Courtepointe multiculturelle

Un bébé québécois sur quatre a au moins un parent né à l'étranger

Québec - pluralité et intégration


Le tout nouveau Bilan de la situation démographique 2006 dépeint un Québec qui bat des records de longévité, qui connaît une croissance de sa natalité et dont les familles se tissent de plus en plus en courtepointes multiculturelles. Dans ce rapport annuel publié par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) -- qui comptabilise en fait les données de 2005 --, on apprend qu'un bébé québécois sur quatre a au moins un parent né à l'étranger.
En ce qui a trait aux mamans, 20 % d'entre elles sont nées à l'extérieur du Canada, une proportion qui augmente puisqu'elles ne représentaient que 16 % des mères en 2000 et 10 % en 1985. Montréal est de loin la ville québécoise qui compte le plus de mères nées à l'étranger puisque 51 % des mamans qui y résident ne sont pas nées au pays, contre 28 % à Laval. Dans près de 30 % des mariages québécois, au moins un des conjoints est né à l'extérieur du Canada.
Pour Louis Duchesne, démographe à l'ISQ, ces résultats, qui montrent que les familles québécoises sont de plus en plus composées de différents tissus culturels, reflètent parfaitement les tendances statistiques des dernières années. «Il y a de plus en plus d'immigrants au pays, et surtout cette année-là, a-t-il fait remarquer. Et, c'est bien connu, les familles immigrantes sont plus populeuses car le taux de fécondité y est plus élevé.»
Toujours selon ce même bilan démographique, l'accroissement de la population serait en légère baisse en 2005, soit 48 000 personnes contre 52 900 en 2004. Si l'accroissement naturel semble avoir connu une hausse, c'est la migration nette qui a plutôt diminué et qui a contrebalancé le résultat. Selon M. Duchesne, les données sont provisoires, mais le Québec comptait 7,6 millions d'habitants en janvier 2006. Sans pouvoir dresser un bilan global de cette année 2006 qui n'est pas tout à fait terminée, le démographe affirme qu'on peut déjà se réjouir du taux de natalité, qui serait en hausse de 6 %, selon les données des trois premiers trimestres.
Et tandis que la jeunesse se renouvelle, les Québécois vivent de plus en plus vieux, indique le rapport. On observe cette tendance lourde dans tous les pays industrialisés, voire dans les pays en développement. «Même s'il y a eu une baisse de la longévité en Russie il y a quelques années, il est rare que ce genre d'indice régresse, même dans les pays moins développés», a expliqué M. Duchesne. Au Québec, l'espérance de vie à la naissance -- l'indicateur le plus déterminant de la santé de la population d'après l'ISQ -- a progressé en 2005, atteignant 80,3 ans pour la période allant de 2003 à 2005. Sans grand changement, les femmes vivent le plus longtemps en moyenne, soit jusqu'à 82,7 ans, contre 77,3 ans pour les hommes. Il s'agit d'une nette amélioration par rapport à il y a dix ans, où l'espérance de vie des femmes ne dépassait pas les 80 ans, et celle des hommes, l'âge de 73 ans. Même si, désormais, l'écart de longévité entre les hommes et les femmes diminue, les deux sexes demeurent toujours inégaux devant la mort.
Les gais préfèrent se marier
Forts de leur victoire à la Cour d'appel de la province, qui leur permet de se marier depuis mars 2004, les couples homosexuels ont choisi le mariage huit fois plus souvent que l'union civile. En chiffres absolus, 28 unions civiles ont été célébrées en 2005, contre 452 mariages, le nombre de ceux-ci ayant plus que doublé par rapport à l'année précédente. Et, surprise, l'union civile gagne en popularité chez les couples hétérosexuels.
Le président de Gai Écoute, Laurent McCutcheon, n'est pas étonné de ces résultats. «Les couples homosexuels se marient davantage parce qu'ils ont tellement lutté pour obtenir l'égalité des droits. Ils ne se disent pas: "Il faut qu'on se marie", c'est l'idée de la reconnaissance de l'égalité qui prime», a-t-il soutenu. L'union civile et le mariage se ressemblent à plusieurs égards, sauf que l'union civile requiert l'âge minimal de 18 ans et que, pour la dissoudre dans le cas où il n'y a pas d'enfant, une entente commune devant notaire suffit. Or les couples homosexuels peuvent maintenant exercer leur libre choix.
Pour la présidente de l'Association des mères lesbiennes, Mona Greenbaum, si le mariage est le choix privilégié des couples homosexuels, c'est qu'il constitue un puissant symbole au sein de la famille. «Le symbolisme du mariage est très fort, il ne faut pas oublier que c'est le standard pour les couples», croit-elle. «Pour une femme monoparentale, cela en dit beaucoup à l'enfant si elle est mariée. Déjà, le simple fait que les enfants aient deux mamans ou deux papas leur fait voir qu'ils sont différents. Mais si leurs parents sont mariés, ils se sentent sur un pied d'égalité avec les enfants des autres familles.»
M. McCutcheon abonde dans ce sens. «Nos parents se sont mariés, nos frères et nos soeurs, nos cousins... On a toujours été élevés là-dedans au Québec. Mais on oubliait que le curé portait les deux chapeaux, celui d'officier habilité à sceller une union civile mais aussi de faire le sacrement», a-t-il noté. Cette culture du mariage se distingue de celle de la France, selon lui, où la plupart des couples se marient d'abord à la mairie et décident ensuite si un mariage religieux sera célébré. «Pour nous, il y a une confusion dans notre compréhension de la chose, ce qui fait que le mariage demeure l'institution», a-t-il poursuivi.
Les vieux déménagent moins
Beaucoup de baby-boomers semblaient attirés par les lieux champêtres et de villégiature au moment de prendre leur retraite, avait observé Chantal Girard, démographe à l'Institut de la statistique du Québec. Cette prémisse de départ l'a menée à étudier les déplacements à travers le Québec de la tranche de population des 55-65 ans sur une période de dix ans. «Je voulais savoir ce que "beaucoup" signifiait», a-t-elle expliqué. Or les migrations internes des Québécois ne sont pas légion. «La migration, c'est une affaire de plus jeunes. On dit que les jeunes entre 20 et 40 ans sont les plus susceptibles de déménager, que ce soit pour leurs études ou pour le travail. Les plus vieux déménagent essentiellement pour améliorer leurs conditions de vie», a souligné Mme Girard. «De petits déplacements de population s'effectuent entre les régions, mais pas de raz-de-marée», a-t-elle ajouté.
Toutefois, bien que la majorité des gens à l'orée de l'âge d'or ne changent ni de région ni de type de milieu, rural ou urbain, 14 % d'entre eux l'ont tout de même fait entre 1995 et 2005. Les régions urbaines perdent des résidants (2 %) au profit de la campagne (7 %). Ce sont les régions autour de Montréal et des autres grands centres qui connaissent les plus fortes migrations. Les régions rurales et les petites villes de Lanaudière et des Laurentides ont connu des gains de résidants immigrants de plus de 25 % en dix ans. Alors que des régions comme l'Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord assistent plutôt à l'émigration de leur population, la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent ont enregistré des gains de 2 % et 5 % respectivement.


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