Le deuxième mandat d’un gouvernement est souvent pénible.
On est confortablement installé au pouvoir, on a moins faim, on a moins d’énergie.
Sournoisement, sans trop vous en apercevoir, vous devenez cynique et arrogant, vous devenez votre propre ennemi.
Coups
C’est exactement ce qui arrive au gouvernement Legault.
Plusieurs ont noté l’empressement avec lequel les caquistes répondent aux chroniqueurs dont l’opinion déplaît.
Ce n’est pourtant pas comme s’il n’y avait pas plus urgent, ou comme si le gouvernement Legault n’était pas entouré d’adversaires autrement plus redoutables.
Des associations musulmanes contesteront devant les tribunaux l’interdiction des locaux de prière dans les écoles publiques du Québec.
Le gouvernement fédéral, lui, multiplie le nombre de salles de prière dans ses édifices. Le fossé se creuse.
Le Conseil national des musulmans canadiens est venu proposer l’introduction dans la loi C-18 d’un soi-disant code d’éthique encadrant les organes de presse diffusant du contenu prétendument haineux.
Il visait surtout le journal que vous lisez présentement.
Invité à commenter ce projet de doter le Canada d’une population de 100 millions en 2100, le ministre fédéral de l’Immigration répond que ce n’est pas la politique de son gouvernement.
Le PLC et le NPD ont pourtant voté contre une motion du Bloc pour s’en dissocier formellement, et les objectifs fédéraux pour les prochaines années nous y conduisent de toute façon.
Un étudiant étranger veut venir dans une université canadienne ? Ottawa rejette 20 % des candidatures anglophones, mais 50 % des candidatures francophones.
Une avocate demande pour son client saoudien un visa canadien. On lui répond : « [...] veuillez gentiment nous envoyer votre requête en anglais afin que nous puissions vous aider. »
- Écoutez la chronique de Joseph Facal, chroniqueur au Journal de Montréal & au Journal de Québec au micro de Richard Martineau via QUB radio :
Et je n’ai pas besoin de vous reparler des contestations juridiques en cours des lois québécoises sur la langue et la laïcité.
Bref, alors que l’étau se resserre, que les coups pleuvent, le gouvernement caquiste est apathique, indifférent, résigné, quand il ne donne pas lui-même des coups de canifs dans sa propre chaloupe.
Il annonce une consultation sur le nombre d’immigrants permanents sans tenir compte du vrai enjeu : une immigration temporaire incontrôlée... et qui deviendra souvent permanente.
Il décide que les étudiants autochtones seront exemptés de l’obligation de réussir un test de français pour obtenir leur diplôme collégial si, entre autres conditions, ils ont fréquenté un collège anglophone.
La justification ? Leurs droits ancestraux. La vraie raison : leur faible maîtrise du français, quand elle n’est pas carrément inexistante.
Voyez l’ironie : les droits ancestraux des Autochtones justifient une exemption pour ceux qui parlent principalement... la langue du colonisateur.
Silence
L’an dernier à pareille date, François Legault parlait de notre « louisianisation » si le Québec n’obtenait pas de nouveaux pouvoirs en immigration, si celle-ci n’était pas ralentie, s’il n’y avait pas un sursaut.
Il s’est fait envoyer promener par Trudeau. Silence radio depuis. L’urgence est disparue.
Notre confiance, elle, fond aussi.
Ne cherchez pas plus loin les causes de la remontée du PQ.