Les vrais patriotes ne se reposent que rarement

Chronique de Jean-Pierre Durand

Jean-Claude Germain fut honoré deux fois plutôt qu’une par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. D’abord en 1977, en recevant le prix Victor-Morin (pour s’être illustré dans le domaine du théâtre), puis en 1993, comme Patriote de l’année. Sans parler de toutes les autres fois où on lui a décerné les honneurs, y compris comme Fumeur de pipe du Québec en 1990! De tout temps, Germain est un homme qui se donne pour la cause du Québec. On a eu maintes occasions de le voir et de l’entendre et jamais on ne s’en lasse, même qu’on en redemande encore, jusqu’à plus soif. Et pour cause, car l’homme est un puits de science, à la fois éloquent, captivant et époustouflant.
Dramaturge, comédien, historien (mais pas d’une histoire figée), metteur en scène, journaliste, chroniqueur, conteur et raconteur, épicier (mais c’était dans son jeune temps), directeur de théâtre, professeur, il aurait pu être l’inventeur du bouton à quatre trous que cela ne m’aurait pas étonné, bref, il y a belle lurette qu’on ne compte plus les cordes à son arc, ni les flèches qu’il décoche à nos adversaires dans un grand éclat de rire rabelaisien, qui est son arme secrète. Car, il faut le souligner à deux traits, Jean-Claude Germain est aussi un incomparable humoriste, mais dans le sens le plus noble du mot. Inutile de dire que comme conférencier, il est hors pair.
C’est le regretté Jacques Larue-Langlois qui me l’avait fait découvrir, à l’occasion d’un cours de théâtre suivi au cégep du Vieux dans les années d’après Octobre 70, alors que nous avions grandement besoin de nous payer une pinte de bon sang. Larue-Langlois nous avait donné en pâture un texte de Germain dont le titre constituait à lui seul tout un programme : Si les Sansoucis s’en soucient, ces Sansoucis-ci s’en soucieront-ils? Bien parler, c’est se respecter!
J’ai pu retrouver puis savourer la verve de Jean-Claude Germain quand j’étais à l’hôpital l’hiver dernier, en attente d’une amputation dont j’ai déjà parlé ici. Outre les textes disons plus sérieux, j’avais commandé quelques livres de Germain, parmi lesquels Nous étions le nouveau monde, Rue Fabre, centre de l’univers et Le Cœur rouge de la bohème. Ces histoires et historiettes, que j’entrecoupais d’albums de bande dessinée (Achille Talon et compagnie), valaient à elles seules la visite d’une psychologue et du prêtre que me proposait l’hôpital. Je lisais cela et je m’en tapais les cuisses… tout en haut du moignon.
Quand j’ai su à la fin de l’été qu’on organisait à Sherbrooke une soirée-bénéfice pour un camarade qui rencontrait des ennuis financiers à la suite de ses activités politiques, c’est tout naturellement que j’ai suggéré qu’on invite Jean-Claude Germain. Mes interlocuteurs attrapèrent la balle au bond et me confièrent la mission d’inviter monsieur Germain. Or, je ne suis pas le genre à vendre un frigidaire à un esquimau, mais comme je suis un tantinet orgueilleux (mon péché mignon), je n’ai pas osé leur dire la vérité, toute la vérité… je le jure.
Voici en gros de quoi il en retourne. Denis Pagé est un jeune indépendantiste de Sherbrooke qui organise et planifie toutes sortes d’actions pour promouvoir le français et la cause indépendantiste dans sa région. Nullement sectaire, il s’assure d’unir toutes les forces indépendantistes, quels que soient leur allégeance particulière, leur logo ou leur vision des choses. C’est un rassembleur. En plus de cela, il coordonne la section locale du Réseau de résistance du Québécois.
Les activités de Denis suscitent de l’intérêt et attirent du monde, que ce soit pour une manifestation, du piquetage devant un commerce qui affiche en anglais ou une conférence. Lors d’une activité en salle, quatre pelés et un tondu qui assurent une présence « anarchiste-révolutionnaire » dans la région sherbrookoise ont tenté de perturber l’événement. Il faut dire qu’ils détestent toute forme de nationalisme - nous laissant à penser qu’ils sont des Elohims perdus sur cette planète - et qu’ils rêvent d’une révolution mondiale où le capitalisme serait renversé en un tournemain au son des tam-tam et pendus tous les SS-policiers. Bref, on parle de « révolutionnaires »… qui commenceront à rembourser leur hypothèque sitôt que leur acné juvénile aura été éradiquée. Mais d’ici le grand soir, ils n’ont de cesse de faire c… Les escarmouches ont commencé le 18 février dernier, quand le quarteron de « révolutionnaires » en culottes courtes est venu pour créer du grabuge lors d’une conférence organisée par le RRQ de l’Estrie. Denis Pagé est demeuré à l’extérieur de la salle afin de dissuader les anars antinationalistes d’y entrer. Ceux-ci ont finalement levé le camp sans coup férir, mais, dans les semaines qui suivirent, ils portèrent des accusations de voies de fait contre Denis en déclarant à la police avoir reçu de sa part des menaces de se faire casser les deux jambes. Heureusement, Denis avait des témoins et, comme il dit, « de toute façon, je n’ai jamais dit ça à personne de ma vie ».
Il faut avoir rencontré à quelques occasions ce jeune homme bien qu’est Denis pour être rassuré sur sa personne. Ce n’est pas un agité du bocal, ni encore moins le genre à se comporter comme une poule pas de tête. Au contraire, il est plutôt calme et fort apprécié des gens qui le côtoient. Mais le 8 mars dernier, la police de Sherbrooke lui apprenait qu’il était en état d’arrestation, que quatre plaignants avaient déposé des accusations contre lui, pas tous le même jour, mais sur un intervalle de trois semaines. Avouez que ce sont de drôles de pistolet ces anarchistes qui utilisent la police, c’est-à-dire la « force répressive de l’État » selon leur propre expression cliché, pour s’en prendre à des indépendantistes. On est loin de la bande à Bonnot, si vous voulez mon avis, peut-être vaudrait-il mieux parler ici de la bande à Bozo, comme dans Bozo le clown.
Suite au coup de fil de la police, Denis a quelque peu paniqué. « Il faut comprendre qu’avec deux jeunes enfants, je me voyais mal perdre ma job. » Alors qu’il ne connaissait pas encore la nature exacte des accusations portées contre lui, Denis n’arrive pas à dormir et c’est aux alentours de minuit qu’il trouve un avocat dans les pages jaunes. Est-ce nécessaire d’ajouter qu’un jeune ménage comme celui de Denis ne roule d’ordinaire pas sur l’or? « À ce jour, cela m’a coûté 1000$. J’ai reçu 250$ du RRQ et 475$ d’amis indépendantistes. » Le souper-bénéfice est la suite logique pour régler les frais juridiques. Dans l’éventualité où l’organisation de soutien récolterait davantage, les sommes supplémentaires serviront à produire le livre « Le collectif indépendantiste », un projet que le RRQ de l’Estrie envisage.
Vous savez tout maintenant sur les démêlés judiciaires du citoyen Pagé.
Monsieur Germain a gentiment accepté l’invitation à y prendre la parole, ce qui est d’autant plus apprécié qu’on l’imagine toujours très occupé, notamment par son travail de rédacteur en chef à L’Aut’journal et la parution récente de nouvelles historiettes chez Hurtubise. Outre monsieur Germain, prendront la parole Serge Cardin, député du Bloc de Sherbrooke, Étienne-Alexis Boucher, député du Parti québécois de Drummond, René Boulanger, du Bureau politique du RRQ, et moi-même, pour la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (car la SSJB de Sherbrooke est, oh my God! toujours fédéraliste). Cela se passe samedi, le 2 octobre, à la salle du Conseil des Chevaliers de Colomb, située au 2615 de la rue Hertel à Sherbrooke. L’entrée est libre et la soirée commence à 19 heures (toutefois, il y aura des hot-dogs et de la bière offerts dès 17 heures pour réchauffer la place).


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2010

    Étienne-Alexis Boucher n'est pas le député du Parti québécois de Drummond. C’est plutôt Johnson.
    Brent Tyler, Montréal