Un parti en rupture

PLQ de JJC - Confiscation de l'État


(Québec) L'image de la fin de semaine était forte, dévastatrice. Le militant Martin Drapeau, seul au micro du Conseil général du Parti libéral du Québec, son parti, qui jetait pendant de très longues secondes un regard désespéré et gêné autour de lui à la recherche d'au moins une personne pour seconder sa demande. En vain... Le débat souhaité sur la pertinence de créer une commission d'enquête pour fouiller les liens entre l'industrie de la construction et le crime organisé n'a pas eu lieu.
Ce silence glacial qui a accueilli le militant de la circonscription de Groulx est aujourd'hui extrêmement gênant pour la «famille» libérale. Il suggère que le parti gouvernemental n'a que faire des attentes légitimes de la majorité de la population québécoise.
Bien sûr, ce n'est pas parce que 78 % des Québécois souhaitent la création d'une commission d'enquête sur la construction que le gouvernement du Québec est obligé d'obtempérer. Un cabinet doit agir avec sagesse, après mûre réflexion, en soupesant le pour et le contre. Il n'a pas à céder aux humeurs ou aux mouvements de foule.
Mais, à l'opposé, le fait que trois Québécois sur quatre réclament la mise sur pied de cette commission obligeait bel et bien les libéraux du Québec à démontrer qu'ils n'étaient ni sourds, ni aveugles, ni insensibles aux craintes justifiées des Québécois quant à l'infiltration de la mafia dans le secteur névralgique de la construction. Il y aurait donc dû y avoir discussion ouverte en fin de semaine.
C'est une chose en effet de marteler un message contrôlé pour contrer les attaques de l'opposition à l'Assemblée nationale ou pour répondre aux interpellations des journalistes. Mais c'en est une tout autre de prendre le temps de s'expliquer calmement devant les siens et de discuter d'un dossier majeur qui fait les manchettes depuis des mois.
Aujourd'hui, on peut dire qu'en optant pour l'esquive, ce parti, son chef, ses ministres, ses députés et ses militants ont fait le choix d'être en rupture avec la population du Québec. Ils ont refusé de discuter du dossier de l'heure, même si M. Drapeau avait élégamment pris soin de les prévenir bien à l'avance de sa requête.
Difficile dorénavant pour les libéraux de se moquer des déchirants débats entre péquistes à propos du cheminement vers l'indépendance. Au moins, eux, ils ont le courage d'argumenter au vu et au su de leurs militants qui ont le loisir d'intervenir.
La nouvelle pétition en ligne demandant la démission de Jean Charest sur le site même de l'Assemblée nationale ajoute maintenant à l'embarras des libéraux. Sa popularité va évidemment de pair avec la grande insatisfaction des Québécois à l'égard de leur gouvernement. Or le gênant silence de la fin de semaine ne peut qu'alimenter cette grogne.


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