SÛRETÉ DU QUÉBEC

Les portes tournantes

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Une analyse affligeante par son manque de profondeur

La Sûreté du Québec aura un nouveau patron d’ici la fin de l’année. Il sera choisi au terme d’un processus que le gouvernement Couillard qualifie de « neutre ». C’est un pas dans la bonne direction, quoique le cordon ombilical politique demeure toujours entre le patron de ce corps policier et le gouvernement.
Le premier ministre Philippe Couillard, en s’installant au pouvoir, n’a pas fait différemment de ses prédécesseurs. Dès le lendemain de l’élection du 7 avril commençait l’opération portes tournantes pour les sous-ministres et dirigeants d’organismes gouvernementaux pour mettre en place des gens de confiance partageant la vision du nouveau gouvernement aux postes clés de l’État.

Cette semaine, le couperet est ainsi tombé sur le président d’Investissement Québec, Mario Albert, nommé il y a tout juste un an par le gouvernement Marois pour y remplacer Jacques Daoust, qui est devenu entre-temps le ministre de l’Économie, et à ce titre, patron de M. Albert. Le même jour, le directeur général de la SQ, Mario Laprise, nommé lui aussi par le gouvernement Marois, s’autolimogeait pour accepter un poste à Hydro-Québec. Son départ est « volontaire », nous a dit sans rire la ministre de la Sécurité publique. Voyons donc ! Comme si M. Laprise ne savait pas depuis bien avant l’élection du gouvernement Couillard qu’il était dans la mire libérale.

La question de confiance est, convenons-en, incontournable pour des postes tels ceux-là. Dans le cas de M. Albert, il y avait certainement des divergences de vues avec M. Daoust. Dans le cas de M. Laprise, la méfiance s’était installée dès le moment où des policiers de la SQ avaient fait une visite inopinée à Philippe Couillard, alors chef de l’opposition. Des questions avaient été soulevées sur le caractère politique de certaines interventions policières. Elles étaient légitimes, ne serait-ce du fait que la nomination du patron du corps policier relève directement du politique et que, de ce fait, il y aura toujours des questions quant à de possibles « commandes politiques » faites à la police.

Le processus de sélection du prochain directeur général de la SQ renforcera son indépendance. Il s’inspire de celui du directeur général des poursuites criminelles et pénales et des juges. Cela toutefois ne vaut que pour la sélection, car le comité d’experts mis en place soumettra une liste de trois noms parmi lesquels le gouvernement fera un choix. La nomination elle-même demeure politique et le patron de la SQ continuera à être redevable de sa gestion au ministre de la Sécurité publique. À titre de contrepoids, un comité de surveillance des opérations policières devrait venir compléter le dispositif, un peu à la manière de celui qui existe pour le Service de renseignement de sécurité à Ottawa et auquel Philippe Couillard a déjà siégé.

Le premier ministre a indiqué à plusieurs reprises que le premier critère pour les nominations doit être la compétence. Si cela était durablement inscrit dans les pratiques du gouvernement, on pourrait espérer une plus grande stabilité dans les rangs des grands commis de l’État. Il en résulterait une plus grande expérience et une plus grande force de la fonction publique, qui ces trois dernières décennies a souffert des jeux politiques. Un déficit s’est creusé en ce domaine. On ne peut le négliger. Les portes tournantes lors des changements de gouvernement servent peut-être bien les intérêts partisans, mais pas ceux d’un État au service de ses citoyens.


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