Le « nous » québécois

Tribune libre - 2007


Je me demande pourquoi la population du Québec n’est-elle pas incitée à
reconnaître qu’il existe au Québec deux identités nationales francophones,
soit l’identité québécoise et l’identité canadienne française, qui sont
mutuellement exclusives. Certains trouveront cette idée folle? Alors
ceux-là devront m’expliquer pourquoi cela est possible dans la province du
Nouveau-Brunswick. Dans cette province, on trouve au nord les Canadiens
français de la « république de Madawaska » regroupés dans la région
d’Edmonstown et les Acadiens qui se retrouvent sur les rives de la grande
baie des chaleurs. Aucun de ces deux groupes estime que la filiation de
l’un constitue une trahison de l’autre.
La distinction des deux groupes est possible en raison du partage des
francophones ayant ou pas une filiation ancestrale avec les événements que
l’histoire a convenu de nommer la Grande Déportation. Une telle distinction
fondée sur un événement historique n’existe évidemment pas au Québec. Ce
n’est pas une raison suffisante pour prétendre que les deux nationalités
francophones ne peuvent pas exister de façon simultanée. Il suffit de créer
de toute pièce une symbolique qui le soutient. Cette symbolique pourrait
être simplement être l’avènement d’un décret d’une période de trois années,
nommée pourquoi pas la Grande Inscription, au cours de laquelle toutes les
personnes d’âge adulte qui habitent le territoire québécois au moment du
décret ont le devoir d’inscrire dans un registre l’identité nationale qui
décrit le mieux leur affirmation d’appartenance.
À la suite de cette période, toutes les personnes recevront les documents
légaux qui établissent leur identité nationale. Cette identité n’est pas
nécessairement immuable mais un changement d’identité requiert des
conditions formelles de nature administrative tout à fait d’un esprit
similaire, mais sans être nécessairement les mêmes, que celles qui
permettent aux immigrants de recevoir actuellement l’identité canadienne.
Ce processus m’apparaît être à l’avantage de tous et chacun, peut importe
son origine, sa langue maternelle ou d’usage, et les opinions politiques
qu’il professe. Cette clarification ne profitera pas à priori d’aucune
façon à quelque option politique que ce soit quant à l’avenir politique du
Québec mais permettrait enfin aux différents partis politiques de
construire son programme politique en sachant à qui ils s’adressent et de
qui ils parlent. La démocratie en serait grandement gagnante. Et le « nous
» québécois sera enfin définitivement sorti de la controverse.
Gilles Laterrière
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2007

    Que me chantez-vous là ? Vous estimez que les Acadiens sont discriminés par
    les canadiens français et c'est ce qui explique l'étoile jaune sur leur
    drapeau ! Vous êtes dans l'erreur. Il existe une très bonne entente entre
    les deux groupes de francophones et, je le répète, personne d'une groupe
    accuse l'autre de racisme ou de trahison envers l'autre.
    Tant qu'à y être, voici ma définition de l'identité québécoise. C'est une
    affirmation volontaire.
    Le Québécois est une personne qui accepte de vivre et de travailler au
    Québec dans un environnement francophone et qui accepte sur cette base de
    participer pleinement à la vie démocratique du Québec en signifiant par son
    adhésion aux valeurs démocratiques son intention d’accepter, ou de se
    rallier à toute décision majoritaire et légitime de son parlement.
    En persistant à prétendre que tous les habitants de la province de Québec
    sont des Québécois, on a seulement réussi à évacuer le problème du sort des
    minorités, un thème fort dans l'esprit de René Lévesque. Je vous invite à
    faire la re-lecture de son premier livre sur l'indépendance, intitulé
    Option-Québec, publié en 1967, les éditions de l'Homme, pp 54-55.
    Dans l'esprit de René Lévesque, la population du Québec se compose de
    Canadiens et de Québécois. L'association a une justification politique bien
    avant la justification économique. En somme, l'association est une mesure
    politique pour répondre aux aspirations de cette tranche de la population
    quoi ne se reconnaît pas avec une définition telle que je suggère ci-haut
    Quand on replace les faits dans sa véritable perspective, l'association
    n'est donc pas l'expression de la peur de l'indépendance, ni la peur de
    perdre du fric mais tout simplement la tolérance des autres qui sont
    présents ici chez nous.
    Je déplore que l'on persiste à nier une réalité aussi criante de vérité.
    Tant qu'on persistera à ne pas entendre ceux et celles qui déclarent
    ouvertement ne pas appartenir à la nation québécoise, le projet de
    l'indépendance continuera à piétiner. C'est bien P.E. Trudeau, un
    francophone insensible à la réalité québécoise, qui est à l'origine de cet
    aveuglement. Il doit bien rire dans sa tombe, ce menteur patenté. Il est
    responsable du piétinement actuel et à vous lire, vous semblez être une
    victime de son cynisme. En niant cette réalité, vous ne savez pas,
    vous-même, reconnaître l'identité québécoise que vous portez. Quand on
    confond un anglo de Westmount qui parle de partition à l'identité
    québécoise, ça va mal. Convenez-en !
    Gilles Laterrière
    -- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

  • Archives de Vigile Répondre

    18 septembre 2007

    Cette approche n'ouvrirait-elle pas la porte à une forme de ségrégation - déjà existante au sein de certains organes d'état, dont la CBC et le systeme de justice - où les Québécois seraient divisé en bons canadiens dignes de confiance pour les postes importants, et les autres?
    Par ailleurs, je suis totalement en désaccord avec l'essentiel de cet article: il n'y a pas deux, ni trois, mais seulement une nation Québécoise, composée de tous ceux qui ont choisi de vivre ici en toute connaissance de cause.
    Philippe Landry
    Québécois