Les dérives de Pauline

La transmission de notre histoire en français, c’est du nationalisme tellement élémentaire qu’on se demande si Pauline Marois n’a pas perdu tous ses points de repère.

Tribune libre 2008


Décidément, Pauline Marois a perdu le Nord. Elle ne sait plus quel parti
elle dirige. Rendre tous les Québécois bilingues, enseigner la géographie
et l’histoire en anglais en 5e année : elle déraille complètement! De
grâce, que quelqu’un la retienne : elle est en train de couler le PQ plus
qu’André Boisclair ne l’a fait.
Pauline Marois sait-elle que le bilinguisme pour tous était le mot d’ordre
des Franco-Américains dans les années 1920 et 1930? Et qu’est-ce que cela a
donné? Qu’à peu près plus personne aujourd’hui ne parle français en
Nouvelle-Angleterre.
Le bilinguisme à tous crins, c’est aussi ce dont se sont gargarisés les
francophones des autres provinces depuis belle lurette. Et à quoi cela
a-t-il abouti encore? À une assimilation galopante. Est-ce le genre de
graine que Pauline Marois veut semer au Québec?
Comme l’a dit si bien Caroline Moreno sur Vigile hier, « le vrai défi est
de faire du Québec un pays où tout le monde aurait pour langue commune le
français et ce, avant qu’il ne soit trop tard ». Le bilinguisme de Pauline
Marois, ce n’est qu’un brouillage de cartes. C’est passer à côté de la
question. C’est fuir ses responsabilités.
Quant à l’enseignement de l’histoire et de la géographie en anglais en 5e
année, c’est tout à fait dément. S’il y a une matière sensible et sacrée au
Québec, c’est bien l’histoire. L’enseigner en anglais à des jeunes du
primaire, c’est la teinter d’une saveur de défaite pour les francophones,
c’est dire à la jeune génération que les Québécois ont lutté pour leur
langue pendant 250 ans, mais que cela n’a servi à rien puisque même leur
histoire ne leur est plus enseignée en français. La transmission de notre
histoire en français, c’est du nationalisme tellement élémentaire qu’on se
demande si Pauline Marois n’a pas perdu tous ses points de repère.
Si Howard Galganov ou Bill Johnson étaient devenus les conseillers de
Pauline Marois, ils n’auraient pas pu lui donner de meilleurs conseils que
ceux-là. Le problème est que Galganov et Johnson n’ont pas leur carte du PQ
et sont plutôt voués à sa perte ! Qu’en conclure ?
Moi qui avais recommencé à croire un peu au PQ avec le projet de loi sur
l’identité, je redeviens très dubitatif. Le Parti Indépendantiste me tente
de plus en plus, même si la perspective de repartir à zéro ne me réjouit
guère. Le « beau risque » m’avait fait quitter le PQ, comme des milliers
d’autres ; le coup avait porté. Les « dérives de Pauline » nous ramènent au
même point. Avec le même résultat ? Je l’espère.
Claude Richard

Repentigny
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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2008

    Vous avez totalement raison de vous insurger contre les déclarations récentes de Pauline Marois. Mon épouse est anglophone et originaire de l'Ontario. Nous avons eu deux enfants qui ont fréquenté des écoles francophones et, bien que vivant dans un environnement francophone, ils ont appris l'anglais à l'école (à la maison, ma femme n'a jamais utilisé une autre langue que le français). Quand nous allions visiter la famille (assez nombreuse) en Ontario, aucun de mes neveux et nièces ne s'adressait à leurs cousins en français. C'étaient nous quatre qui devions parler anglais. Et quand ils nous visitaient au Québec, personne ne songeait à utiliser un peu de français, estimant que peu importe l'endroit (un resto Saint-Hubert, par exemple), ils pourraient être servis en "angliche"... et, de fait, ils l'étaient. Et nous leur parlions toujours en anglais. Mais voilà que nous ne serions pas suffisamment bilingues au goût de Pauline Marois ? Le bilinguisme pour un peuple est l'antichambre de l'assimilation. Quand tout le monde sera bilingue, quelqu'un se lèvera dans la salle et demandera s'il est si nécessaire que cela d'apprendre deux langues quand tout le reste du continent nord-américain n'en utilise qu'une seule. Devinez alors quelle langue on larguera. Madame Marois n'est pas digne de représenter les indépendantistes... oui, j'en ai bien peur, comme le dit monsieur Richard, elle a perdu le nord... et notre confiance à jamais !

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2008

    J'ose espérer que des gens sensés à l'intérieur du mouvement souverainiste québécois vont se prononcer sur ce dérapage de Pauline Marois.
    Je commence à penser qu'elle en a fumer du fort! Pour cela, elle a du faire un méchant badrip!
    S.O.S. Parizeau, ça presse!

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2008

    Nous ne repartons pas à zéro mais sur d'autres bases !
    C. Moreno