Les cousins d'Europe

France - élection présidentielle 2007

Les 34000 Français de Montréal - presque trois fois plus qu'en 2002 - qui se sont inscrits afin d'exercer leur droit de vote lors de l'élection présidentielle des 22 avril et 6 mai sont probablement très familiers avec les thèmes, les courants et l'ambiance de la campagne électorale qu'ils suivent d'ici. Elle ressemble en effet étrangement à celle qui vient de mener à l'élection d'un gouvernement libéral minoritaire à Québec.
Tout y est. Y compris l'irruption d'un troisième joueur, un provincial et fils de paysan, qui se fait fort de ne pas coller à la politique traditionnelle dictée par une métropole élitiste, de représenter le «vrai monde» et de refuser les vieux clivages! Il s'agit de François Bayrou, logé au centre. Sa popularité plafonne autour de 20 % dans les sondages, mais, quoi qu'il arrive à l'Élysée, son poids va se manifester lors des élections législatives qui suivront, en juin.
«Le citoyen de base, si souvent oublié, voire méprisé, par les décideurs et les médias, tient aujourd'hui la vedette d'un film qui pourrait s'intituler L'Homme de la rue, ce héros», écrit le quotidien Le Monde sous le titre : La présidentielle des gens ordinaires. Car Bayrou n'est pas seul à vouloir se mettre au diapason du «vrai monde». À droite, Nicolas Sarkozy se présente comme «un homme comme les autres». À gauche, Ségolène Royal parle de «la France présidente» - le peuple au pouvoir, en somme, aussi cliché que cela puisse être. Entre Québec et Paris, on trouvera d'autres similitudes.
Si on ne parle pas d'accommodements raisonnables, on planche en France sur le thème : immigration et identité nationale ce qui est une autre façon de dire les choses. Se manifeste un ras-le-bol de l'immobilisme ainsi que du gouvernement par la rue, cette «machine à dire non», entend-on. On parle de dette publique et de vieillissement de la population. Enfin, les vapeurs du dernier référendum constitutionnel (ayant porté, comme on le sait, sur une sorte de souveraineté-association européenne et soldée par un Non!) flottent encore dans l'air
Quoi qu'il en soit, l'élection soulève un fort intérêt, dont témoigne le fait que, comme c'est le cas à Montréal, beaucoup plus de Français (940000) vivant un peu partout à l'étranger se sont inscrits par rapport à 2002 - ils avaient alors voté Jacques Chirac et presque totalement ignoré Jean-Marie Le Pen. Bref, les machines électorales s'en occupent.
Des représentants des trois principaux candidats sont venus faire campagne à Montréal, le dernier débarqué étant le sénateur Joseph-François Kergueris, qui milite pour Bayrou. Il constate lui aussi que les humeurs populaires se ressemblent des deux côtés de l'Atlantique. En France, illustre-t-il, «la province est en train d'affirmer fortement son identité face aux 5e, 6e, 7e et 8e arrondissements de Paris», ces quelques kilomètres carrés où, traditionnellement, tout se décide. Il en conclut qu'«on ne peut plus traiter aujourd'hui les citoyens comme il y a 30 ans».
Reste à voir si, en pratique, la présidentielle française donnera quelque suite à cette proposition.
mroy@lapresse.ca


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