Les partisans de Rabaska préparent la riposte

Des élus de Lévis veulent «sonner la fin de la récréation»

Rabaska


Les partisans du projet Rabaska passent à l'attaque. Fatigués d'entendre le point de vue des opposants au port méthanier, un regroupement d'élus en faveur du projet a concocté un plan stratégique visant à «sonner la fin de la récréation» et à «contrebalancer le discours des opposants».
Selon une ébauche de plan de communication obtenue par Le Devoir, ce regroupement, composé d'élus de la Ville de Lévis et de membres de la Conférence régionale des élus de Chaudière-Appalaches (CRE-CA), désire «mettre en oeuvre une séquence d'action cohérente soutenue pour manifester l'appui sans équivoque de la population locale et régionale» à un projet jugé «hors du commun».
La mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli -- qui est également vice-présidente de la CRE-CA --, a confirmé l'authenticité du document de travail consulté. Il s'agit d'un «compte rendu d'échanges et de discussions» qui donne «suite à une rencontre de travail à laquelle ont participé les instances politiques régionales», lit-on en introduction.
Le texte vise à «présenter un état de situation afin de convenir des actions à prendre». Et ce qu'ont constaté les gens présents, c'est que le message public des opposants au projet passe bien et «fait dévier le débat autour de considérations macroscopiques subjectives».
Des exemples? On estime que la comparaison avec le projet du Suroît est «incomplète et inappropriée», qu'on amplifie les risques liés à la sécurité, qu'on parle trop des conséquences environnementales du projet, des besoins énergétiques du Québec ou des énergies propres. On constate aussi que le «rôle de défenseurs de l'environnement» des opposants «facilite la couverture médiatique de leurs positions».
En réaction, les pro-Rabaska se proposent donc de faire des démarches auprès du gouvernement pour «confirmer la crédibilité du BAPE dans le milieu [et] ramener le débat au niveau des paramètres mesurables et mesurés du projet».
À «l'élite influente de Montréal» (on pointe les éditorialistes des quatre grands quotidiens de la métropole et la communauté d'affaires montréalaise), on veut livrer le message que la région a la «capacité de gérer [sa] destinée».
Et finalement, aux «groupes environnementalistes et leurs alliés», on veut «sonner la fin de la récréation, car leur point de vue a été entendu, [alors que de] multiples comités d'experts ont émis des opinions rationnelles favorables», lit-on.
Le compte rendu mentionne ici le GIRAM (Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu), l'AQLPA (Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique), la coalition Québec vert Kyoto, les opposants au projet de Lévis, Beaumont et l'île d'Orléans, ainsi que «les artistes» en général.
Les suites au BAPE
Selon Mme Roy Marinelli, il s'agit d'un «document qui a son importance» mais qui n'est pas final. «Nous avons convoqué une réunion pour voir quelle suite on pouvait donner au rapport du BAPE [favorable au projet de port méthanier], dit-elle. Il y a une réelle volonté des élus de manifester leur soutien au projet. Il y aura donc des suites, mais on ne sait pas quoi encore exactement.»
Le document mentionne que c'est la CRE-CA qui sera chargé «d'assumer le leadership» des actions menées. Interrogé mardi, le directeur général de l'organisme chargé de la promotion du développement régional s'est montré surpris de voir circuler le document consulté par Le Devoir.
«J'ignorais qu'un tel document circulait, a indiqué Laurent Lampron. Je n'ai pas autorisé personne à diffuser un tel document.» Il a toutefois confirmé que «des discussions ont eu lieu [au cours de] deux rencontres». Il a aussi mentionné qu'une «troisième rencontre aura lieu dans les prochaines semaines» avec différents partenaires, «membres de la communauté politique de Chaudière-Appalache, de la société civile, des représentants des milieux politique, économique, social».
Au lendemain du dépôt du rapport du BAPE, la CRE-CA a diffusé un communiqué dans lequel elle indiquait être favorable à un projet qui, selon elle, se développera dans une perspective de développement durable». La conférence soulignait aussi «que le projet contribuera positivement, en raison de ses retombées et de son potentiel structurant sur le plan régional, à l'essor économique de la région de la Chaudière-Appalaches».
Du côté de la coalition Québec vert Kyoto, qui devrait fédérer cet automne les différents groupes d'opposants, on s'étonne du langage employé dans le document. «C'est tout à fait condescendant de vouloir "sonner la fin de la récréation", estime le porte-parole Daniel Breton. C'est comme si on disait que les enfants se sont assez amusés, place maintenant aux adultes qui disent les vraies choses.»
La coalition prépare elle-même plusieurs actions pour l'automne, visant à convaincre la population «que l'ensemble du Québec perdra au change alors que quelques personnes vont sortir gagnantes de ce projet», selon M. Breton.
L'objectif avoué est de rassembler autour de Rabaska une opposition semblable à celle qu'avait eue le projet Suroît, de manière à forcer la main au gouvernement minoritaire en place pour qu'il bloque le projet.


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