(Québec) La mise en scène orchestrée mercredi devant l'Assemblée nationale par les représentants de l'opposition, à l'exception des quatre adéquistes, a atteint son objectif. Elle a ramené sous les feux de la rampe la demande légitime et incontournable de la création d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur l'interconnexion entre l'industrie de la construction, l'attribution des contrats et des permis, et le financement des partis politiques. Et si elle a ainsi réussi à toucher la cible, c'est qu'elle a sensiblement allégé la charge partisane qui s'en dégageait jusqu'ici.
Dans la motion à être débattue mardi, il n'est plus spécifiquement question du financement du Parti libéral du Québec, mais bien de celui de l'ensemble des partis au Québec, peu importe qu'il oeuvre au palier municipal, provincial ou fédéral.
Cette clarification est bienvenue. Si un système occulte permet la collusion, la corruption ou la transgression des lois régissant le financement par les particuliers des formations politiques, il est plus que plausible qu'il sévisse dans plus d'un environnement et touche plus d'un réseau de collecte de fonds.
L'autre argument majeur martelé par les porte-parole des élus rassemblés et unis par le port du foulard blanc est celui, bien fondé, du sentiment de plus en plus profondément ancré dans la population que toute la classe politique est pourrie.
Le coup de gueule du maire de Québec, Régis Labeaume, à propos des dérapages liés à l'hôtel de ville de Montréal et les réactions de découragement entendues de la bouche de plusieurs maires et conseillers, lors des dernières assises de l'Union des municipalités du Québec, illustrent l'étendue de cette déprime collective à l'égard de ceux dont le mandat est de gérer en notre nom.
À n'en pas douter, les réactions auxquelles sont confrontés les élus ne sont pas différentes du contenu très acerbe des tribunes radiophoniques et des courriers des lecteurs. Or, ce sinistre cynisme a ses impacts malsains sur le comportement des contribuables, certains se sentant de plus en plus justifiés de se foutre de tout et de tricher, convaincus que c'est la règle chez ceux qui nous administrent et nous gouvernent.
En conséquence, le premier ministre du Québec doit maintenant prendre les moyens pour assainir l'air. Jean Charest doit poser un geste global qui va au-delà des réponses ponctuelles offertes jusqu'ici. Les citoyens le réclament. Opposition, observateurs et analystes politiques aussi. Et qu'on ne s'y trompe pas, bon nombre de militants libéraux veulent aussi en avoir le coeur net.
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