Les excuses d’Oka

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Le retour des « peacekeepers » serait un désastre sécuritaire


Au fond, le grand chef Serge Simon de Kanesatake et le maire d’Oka Pascal Quevillon s’entendent.


Ah, je sais, ils ne se sont même pas assis à la même table hier, comme cela avait été voulu et prévu par la ministre des Affaires autochtones du Québec, Sylvie D’Amours, et des représentants du fédéral. C’est – encore une fois – raté pour la réconciliation.


Le chef Simon avait posé une condition pour avoir des pourparlers avec Quevillon : que ce dernier offre des excuses formelles pour les propos prétendument « racistes » qu’il aurait tenus plus tôt ce mois-ci au sujet d’une possible prochaine rétrocession des terres aux Mohawks.


« Cabanes à pot »


Certaines des déclarations du maire étaient peut-être crues. Racistes ? En fait, sur plusieurs points, je le répète : Simon et Quevillon s’entendent ! On n’avait qu’à lire l’entrevue accordée au Devoir par le chef mohawk, mardi.


Sur la prolifération des « cabanes à pot », ces échoppes où sont vendus des cigarettes et du cannabis, le chef Simon déclare : « C’est sûr que ça m’inquiète comme chef, je vois dégénérer la situation. »


Il admet qu’un moratoire, établi en 2009, sur les points de vente de cigarettes et de pot aurait été violé une vingtaine de fois : « La façon dont ces gars opèrent actuellement m’inquiète. Ils prennent des terrains, coupent les arbres et répandent leurs magasins. »


Quant aux cabanes installées à proximité d’une garderie, d’une école primaire et même du centre de désintoxication de Kanesatake ? « Ça, ça m’écœure », pestait le chef Simon. Toujours en entrevue au Devoir, il soupçonnait même ouvertement les revendeurs de vendre le produit de l’agriculture illégale.


Zone de non-droit


En somme, Quevillon craint que les problèmes des cabanes – que reconnaît Simon – ne prennent de l’ampleur une fois que de nombreux hectares de terres seront remis aux Mohawks. Est-ce vraiment « raciste » ?


Surtout que le chef Simon admet une autre chose troublante : Kanesatake est un territoire de non-droit. En théorie, c’est la Sûreté du Québec qui y maintient l’ordre. D’ailleurs, que répond la SQ lorsqu’elle est questionnée sur la prolifération des cabanes à pot aujourd’hui ? La situation serait « hypothétique ».


Les cagoulés


On sourit, mais ce n’est pas drôle ; comme lorsque la SQ dit ne pas vouloir « s’immiscer dans le débat actuel ». Cette police est évidemment traumatisée par les événements de 1990, la mort du caporal Marcel Lemay.


Nulle surprise que le chef Simon réclame le retour d’un corps de police autochtone sur la réserve. Mais on sait comment la dernière tentative du genre a fini. En 2004, avec ses peacekeepers, le chef de l’époque James Gabriel avait voulu rétablir l’ordre.


Les « cagoulés » (comme les appelait l’animatrice de radio Myra Cree, une autochtone vivant à Kanesatake) ont immédiatement répliqué : la maison de Gabriel a été incendiée, les policiers ont été séquestrés pendant des heures ! Gabriel a dû s’exiler : d’abord à Laval et ensuite en Ontario. Lui a-t-on déjà offert des excuses à lui ?