Le rouleau compresseur de l'équivoque

le rouleau compresseur de l'équivoque, en marge de la conférence péquiste du 19 juin, fonctionne actuellement à plein régime.

PQ - XVIe congrès avril 2011


Comme je l'avais prévu il y a quelques jours, le rouleau compresseur de l'équivoque, en marge de la conférence péquiste du 19 juin, fonctionne actuellement à plein régime.

À tel point que, même Jacques Parizeau, promoteur entre tous d'un indépendantisme décomplexé mais rigoureusement étayé, voit son propos dissident s'évanouir dans le brouillard produit par cet objet fumigène qu'est le néo-souverainisme péquiste.

La boucane s'éclaircira peut-être dans quelque temps mais, d'ici là, cette proposition de nationalisme provincial qui laisse planer le spectre de la " souveraineté complète " sans s'y engager, ni la définir ne serait-ce que sommairement, provoque l'effet prévu : Pour peu qu'on s'éloigne le moindrement des faits, on peut, à partir du discours péquiste, s'imaginer toutes sortes de choses.

Les néo-souverainistes ne m'en voudront pas de les prendre ici à partie, eux qui n'hésitent pas à taxer les uns et les autres de référendistes, jusqu'au-boutistes, purs et durs, illuminés du Grand Soir, et autres politesses, au gré de ce qui devient un festival de raisonnements circulaires et de rationalisations.

En effet, je ne peux que constater que les tenants de cette doctrine ne s'embarrassent pas de choses futiles comme l'histoire, la logique, et un sain recul par rapport à la partisanerie.

On nous parle d'une mobilisation " souverainiste " pendant l'exercice du pouvoir, ce qui est un voeu pieux, dont je salue tout de même le caractère idéaliste, mais qu'il est bien difficile d'appuyer sur un précédent convaincant. Sauf peut-être en début de mandat, nos gouvernements, y compris les péquistes, ne mobilisent jamais aussi bien que contre eux ! Il en va de la nature même de notre système : les formations politiques présentent leurs idées et font des adeptes avant de se faire élire, puis, justement si elles ont mobilisé suffisamment, sont élues et gouvernent, dans un processus au fil duquel elles perdent inéluctablement leur capacité de rassembler.

On nous dit aussi qu'il s'agit de ne pas faire de stratégie ouverte, comme s'il n'y avait pas un monde de différence entre programme et stratégie. L'essence même d'un parti politique, son idée maîtresse, n'est pas un hochet qu'on rentre ou sort du garde-robe au gré des stratégies. Quand on constate que le PQ ne s'engage pas à réaliser l'indépendance, et qu'on pense que cela n'est pas une bonne idée, on ne réclame absolument pas de " stratégie ouverte " pour autant. Ce ne sont pas des considérations d'ordre stratégique.

On ne peut pas cacher stratégiquement le coeur d'un programme politique. On peut, par contre, s'engager à quelque chose, sans dire exactement quels seront les moyens empruntés. D'ailleurs, c'est ce que fait Mme Marois à l'égard des réaménagements du cadre actuel qu'elle propose. Mais ne pas s'engager, ou s'engager à autre chose, c'est un choix de programme ou de plateforme, et non une stricte affaire de nuance stratégique.

Dans le cas qui nous occupe, le PQ ne se donne tout simplement pas d'objectif indépendantiste. Tout au plus laisse-t-il entendre qu'il poserait des gestes de nature à favoriser la " souveraineté complète ", selon une démarche dont une analyse objective permet de dire tout à fait légitimement qu'elle pourrait retarder l'indépendance, ce qui revient à risquer de la compromettre de façon plus définitive.




Nic Payne

Montréal





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2010

    Si je lis bien l'auteur, son questionnement est d'ordre politique : «Dans le cas qui nous occupe, le PQ ne se donne tout simplement pas d’objectif indépendantiste.» On lui répond, MM. Pomerleau et Haché par des considérations d'ordre stratégiques qui ne sont pas sans intérêt mais à coté de la plaque. Faudrait-il délaisser la politique et la laisser au seul cerveau de Pauline Marois ? Ce serait bêtement retourner dans une autre époque. Mais, va savoir, nous sommes peut-être mûrs de nouveau pour le leadership de jadis, acclamé comme «clairvoyant» mais opaque quant à ses intentions déclarées. À vouloir sauter si vite dans ce qu'on nous présente comme un train en marche, bien des indépendantistes risquent encore une fois de déchanter sans savoir dans quel virage ils se sont fait larguer...
    À une autre époque, pour gagner du temps, Pierre Bourgault avait sacrifié l'objectif politique de son organisation pour la fondre dans une autre avec le résultat que l'on sait. Depuis, les indépendantistes refusent globalement de s'assumer politiquement et la tradition de refuser de se donner des objectifs politiques clairs semble se poursuivre avec beaucoup de ferveur militante. Pour renoncer à la politique avec un certain lustre on invoque même, joli prétexte, la nécessité de cacher sa stratégie aux fédéralistes. Ouf !
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2010

    Nic Payne
    Les deux défaites référendaires de 80 et 95 sont toujours dans le paysage politique.
    C’est le P.Q. actuel—le P.Q.-Marois très justement-- qui doit les assumer maintenant devant l’électorat. Ce n’est pas le cas du Bloc dit le bienheureux.
    Messieurs Parizeau, Landry et Duceppe, tous méritants, ont porté l’idée souverainiste avec une stratégie qui n’a pas fonctionné. Qu’espérez-vous, Nic Payne ? Que le P.Q. persévère dans une stratégie qui, de René Lévesque à Bernard Landry, n’a pas donné le fruit espéré ?
    Le gouvernement libéral actuel est encore en début de mandat. Et pourtant, il est déjà usé. Pourquoi pensez-vous que les libéraux s’écroulent à ce point, de jour en jour ? Je vous suggère une réponse : parce qu’il y a une opposition qui ne se comporte plus en perron de porte. À cet égard, le mérite de Mme Marois n’est pas assez reconnu.
    Évidemment, il n’y a pas que Mme Marois et son équipe. La mouvance indépendantiste, et même celle « néo-souverainiste », comme vous l’écrivez, cette mouvance est le fer de lance et très loin EN AVANT de l’opinion publique, elle lente encore à réagir à chacune des insuffisances du gouvernement libéral.
    Croyez-vous vraiment, mais vraiment, que l’actuelle opposition—qui déborde la simple couleur libérale et qui questionne directement le « modèle québécois » *—vous croyez qu’elle disparaîtrait envers un prochain gouvernement péquiste « néo-souverainiste » ?
    Le Québec est présentement bloqué au seul profit des rouges. Un éventuel gouvernement péquiste serait incapable de suivre cette voie.(mon hypothèse,évidemment)
    Je crois plutôt, en effet, que l’opposition sera capable très rapidement, pour la première fois dans l’histoire du mouvement indépendantiste, d’emporter un gouvernement péquiste, même « néo-souverainiste », bien plus loin que le navire- amiral ne l’avait prévu, si tant il est vrai qu’il prévoit quelque chose. Ou de le sanctionner lui-même, le cas échéant, bien plus durement, et tout aussi rapidement, et pour très très très longtemps…
    Pour l’heure, Nic Payne, le trafic est devenu si dense et si complexe au Québec… qu’il est relativement bien secondaire de scruter continuellement dans le rétroviseur.

    * Questionner le « modèle québécois », cela mènerait tôt ou tard à questionner le « modèle canadien » lui-même, parce que toute la Révolution Tranquille ne fut jamais autre chose qu’une normalisation à gauche, sociale-démocrate, du Québec à l’intérieur du Canada.


  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    23 juin 2010

    Qu'est-ce qu'il y a de difficile comprendre dans les constats suivant:
    Le référendum gagnant ne mène pas nécessairement à la souveraineté, cela dépend du rapport du force entre les deux État au moment de passé à l'acte.D'où l'importance de bâtir ce rapport de force.
    Ce constat mène à une autre considération: Le déterminant de la politique c'est l'État (qui seul agit avec envergure: M Sauvé).
    Deux constats simples qui mènent à un changement de paradigme salutaire dans la stratégie à adopter pour réaliser la souveraineté.
    On a gaspillé deux cartouches référendaires, pour déboguer l'idée de souveraineté dans l'imaginaire populaire. Une troisième cartouche tiré à tort nous ferait flirté avec la catastrophe historique. Le peuple le sait d'instinct, c'est pourquoi le référendum est devenu un repoussoir très utile aux fédéraliste.
    Nous n'avons pas à prendre ce risque inutile pour un résultat illusoire. il faut comprendre que la souveraineté se réalise de facto avant d'être formaliser de jure (par Référendum ou autrement).
    C'est cela que propose le Plan Marois.
    Qui y a t il de compliqué là dedans ?

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2010

    Solution ; une élection gagnante suivit aussitôt d'un référendum décisif pour l'indépendance du Québec avec promesse de démissionner en Bloc si les Québecois refusent . Donc refuser absolument de gérer une colonie provinciale canadian.

  • Michel Laurence Répondre

    23 juin 2010

    Chaque geste posé qui n'est pas directement relié à l'indépendance, nous en éloigne.