Le vrai Sarkozy?

France - élection présidentielle 2007

Paris - «J'ai peur», lance un élu socialiste en parlant du candidat de droite, Nicolas Sarkozy, qui est toujours en tête des sondages à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle française.
Pourquoi? «Je persiste à penser que c'est quelqu'un d'une grande instabilité. Il n'est pas aussi serein, responsable et équilibré qu'il cherche à le faire croire», souligne le politicien, qui voit en M. Sarkozy un homme «d'affrontement».
Son discours trouve écho auprès de plusieurs partisans de la gauche ou de l'extrême-gauche qui disent avoir peur de la direction que prendra le pays sous la gouverne de l'ancien ministre de l'Intérieur, advenant son élection à la tête de l'État.
Depuis quelques jours, ce discours au ton alarmiste est alimenté par une série de reportages cinglants à l'égard du politicien.

L'hebdomadaire Marianne a publié en début de semaine un dossier de douze pages consacré au «vrai Sarkozy» qui est censé dire «ce que les grands médias n'osent pas ou ne veulent pas dévoiler».
L'auteur du papier, Jean-François Kahn, qui chapeaute la revue, y décrit le candidat comme un politicien totalement imbu de lui-même, imperméable à toute considération humaniste, ne tolérant aucun reproche.
«Ce que même la gauche étouffe... c'est ce constat indicible: cet homme, quelque part, est fou! Et aussi fragile. Et la nature même de sa folie est de celle qui servit de carburant, dans le passé, à bien des apprentis dictateurs», écrit M. Kahn, qui s'inquiète de voir les pouvoirs policier, militaire, exécutif et législatif se retrouver «entre les mêmes mains» à la suite de l'élection.
Le journaliste, partisan déclaré du candidat centriste François Bayrou, s'est félicité cette semaine de la popularité de ce numéro. «C'est inouï. Les gens nous disent: "Enfin, quelqu'un le dit!" Non moins de 300 000 copies ont été vendues en 48 heures et un second tirage de 60 000 copies a été demandé.»
L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo vient de sortir pour sa part un numéro spécial de 16 pages consacré au candidat dont le thème est «Votez peur!»
Le journal Libération, après avoir publié la semaine dernière un mini-dossier dans lequel le candidat de l'UMP était décrit comme «un réactionnaire» en raison de ses déclarations controversées sur le rôle des gènes dans le comportement humain, faisait sa une en début de semaine sur «l'inquiétant Monsieur Sarkozy».
Le Parisien, quotidien populaire à grand tirage de la capitale, relève pour sa part que les affiches électorales de Nicolas Sarkozy sont systématiquement déchirées ou transformées, notamment pour le représenter, avec l'ajout d'une moustache, comme Adolf Hitler.
Les candidats des autres partis haussent aussi le ton à l'approche du premier tour. La socialiste Ségolène Royal parle notamment du risque de «guerre civile» en cas de victoire de Nicolas Sarkozy.
Le principal intéressé estime que la multiplication des attaques témoigne de la frustration de ses opposants politiques.
«Épuisés par le premier tour, voilà que mes adversaires n'ont rien d'autre à dire que m'attaquer. Des idées sur le chômage, ils n'en ont pas, sur l'immigration, ils n'en ont pas plus, sur l'Europe, ils les ont oubliées. Leur seule idée? Faire barrage à Nicolas Sarkozy tellement ils sont persuadés que je serai au second tour», a-t-il souligné.
Simone Veil, figure historique française qui soutient Nicolas Sarkozy, a déploré mercredi que le politicien «soit victime de la mauvaise foi et de l'intolérance», disant avoir été choquée par la teneur du "courrier ignoble" reçu à la suite de son ralliement.
Dans une lettre ouverte parue hier, l'économiste André Grjebine pressse pour sa part l'électorat français de se concentrer, en prévision du vote, sur le programme des candidats plutôt que sur leur personnalité, dénonçant au passage la "diabolisation" de Nicolas Sarkozy.
"Sans forcément partager toutes les positions du candidat de l'UMP, on peut néanmoins souhaiter qu'avant de voter les Français sachent s'abstraire de ce déferlement de haine pour s'interroger sur les projets et les comportements des uns et des autres", écrit-il.


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