Le smart

En fin de compte, c'est peut-être simplement l'arrogance caractéristique d'une fin de régime qui explique le comportement de M. Fournier. Heureusement, il existe un excellent remède à cela.

PLQ - le pouvoir de l'argent - les petits démagogues


Depuis qu'il est redevenu leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier n'a que le mot «respect» à la bouche. De l'avis général, la dernière session n'a pas été très édifiante et il se veut résolu à redonner un peu de dignité aux débats parlementaires.
M. Fournier semble malheureusement confondre respect et politesse. Il est peut-être un homme poli, dans la mesure où il n'injurie personne, mais le respect consiste aussi à témoigner de la considération pour les autres. Or le nouveau député de Saint-Laurent se moque carrément du monde.
Il avait démontré, durant la période de «cohabitation» consécutive aux élections du printemps 2007, qu'il pouvait être conciliant au besoin. Ce n'est manifestement pas le mandat qu'il a reçu cette fois-ci. Depuis le début de la semaine, il ne manque aucune occasion de «faire son smart» à l'Assemblée nationale. Sa mauvaise foi est tellement criante qu'on en arrive presque à regretter Jacques Dupuis. C'est tout dire.
Ce n'est évidemment pas d'hier que les gouvernements tentent d'esquiver les questions de l'opposition. M. Fournier, lui, a décrété que ses collègues ne répondront tout simplement plus à celles qui seront considérées comme des allégations. Aussi bien annuler carrément la période de questions.
Assis à ses côtés, le premier ministre Charest semble avoir le plus grand mal à ne pas éclater de rire en le voyant verser des larmes de crocodile sur la détérioration du climat à l'Assemblée nationale depuis son départ en 2008.
Outre la considération qu'il convient d'avoir pour les autres, on parlait jadis du «respect humain», une sorte de réflexe d'inhibition qui avait pour effet de prévenir certains comportements qui auraient été jugés répréhensibles par autrui. M. Fournier en semble étonnamment dépourvu.
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Toute personne sachant le moindrement lire a été en mesure de constater la contradiction flagrante entre ce que M. Charest avait déclaré à l'Assemblée nationale, les 22 et 23 octobre 2003, et l'aveu de son ancien conseiller, Denis Roy, qui a reconnu être intervenu auprès du procureur général, en l'occurrence Marc Bellemare, lors du procès des Hell's Angels. M. Fournier est apparemment le seul à ne pas la voir.
Hier, ce fin finaud a prétendu que le règlement de l'Assemblée nationale interdisait aux membres du gouvernement de répondre à toute question sur la commission Bastarache, qu'il a assimilée à un organisme quasi judiciaire. Les mots lui manquaient presque pour exprimer la peine qu'il éprouvait à l'idée de désappointer l'opposition, qu'il a tenu à assurer de son amitié. C'était à la limite de l'insupportable.
Pourtant, en 1999, Jean Charest, alors chef de l'opposition, ne s'était pas gêné pour commenter abondamment les travaux de la commission Moisan, que le gouvernement Bouchard avait chargée d'enquêter sur la fuite au ministère du Revenu qui avait fait en sorte que des informations confidentielles concernant le député bloquiste Ghislain Lebel, considéré comme un mouton noir, s'étaient retrouvées mystérieusement au bureau du premier ministre.
Dans une sortie d'une rare virulence, M. Charest avait comparé M. Bouchard à l'ancien président américain Richard Nixon, «qui jouait aussi dans les rapports d'impôt de ses adversaires politiques». M. Fournier n'y avait vu aucune objection.
Tout le monde au Québec commente les travaux de la commission Bastarache, à commencer par le premier ministre, mais il serait interdit d'en parler à l'Assemblée nationale? Allons donc! Pensez-vous un seul instant qu'on aurait pu interdire aux députés à la Chambre des Communes de discuter du scandale des commandites sous prétexte que la commission Gomery n'avait pas encore terminé ses travaux?
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D'ailleurs, ce qu'on a entendu à la commission Bastarache depuis deux jours déborde largement du mandat qui a lui a été donné. Ce ne sont plus seulement les postes de juge qu'on distribuait aux membres de la «famille libérale». À entendre le témoignage de Charles Rondeau, qui avait un accès totalement inconvenant au bureau du premier ministre, c'est tout l'appareil d'État qui a été transformé en vaste assiette au beurre. Si c'était déjà le cas en 2003, à peine six mois après l'élection du PLQ, on peut facilement imaginer ce qu'il en est sept ans plus tard.
Alors qu'il était encore un tout jeune député d'opposition, en 1995, Jean-Marc Fournier avait fait tout un plat avec les quelques malheureux contrats de recherche que Richard Le Hir avait accordés sans appel d'offres dans le cadre de ses célèbres études. Qu'est-ce que cela aurait été s'il avait fallu qu'il tombe sur un «Charlie» Rondeau péquiste?
En fin de compte, c'est peut-être simplement l'arrogance caractéristique d'une fin de régime qui explique le comportement de M. Fournier. Heureusement, il existe un excellent remède à cela.


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