Médecins - Une entente prématurée

Santé - le pacte libéral

Alors que l'Ontario a ouvert toutes grandes ses portes aux médecins du Québec pour combler une partie de son déficit en main-d'oeuvre, l'Office des professions du Québec est encore à se demander comment traiter les cas de médecins ontariens qui souhaitent s'installer chez nous, mais qui ont complété leur formation avant 1994. Comme si le Québec avait les moyens de faire la fine bouche!
Il y a chaque année toujours plus de médecins qui quittent le Québec que de médecins étrangers qui arrivent. L'an dernier, par exemple, 125 médecins québécois ont choisi de l'Ontario, contre 25 Ontariens qui ont fait le chemin inverse. Le phénomène était donc connu lorsque le gouvernement Charest a décidé de signer une série d'accords sur la mobilité professionnelle avec l'Ontario. Tout le monde s'est d'ailleurs demandé quel pouvait être l'avantage pour le Québec de signer un accord qui ne ferait qu'accentuer la tendance à l'exil d'une partie des médecins attirés par les salaires supérieurs offerts par l'Ontario, province dont le niveau de vie est de 15 % supérieur au nôtre.
En réaction à la nouvelle, cette semaine, le critique du Parti québécois en matière de santé, M. Bernard Drainville, a suggéré d'invoquer un article de l'Accord sur le commerce intérieur qui permet de suspendre son application si les objectifs ne sont pas atteints. L'accord lui-même n'était-il pas prématuré dans un contexte de pénurie?
Bien sûr, le problème est complexe. Il tient à la rémunération inférieure des médecins québécois, à leurs conditions de pratique, mais aussi à l'exil systématique des médecins formés à McGill et à la lenteur des autorités à intégrer les individus compétents formés à l'étranger.
Dans le cas des médecins ontariens, l'Office des professions attribue son propre retard au fait qu'elle a beaucoup de travail. Dites pas! Que peut-il y avoir de si complexe à reconnaître le droit de pratique à des médecins ontariens formés il y a 15 ans? N'a-t-on aucun sens des priorités à l'OPQ?
Le problème de la pénurie de médecins pèse lourdement sur l'accessibilité aux soins. À quoi sert-il d'augmenter le nombre de places en faculté si de plus en plus de jeunes docteurs quittent le Québec? Il serait absurde de compter exclusivement sur la venue éventuelle de médecins français pour combler l'écart. D'autres mesures doivent être adoptées, notamment pour retenir les médecins que nous formons nous-mêmes. L'augmentation des salaires en est une, mais on pourrait aussi lier le financement de la formation par l'État à un engagement de pratique ultérieure. Les entreprises et l'armée le font, pourquoi l'État ne le ferait-il pas?
L'entente sur la mobilité professionnelle signée ce printemps était un geste essentiellement politique. Québec n'était pas prêt à faire face aux conséquences plus graves en santé que dans les autres secteurs. Et le pire pourrait être devant nous.
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j-rsansfacon@ledevoir.com


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