Un an après avoir soutenu la candidature d'André Boisclair à la direction du Parti québécois

Luck Mervil tourne le dos au PQ

Le chanteur épouse désormais la cause de Québec solidaire

Québec - pluralité et intégration

Déçu des propos d'André Boisclair sur la souveraineté et ébranlé par la démission de Dominique Ollivier, qui a critiqué le manque de représentativité ethnoculturelle au PQ, le chanteur Luck Mervil appuiera demain la candidature de Françoise David, de Québec solidaire, dans la circonscription de Gouin.


(encadré)

L'année dernière, Luck Mervil appuyait chaleureusement la candidature d'André Boisclair à la tête du PQ. Il critique aujourd'hui sévèrement ses propos et accorde son soutien à la chef de Québec solidaire, Françoise David, comme candidate dans Gouin. On le voit ici l'an dernier alors qu'il animait la soirée de lancement de la campagne au leadership d'André Boisclair.




Un an seulement après avoir vanté les mérites d'André Boisclair lors de la course à la chefferie du Parti québécois, le chanteur engagé Luck Mervil le critique sévèrement et soutient la candidature de Françoise David, du nouveau parti Québec solidaire, dans Gouin.
Le chanteur reproche aujourd'hui au Parti québécois de ramollir le discours sur la souveraineté. «C'est bien beau de demander à la population d'endosser son message, mais il faut l'endosser soi-même», lance l'artiste, qui avait agi l'an dernier comme maître de cérémonie lors du lancement de la campagne d'André Boisclair à la direction du PQ.
Au cours des dernières semaines, André Boisclair a pris ses distances du programme du PQ, qui prévoit notamment la réalisation d'un plan de transition vers la souveraineté et du cadre financier d'un Québec souverain. «Au-delà de l'analyse fine du texte, il y a les réalités politiques», déclarait-il alors.
La pilule est difficile à avaler pour le «citoyen Mervil». «On signe au bas de la page [du programme], et la seconde où c'est le temps d'en parler, en période d'élections, on met cela de côté. Cela me dérange un peu. C'est un parti qui a été créé pour ça. C'est encore le fameux jeu de pouvoir», déplore le chanteur engagé.
L'artiste sera au côté de la leader de Québec solidaire, Françoise David, lors de son assemblée d'investiture dans Gouin demain, tout comme la mère du commerce équitable au Québec, Laure Waridel. Luck Mervil se réjouit de voir que la nouvelle formation de gauche a fini par se positionner pour la souveraineté, au terme de quelques mois de réflexion. «C'est réfléchi et c'est clair. Ils le disent haut et fort et ne s'en cachent pas. Je ne comprends pas que le PQ, qui lui a été créé pour cela, s'en cache», poursuit-il, en invitant les Québécois à appuyer le PQ ou QS aux prochaines élections.
Le malaise ethnoculturel

La démission fracassante de Dominique Ollivier de l'exécutif national du PQ et ses propos quant au manque de représentativité ethnoculturelle ont aussi fait réfléchir Luck Mervil. «On sait qu'elle oeuvre au sein de ce parti-là depuis longtemps, qu'elle a travaillé avec André Boisclair alors qu'il était à l'Immigration. [...] Personne du parti qui est d'une origine quelconque n'a démenti ces propos-là. Je trouve cela gros. Après cela, nous demander d'être derrière eux, de les "backer", c'est dur. Cela fait réfléchir», explique M. Mervil.
Il trace un parallèle entre la difficulté de passer du discours à la pratique pour ce qui est de l'ouverture aux groupes ethnoculturels et les écarts entre le programme et la stratégie électorale au sujet de la souveraineté. «Dans la machine, il se passe des choses qui ne sont pas en accord avec les dires, dans le temps où il faut les dire pour les médias. [...] Si tu n'es pas capable de parler des réalités qui sont à la base du parti, comment je peux te croire quand tu me dis que tu es ouvert aux autres. Même ce qui fait ton essence est biaisé», poursuit le chanteur.
Il lance la pierre à la fois au PQ et aux libéraux. «Le Québec a changé; dans nos institutions, on sent une fermeture. Je ne crois pas que le Québec soit raciste, ce sont nos institutions qu'il faut changer», fait valoir M. Mervil.
Québec solidaire supporte selon lui avantageusement la comparaison. La présence de militants de diverses origines y est à ses yeux tout à fait naturelle : «Ils ne se forcent même pas pour dire "on accepte les gens qui vivent au Québec, point à la ligne"».
Le chanteur ne s'émeut guère des critiques voulant que la nouvelle formation politique nuise aux chances de réaliser la souveraineté. Il y voit plutôt la preuve que les indépendantistes peuvent épouser différents courants de pensée.
La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, deviendra demain candidate pour la prochaine élection dans la circonscription de Gouin, actuellement représentée à l'Assemblée nationale par Nicolas Girard, organisateur en chef du PQ. Ce dernier avait succédé il y a deux ans à André Boisclair comme député, remportant l'investiture péquiste de peu, devant Dominique Ollivier.
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Luck Mervil rectifie le tir
SRC 21 octobre 2006
Luck Mervil se définit avant tout comme un souverainiste, pas comme l'homme d'un parti.
« Je n'ai pas de carte du Parti québécois. Je n'ai pas de carte de Québec solidaire non plus. La cause que j'épouse, c'est la souveraineté. C'est tout », affirme le chanteur en réaction à un texte publié samedi dans le journal Le Devoir.
Dimanche, Luck Mervil doit assister à l'assemblée d'investiture de la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, dans la circonscription de Gouin. Cela ne signifie pas pour autant qu'il rallie ce parti, dit-il.
« Je suis juste un citoyen qui tient à saluer l'arrivée d'un deuxième parti souverainiste au Québec. Si un troisième parti souverainiste était créé, j'irais souligner son arrivée. »
L'an dernier, Luck Mervil a soutenu André Boisclair dans la course à la direction du Parti québécois. Dans l'entrevue accordée au quotidien montréalais, il reproche aujourd'hui au chef péquiste de ramollir son discours sur la souveraineté.
« Je suis encore persuadé qu'André Boisclair est le meilleur chef pour le PQ et qu'il a tout ce qu'il faut pour amener le parti où il doit aller, a-t-il précisé dans la journée de samedi. [Mais] je ne comprends pas que, chaque fois que les élections approchent, les politiciens ne parlent plus d'indépendance. »
Luck Mervil se défend toutefois d'avoir tourné le dos au PQ, et estime que sa présence à l'investiture de Mme David ne contribuera pas à diviser le vote souverainiste.
« Certains croient que la présence de deux partis souverainistes divisera le vote. Ces gens connaissent très mal notre système politique. Si en Chambre on a deux ou même trois partis indépendantistes qui ont ensemble la majorité des votes, ils peuvent obtenir un référendum », fait-il valoir.
Dans l'entrevue au Devoir, le chanteur constate aussi que le PQ a de la difficulté à s'ouvrir aux communautés culturelles. Samedi, il s'est toutefois gardé d'accuser uniquement le parti dirigé par M. Boisclair. « Ma critique va à l'ensemble de nos institutions et aussi à tout le milieu politique. Faites juste regarder à l'Assemblée nationale: il n'y a pas beaucoup de couleur! » a-t-il fait observer.


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