2022 dans l’œil de Jérôme Blanchet-Gravel

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Un bilan décapant : sanitarisme, crise migratoire, contrôle social numérique, liberté d'expression

Voici les grands éléments marquants et structurants de 2022 pour notre rédacteur en chef Jérôme Blanchet-Gravel.


L’année du grand déni québécois


2022 aura sans aucun doute été l’année du grand déni, de la grande amnésie au Québec.


Après deux ans de mesures sanitaires pour la plupart abusives, liberticides et antisociales, la réélection de la Coalition Avenir Québec en octobre dernier a de quoi décourager les Québécois préoccupés par la baisse de vitalité de leur société.


Après une campagne électorale désastreuse, la victoire de François Legault conforte l’idée d’un État québécois d’abord consacré à la gestion de la vie quotidienne, d’un Québec où des phénomènes météorologiques «violents» et la fermeture de tunnels font régulièrement la une. 


Jamais l’idéal sécuritaire n’a été aussi fort au Québec que depuis la pandémie de Covid-19. Jamais le Québec n’a souffert d’un déclin aussi manifeste de la vie sociale et familiale, les gens se vautrant dans un petit confort individuel hostile aux autres. 


Ce déclin se traduit notamment par l’intolérance grandissante envers toute forme d’agitation dans l’espace public venant perturber la tranquillité des citoyens réglomaniaques. 


Mourir dans la sécurité: tel semble être le nouveau projet de société au Québec.


L’année de l’aggravation de la crise migratoire


En 2022, le nombre de migrants en direction des États-Unis a atteint plusieurs records. La majorité d'entre eux proviennent d’Amérique centrale et de pays en ruines comme Haïti.


Entre octobre 2021 et août 2022, les autorités américaines ont stoppé 2,1 millions de personnes à la frontière des États-Unis avec le Mexique. Du jamais vu.


Selon l’ambassadeur américain au Mexique, Ken Salazar, la crise migratoire est devenue l’un des «thèmes les plus difficiles» pour Washington et Mexico dans leur relation bilatérale.


«Nous n’avions jamais vu dans l’histoire des États-Unis ce que nous sommes en train de voir en ce moment, comment ces foules arrivent à la frontière du Mexique et des États-Unis», a déclaré l’ambassadeur à la revue Expansión, le 14 septembre dernier.


Le Québec devrait s’intéresser davantage aux causes profondes de la migration sur son continent au lieu de simplement déplorer l’arrivée de migrants au chemin Roxham, des milliers de kilomètres après leur point de départ.


L’année de la fin de la fin de l’histoire


Fin février 2022, l’offensive russe en Ukraine est venue confirmer que la fin de l’histoire prophétisée par le philosophe Francis Fukuyama n’était pas advenue.


Après la chute du mur de Berlin, ce dernier avait cru à la victoire définitive du libéralisme dans le monde et à l’avènement d’un ordre international beaucoup plus pacifique.


La guerre en Ukraine rappelle à l’Occident que les États-Unis ne sont plus les maîtres du monde et que leur autorité morale est de moins en moins considérée, car surtout fondée sur la force.


Tournant important, 2022 a aussi vu l'influence des États-Unis décroître de manière considérable en Amérique latine. 


La Chine totalitaire se réjouit de la neutralité ou du timide appui à l'Ukraine de plusieurs pays dans le monde comme l'Inde et le Mexique, elle qui rêve de récupérer Taïwan.


Un monde unipolaire marqué par l’hégémonie américaine est en train de céder sa place à un monde multipolaire où les BRICS joueront un rôle clé. 


La guerre en Ukraine, c’est le rappel brutal que le tragique et l’Autre existent encore et que la violence peut encore éclater partout, ou presque, même en Europe.


L’année des manifestants chinois et iraniens


Ces derniers mois, quelle belle surprise que d’avoir pu assister de loin à ces manifestations historiques en Chine et en Iran. Un nombre grandissant de Chinois et d’Iraniens veulent s’affranchir de l’autoritarisme qui les étouffe.


Selon certains observateurs, les manifestations en Chine sont en partie orchestrées par Pékin pour adoucir son image d’État totalitaire à l’international. Dans le cas de l’Iran, certains soulignent que la police des mœurs n’a jamais vraiment été abolie, contrairement à la politique zéro-covid en Chine.


Des nuances sont nécessaires, mais force est de constater que les régimes de Pékin et Téhéran sortent ébranlés de ces manifestations, ce qui est un signal positif pour la liberté dans le monde, pour ne pas dire pour la «libârté» dont on s’est tant moquée au Québec. 


Pendant que l’Occident s’endort, l’Orient se réveille?


L’année de la «sobriété énergétique» 


Mais au même moment, 2022, c’est aussi l’année où la tentation totalitaire de l’écologisme radical se sera fait beaucoup plus ressentir que les années précédentes. 


Grâce à la pandémie de Covid-19, le sanitarisme a préparé le terrain à une société de rationnement et de contrôle social où le caractère limité des ressources naturelles imposerait l’instauration d’un nouveau régime politique.   


Comme en Chine, l’infrastructure numérique pourrait permettre aux pays occidentaux de mettre en place une série de contrôles imposant aux citoyens d’adopter le comportement exemplaire vanté par leurs gouvernements. 


Je rappelle que sous sa forme néo-religieuse, l’écologisme ne sert pas seulement à préserver l’environnement, mais à donner un sens à la vie des gens: c’est pourquoi il s’impose si facilement dans des sociétés occidentales comme le Québec marquées par un grand vide existentiel.


L’année de Musk et de la résistance au wokisme


L’achat par Elon Musk de Twitter est l’une des meilleures nouvelles des dernières années pour la liberté d’expression et pour la liberté tout court.


Promoteur du transhumanisme, figure imparfaite et parfois contradictoire – il viendrait de suspendre le compte de journalistes qui l’auraient critiqué –, Musk reste un homme brillant et surtout puissant pouvant contribuer à inverser la tendance actuelle qui est à la censure.


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Son opposition au wokisme est bien connue, ce qui explique le traitement médiatique qui lui est réservé depuis sa prise de contrôle de Twitter. En quelques jours, il a perdu son titre d'homme le plus riche du monde (selon Forbes), est devenu un mauvais gestionnaire en plus d'un promoteur des discours haineux, et a même été accusé de misogynie car moins d'hommes auraient été licenciés de la boîte californienne.


Sn arrivée à la tête de ce géant numérique vise à rétablir l’équilibre entre la «gauche» et la «droite» en permettant aux deux camps, sur cette plateforme, de combattre à armes égales.


La bataille pour la liberté d’expression n’est pas encore perdue.