandise aux siens. Peu importe que la course ait été extrêmement serrée et qu'il a fallu attendre le dépouillement des dernières boîtes de scrutin pour accorder la victoire au candidat péquiste André Simard. Tout cela sera vite oublié. Tout cela ne compte plus.
Ce qui reste, c'est une tache supplémentaire au dossier de Jean Charest. Une circonscription libérale perdue alors qu'il avait tellement besoin de cette petite bouffée d'air frais pour l'aider à traverser un peu plus sereinement la période des Fêtes. Les supputations sur son avenir à la tête du Parti libéral du Québec risquent fort de s'accentuer.
Les promesses d'un nouveau discours du Trône, d'un remaniement ministériel ou d'un budget ne vont probablement pas suffire à changer vraiment l'atmosphère autour de cette troisième mouture du gouvernement Charest.
De son côté, la chef du Parti québécois pourra voguer beaucoup plus allègrement vers son vote de confiance du printemps. Ses détracteurs ont une grosse prise de moins pour la contester. Il y en aura toujours cependant pour suggérer qu'une chef vraiment populaire n'aurait fait qu'une bouchée de cette partielle.
En ce qui concerne l'Action démocratique, enfin, le chef Gérard Deltell s'est acheté du temps et de la crédibilité pour poursuivre la reconstruction. Les 23 % d'appui réunis par Gérald Beaulieu dans une lutte aussi serrée entre le PQ et le PLQ démontrent qu'il ne faut pas écarter trop vite l'option de centre droit sur l'échiquier politique québécois.
Logique respectée
On ne peut traîner un passif aussi lourd que celui du premier ministre Jean Charest sans finir par en payer le prix.
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