On pourrait à première vue s'exclamer: «Encore un comité!» devant la décision du ministre de l'Éducation, Jean-Marc Fournier, de créer un «comité consultatif sur l'intégration et l'accommodement raisonnable en milieu scolaire». Après les avis de la Commission des droits de la personne du Québec et les décisions des tribunaux qui ont alimenté tant de discussions, dans les chaumières comme dans les colloques, l'heure des choix politiques clairs ne serait-elle pas venue?
À bien y regarder, l'annonce d'hier démontre plutôt que le ministre Fournier est un homme sage. D'abord parce qu'il a confié la présidence du comité à Bergman Fleury, surnommé à juste titre «M. accommodement raisonnable» tant son expertise en la matière a été profitable pendant des années à la Commission scolaire de Montréal, jusqu'à sa retraite, en juin. M. Fleury possède cette précieuse capacité de savoir jumeler approches théoriques et résultats sur le terrain. À cette aune, on peut attendre du comité un rapport intelligent et utile.
Dans la même veine, on saluera la présence au comité de Marie McAndrew, à qui on doit un ouvrage de référence sur toute cette question de l'intégration en milieu scolaire, intitulé Immigration et diversité à l'école - Le débat québécois dans une perspective comparative. Signe de sa qualité, l'ouvrage avait reçu à sa sortie, en 2001, le prestigieux prix Donner, décerné chaque année au meilleur livre sur les politiques publiques au Canada.
Compte tenu de ces seules nominations, le comité s'annonce donc sous les meilleurs auspices.
Mais son intérêt, c'est aussi qu'il entend non pas imposer des décisions ex cathedra mais bien comprendre les mécanismes à l'oeuvre dans notre société, qui doit faire face à une diversité culturelle qui la confronte. S'ensuivront des solutions viables. Cela répond exactement au souhait émis l'hiver dernier par la Commission des droits de la personne au moment où elle tranchait dans l'affaire des locaux de prière à l'École de technologie supérieure.
Il faut sortir la question des tribunaux afin que le débat se fasse dans la société civile, disait la commission. Le ministère de l'Éducation a compris le message, geste d'autant plus apprécié que si les commissions scolaires gèrent depuis déjà un bon moment bien des variantes de l'«accommodement raisonnable», elles manquaient d'outils pour les guider, ainsi que du soutien du ministère sur ces questions.
Dernière bonne note, et non la moindre, le ministère a décidé d'inclure dans son questionnement les écoles hassidiques qui, au secondaire, ne donnent qu'une formation talmudique aux garçons. Le problème existe depuis des décennies mais n'a jamais été mis sur la place publique. Cette fois-ci, on veut en parler ouvertement, d'où la présence au comité du directeur général de l'Association des écoles juives.
Voilà comment on prend un problème globalement, en visant l'intégration sous toutes ses facettes plutôt que de cibler la communauté musulmane et son voile d'un côté, le repli juif de l'autre. C'est en soi un accommodement plein de bon sens...
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