Réponse à Nestor Turcotte, à Pierre Bouchard, à Marie-Mance Vallée, à Robert Laplante, à Mathieu Bock-Côté et à combien d’autres?

Le nationalisme québécois : 40 ans d’imposture !

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!

Réponse à Nestor Turcotte, à Pierre Bouchard, à Marie-Mance Vallée, à Robert Laplante, à Mathieu Bock-Côté et à combien d’autres?

« Quid rides? De te fabula narratur. »

Tu ris? C'est pourtant de toi dont parle cette histoire.

Horace
Ce n’est un mystère pour personne : au Québec le nationalisme est en panne. En voyant depuis près de quinze ans les souverainistes incapables de trouver un projet ou une approche susceptible de les sortir de l’apathie, on doit admettre que le mal est profond. À dire vrai, le cœur ne semble plus y être du tout. Et même si les militants s’agitent encore le temps d’une élection ou d’une commémoration malheureuse, l’option souverainiste ne dépasse pas la barre des 40% d’appui populaire. À l’évidence, le nationalisme québécois ne suscite plus la passion.
Si vous refusez ce constat, si les succès du Bloc ou du PQ vous satisfont, et si surtout vous êtes l’un de ceux qui espérez encore qu’un énième plan vous mènera jusqu’au «Grand Soir», ne prenez pas la peine de me lire. Mais si au contraire, vous déplorez l’indifférence qui gagne la population face à la question nationale, si vous cherchez à comprendre comment on a pu en arriver là, ce texte vous interpellera peut-être, du moins est-ce là son but.
Rappelons d’abord d’où nous sommes partis. Il y eut une longue vie nationale avant le PQ et, n’en déplaisent à certains, il y en aura une après. En 1968, contrairement à ce qu’on lit trop souvent, une nation est reconnue au Québec depuis plus de 200 ans : la nation canadienne-française. En effet, les termes des capitulations de Québec et de Montréal, la création d’une Province of Quebec en 1763 dont on officialise le particularisme religieux (catholique) et juridique (français) dès 1774, la division du Haut et du Bas-Canada en 1791, l’échec de l’Union de 1840 comme moyen d’assimilation, le choix d’une fédération en lieu et place d’un État unitaire en 1867, de même que la singularité législative, linguistique et judiciaire inscrite dans la constitution du Québec (et oui ! elle existe déjà au sein de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique) ne s’expliquent que par l’existence d’une nation suffisamment combative pour obtenir, en vertu du droit, des accommodements de la part de l’Empire britannique. Une reconnaissance certes imparfaite, mais néanmoins bien réelle : le Québec fut constitué en tant que seul et unique État où les Canadiens-Français puissent jouir de prérogatives politiques et juridiques adaptées à leur nationalité et c’est pourquoi la minorité anglaise y demeura si bien protégée.
Cette reconnaissance fut obtenue parce que les Canadiens-Français ne doutaient ni de leur origine, ni de la valeur de leur héritage franco-catholique, ni surtout de leurs droits qu’ils cherchèrent toujours à mieux définir et à mieux faire respecter. Et si on vit longtemps l’allégeance politique des nationalistes canadiens-français se partager entre Ottawa et Québec, c’est que se sachant descendants des premiers Canadiens, ils eurent longtemps du mal à faire le deuil des Grands-Lacs et du Nord-Ouest. Mais avec le temps, après la pendaison de Riel et l’adoption de lois anti-françaises dans les provinces canadians, il devint plus évident pour nombre de Canadiens-Français que la province de Québec constituait leur véritable patrie. Cette idée phare chemina tout au long de la première moitié du XXe siècle en dépit du regain d’orgueil national inspiré par les succès d’un Wilfrid Laurier à Ottawa et malgré la grande séduction exercée par la pensée d’Henri Bourassa en faveur d’un Canada indépendant, binational et bilingue. Même confrontée, après la Seconde Guerre mondiale, à une centralisation fédérale sans précédent, une centralisation menée par le Parti Libéral et soutenue notamment par les membres de la revue Cité-libre, l’idée d’un État national pour les Canadiens-Français résiste grâce à l’autonomisme de l’Union nationale, pour se radicaliser enfin à partir de 1957 avec la fondation de l’Alliance laurentienne, du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) ou du Ralliement national. C’est dans cette foulée que Daniel Johnson père, chef de l’Opposition officielle peut écrire en 1965 :

« Si les provinces anglaises tendent de toutes leurs forces à faire d’Ottawa leur gouvernement national, je ne vois pas pourquoi nous voudrions les en empêcher. Le droit à l’autodétermination existe tout aussi bien pour la nation canadienne-anglaise que pour la nation canadienne-française. […] [I]l n’est pas moins clair que les Canadiens français veulent faire du Québec leur État national. Et encore là, je ne vois pas pourquoi on voudrait les en empêcher. C’est un phénomène logique qui puise son existence aux sources de la culture. »
Tiré de Égalité ou indépendance, 1965
C’est aussi pourquoi en 1967, le président de Gaulle n’hésite pas à cautionner à la face du monde, le droit à l’autodétermination des Canadiens-Français par son fameux «Vive le Québec libre ! …Vive le Canada-Français ! ». Et c’est enfin la raison pour laquelle, toujours en cette année-là, les participants aux États généraux du Canada français purent solennellement proclamer :
AYANT CONVENU
que les Canadiens-Français constituent un peuple de près de six millions d'âmes, possédant en propre une langue, une culture, des institutions, une histoire et un vouloir-vivre collectif,
que ce peuple, répandu par tout le Canada, est concentré avant tout dans le Québec,
que ce peuple dispose dans le Québec d'un territoire et d'un État dont les institutions reflètent sa culture et sa mentalité,
que la vie et l'épanouissement du peuple canadien-français s'appuient sur l'autorité politique, l'influence économique et le rayonnement culturel du Québec,
ET NOTÉ
que la Charte des Nations unies exige "le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes" (article 1er, par. 2);
AFFIRMENT QUE
1° Les Canadiens-Français constituent une nation.
2° Le Québec constitue le territoire national et le milieu politique fondamental
de cette nation.
3° La nation canadienne-française a le droit de disposer d'elle-même et de choisir librement le régime politique sous lequel elle entend vivre.

Tiré de L’Action nationale, février 1968
En 1968, les nationalistes en étaient là. Leur position était claire, nette, sans équivoque aucune. La lutte avait été longue, les adversaires tenaces à brouiller les esprits et à culpabiliser les cœurs, mais on avait dégagé le terrain pour s’engager résolument dans le dernier droit. Enfin pouvait naître un parti qui entende donner un pays aux Canadiens-Français, un parti qui puisse faire de la vieille province de Québec, un Canada-Français égal en droit et en légitimité au Dominion du Canada.
C’eut été trop simple.
On le sait, le Parti québécois fut fondé et il préféra faire reposer la lutte nationale sur l’affirmation de la souveraineté du territoire québécois, voire sur celle de l’ensemble des citoyens canadiens qui l’habitent : les Québécois, dès lors promu au rang de nation distincte. Ce pari était risqué car si en 1968 le Canada jouissait d’une reconnaissance internationale dont il eut été possible de faire bénéficier un Canada-Français en tant que nation sœur du Canada anglais, le Québec, peu connu, n’était en soi qu’une réalité provinciale. Par ailleurs, même si cette province était perçue comme la patrie des Canadiens-Français, le terme «Québécois» n’avait jusque là désigné rien d’autre que les habitants de la ville de Québec ou de sa région. Cela faisait quelques années à peine que le vocable gagnait en faveur auprès des jeunes intellectuels. C’est dire qu’en abandonnant le référent canadien-français, on ne se rendait pas la tâche plus facile. Pour promouvoir l’indépendance, on fit le singulier choix d’imposer un brutal changement d’identité, de «québéciser» les Canadiens-Français sans craindre l’opposition et la confusion que cela pouvait provoquer ici ou ailleurs. Car l’identité canadienne-française était profondément enracinée. Encore aujourd’hui pour bien des Américains, pour la chanteuse Madonna par exemple, c’est toujours sous le nom de French Canadians que nous sommes connus.
Qu’importe, ce qu’on voulait par-dessus tout, c’était rompre avec le passé. Et quand on veut noyer son chien … Les ténors du PQ furent à ce propos si efficaces à couper les ponts, si âpres à noircir l’histoire canadienne-française qu’aujourd’hui, la seule idée d’une nation canadienne-française est maintenant devenue presqu’inconcevable, un véritable tabou. Bien pire, on sait maintenant qu’être qualifié ne serait-ce que «d’origine canadienne-française» est devenu injurieux pour plusieurs, car cette appellation serait à connotation raciste ! Et Monsieur Jacques Parizeau lui-même d’en rajouter. Dans Le Journal de Montréal du 11 juin 2008, il osait affirmer que tenter de définir le Québécois de souche en le qualifiant de Canadien français,

« c’est faire fausse route complètement. […]
Est-ce que ça veut dire que les descendants d’Écossais et d’Irlandais, pourtant de souche, ne sont pas des Canadiens français ? Comme les frères Daniel et Pierre-Marc Johnson ? Là, on serait en train de discuter de pureté de la race !»
Pour saisir tout le mensonge de cette accusation, il faut savoir que le père de ces deux frères Johnson ici mentionnés, n’est autre que Daniel Johnson père, l’ardent défenseur de l’auto-détermination des Canadiens-Français cité plus haut… Et c’est là un homme qui a travaillé avec François-Albert Angers et Esdras Minville, des piliers de la Ligue d'Action nationale qui se prête à ce petit jeu destructeur. Que dire d’autre sinon «Ô vieillesse ennemie !»
Bernard Landry n’est pas en reste, lui qui précise dans une autre édition du Journal de Montréal, celle du 14 novembre dernier :

«Ressusciter l'appellation de «canadiens-français» est une autre aberration. Cette expression est complètement inappropriée aujourd'hui. À ma propre table familiale comme dans nombre de foyers québécois, cette appellation est devenue divisive.»

Se dire Canadien-Français serait une aberration ! Landry est né Canadien-Français comme son père et son grand-père avant lui, n’aurait-il donc plus aucun respect filial? Et en vertu de quoi ce reniement? Parce que cette appellation serait devenue divisive [sic] à sa propre table ! DIVISIVE !!! Se rend-il seulement compte de ce qu’il désavoue par cet argument? Car s’il se souciait autant des chicanes de familles, pourquoi donc alors avoir tant moussé une souveraineté pour laquelle on s’entredéchire depuis 40 ans? Pour lui assurer une retraite dorée de grand-papa gâteau peut-être? «À hauteur d'homme», ce ne devrait pas être si bas.
Dites-vous bien qu’une répudiation aussi catégorique est probablement unique dans l’histoire, car au moment de se constituer un État national, un peuple ne renie pas son passé identitaire au profit d’une identité territoriale. Ainsi les Slovènes de la Carniole ont fondé la Slovénie plutôt que de devenir des Carniens ou des Carniolois. De même, les Lettons de Livonie ont fondé la Lettonie, les Tchèques de Bohème-Moravie, la République tchèque et les Slovaques, la Slovaquie. Et si d’aventure certains États ont été rebaptisés, tels que le Ceylan ou le Congo belge, ils ne le furent que pour mieux marquer une distance avec la colonisation. Ce qui, dans notre cas, est d’autant plus troublant puisque le nom de Province of Quebec, est foncièrement de nature coloniale ! Pour les Britanniques, ce nom n’a jamais eu d’autre emploi que de bien marquer notre assujettissement, notre dépossession, notre enclavement dans un territoire par eux seuls circonscrit.
De ce point de vue, c’est en devenant Québécois que nous avons fait le jeu de l’Anglais. Ainsi nous faisions en sorte que le Canadian se trouve seul détenteur de l’identitaire canadien. De nation fondatrice, nous sommes passés -de notre propre fait !- au rang de simple entité régionale. C’est à ce point évident pour le Gouvernement du Canada peut désormais, sans même craindre de menacer l’unité nationale, reconnaître les Québécois comme «nation» au même titre que les Nations autochtones ou que d’éventuels autres particularismes provinciaux. Des PROVINCIAUX, voilà ce que nous sommes devenus. Voilà comment on nous perçoit à l’extérieur et fort probablement comment nous considère le président Sarkozy. Pourquoi diable en serait-il autrement ? Bretagne, Corse ou Québec, c’est un même combat régionaliste. Que dites-vous ? Ce n’était pas ce que pensait le Général de Gaulle ? Mais à l’époque nous étions Canadiens-Français et il était alors concevable, je dirais même tout naturel, de nous considérer comme les égaux des Canadians… Nous aurions dû mieux lire notre histoire sainte : il n’est jamais avantageux de céder son droit d’aînesse.
En privilégiant une nationalité territoriale, administrative, une appartenance à la province de Québec, nous défendons une souveraineté et un droit de sécession qui demeurent juridiquement contesté et contestable. En s’identifiant à une seule province, nous faisons en effet reposer la légitimité de notre lutte sur une souveraineté partielle, fragmentaire. Car au Canada, la souveraineté – la Couronne – est incontestablement partagée entre le fédéral et les provinces. Plus que cela, cette souveraineté provinciale ne peut remonter plus haut que 1763 : contrairement au Canada, the Province of Quebec est une pure émanation de la Couronne britannique. Aussi, quand bien même la souveraineté et le droit à la sécession du Québec seraient reconnus, comprenons-nous bien qu’une éventuelle indépendance ne serait celle que d’une ancienne colonie anglaise ou si l’on préfère celle d’une nation que cette colonie aurait fait naître depuis 1763 ? Si nos ancêtres entendaient cela, ils se retourneraient dans leur tombe. Jamais ils n’auraient pensé ainsi, jamais ils n’auraient toléré qu’on présente les choses de cette façon, car leur existence transcendait tous les régimes politiques. Canadiens-Français, ils avaient existé avant l’Anglais et le Québec, Canadiens-Français, ils ne se considéraient certainement pas créatures de la Conquête ou tributaires d’une simple province de l’empire britannique !
Je le répète, une telle démission est unique dans l’histoire. Un Basque ou un Kurde se bat pour l’indépendance de son peuple, pas pour celle d’un territoire donné, et jamais aux cours des siècles, il n’aura pensé jouer au plus fin en s’identifiant à une enclave territoriale définie et baptisée par ses propres conquérants.
C’est pourtant en toute logique ce que conclut le nationalisme québécois et c’est en vertu de ce raisonnement que nous nous sommes imposé une démarche référendaire quasi impossible à gagner. Il est indéniable que si nous recherchons l’indépendance du Québec, tout citoyen québécois est concerné, quelle que soit son origine. Mais, il en serait tout autrement si c’était de l’indépendance des Canadiens-Français, celle du Canada-Français dont il était question. Qui serait alors concerné? Les Canadiens-Français et eux seuls. Précisément ce que proclamaient les États généraux du Canada-Français en 1967. Est-ce donc si choquant? Demandez-vous pourquoi ce l’est tant aujourd’hui, cherchez la clause du testament d’Adam selon laquelle les Canadiens-Français n’auraient pas droit à un pays; mais quel est donc le crime pour lequel ils devaient renier jusqu’à leur nom? Demandez-vous donc quels intérêts nous servions vraiment en devenant Québécois?
On me rétorquera sans doute qu’il est inutile d’en discuter davantage, que ce changement d’identité a depuis longtemps reçu l’approbation populaire, notamment par la victoire du PQ en 1976. Mais est-on bien sûr de ce que les Canadiens-Français appuyaient alors? Est-on bien certain qu’ils savaient jusqu’où cela les mènerait? Il ne faut jamais oublier, comme le rappelle Guy Rocher dans Le Devoir du 16 avril 2007, qu’au début «Le Québec aux Québécois» signifiait pour la plupart «Le Québec aux Canadiens-Français». Je soupçonne d’ailleurs les plus de 50 ans de toujours faire, à peu de chose près, la même adéquation. Dans leur tête, cela va de soit. Et bien, qu’ils se détrompent. Être Québécois ne reflète plus aujourd’hui la même réalité qu’hier. Et cela a des incidences politiques majeures. Croyez-vous vraiment qu’à la campagne de 1970 ou celle de 1973, on aurait pu vanter cette belle nation québécoise, civique et interculturelle, cette nation où, comme le désire Pauline Marois, les enfants auraient l’insigne honneur d’apprendre l’histoire et la géographie en anglais? Non, on n’aurait jamais cautionné une telle chose. Si les Canadiens-Français des années 1970 avaient su que devenir Québécois signifiait brader leur nationalité et leurs droits historiques, que bien pire, c’était favoriser l’anglicisation de leurs enfants, jamais ils ne l’auraient accepté.
D’autres diront pourtant que nous n’avions pas le choix, qu’il nous fallait devenir Québécois pour cesser d’être une minorité. Motif absurde, car en faisant correspondre les limites du Canada-Français avec celles du Québec, on cessait tout autant de l’être : les Canadiens-Français devenaient majoritaires au Canada-Français. On avancera alors qu’on voulait être par là plus inclusif : motif assez faible, puisqu’en établissant un Canada-Français, tous ses citoyens seraient devenus ipso facto Canadiens-Français qu’ils soient d’origine étrangère ou non. Imaginez seulement les douairières de Westmount devant se déclarer French Canadian. Comme douce revanche, ce n’eut pas manqué de piquant ! Quoi d’autre? Il eut été confondant qu’il puisse exister deux Canadas. C’est pourtant là un legs de l’Histoire, la preuve éclatante de notre force de résilience, une réalité historique qu’un Maurice Séguin n’aura cessée d’analyser. Et puis quoi, combien de Guinée, de Guyane, de Congo dans le monde, deux, trois? Il y a deux Luxembourgs, deux Zélandes, deux Russies : croyez-vous que les Russes-Blancs, les Biélorusses, se sentent un temps soit peu gênés de se savoir voisins des Russes? Cela n’est pas sérieux.
Que reste-t-il? Un Canada français ou francophone aurait existé, patrie virtuelle englobant tous les Canadiens francophones a mari usque ad mare. Argument à première vue plus solide, puisque le sort des Canadiens-Français hors Québec a servi pendant plus d’un siècle à exercer sur nous un chantage émotif : un million de personnes, ce n’est pas rien. Mais à bien y regarder, cette population ne forme qu’une diaspora. Toute nation vigoureuse possède une diaspora. C’est une force positive, une présence outre frontière qui témoigne de la vitalité d’une culture …rien de plus. La diaspora irlandaise présente dans l’ensemble du Royaume-Uni a-t-elle fait de l’Irlande un pays virtuel? Non. A-t-elle empêché l’indépendance de l’Irlande? Non plus. Et a-t-on pensé céder un tant soit peu de l’identité irlandaise du fait qu’une partie des Irlandais refusaient l’indépendance ou que l’Irlande du Nord, que l’Ulster, restait britannique? Certainement pas.
Tous ces arguments sont fallacieux ! Depuis Henri Bourassa jusqu’à Trudeau, ils n’ont servi que le chimérique Canada binational et bilingue des Libéraux, une utopie dont les nationalistes n’étaient plus les dupes en 1967. Les résolutions des États généraux du Canada-Français en sont la meilleure preuve. Pourquoi donc alors les Péquistes les ont-ils repris, les ont-ils avalisés, nous les ont-ils resservis pour mieux déconsidérer notre nationalité réelle, ethnique, c'est-à-dire culturelle et historique, la seule qui pouvait nous permettre de nous référer au principe du droit à l’autodétermination des peuples? Pourquoi? Je ne vois rien d’autre que le mépris des élites péquistes pour cette nation. Le PQ tenait en exécration, cherchait à extirper ce qui fondait le nationalisme des Canadiens-Français : la famille, la religion, le conservatisme social. Et leur souverainisme n’aura jamais eu d’autre but.
Il faut dire que cette attitude ne datait pas de 1968. Chez les intellectuels et les artistes – du moins ceux d’obédience libérale- le nationalisme canadien-français n’a jamais eu bonne presse. Trop viscéral sans doute, mais …néanmoins utile. Déjà au XIXe siècle, on avait vu les chefs patriotes se servir de ce nationalisme bien plus pour défendre des idéaux démocratiques que pour libérer les leurs de la domination anglo-saxonne. C’est si vrai que la déclaration d’indépendance du Bas-Canada de 1838, INSTITUAIT UN PAYS BILINGUE !!! C’est si vrai qu’après l’échec des Rébellions, Papineau lui-même jugea préférable de s’annexer aux États-Unis. C’était la manière la plus rapide, la plus définitive de réaliser ce qui comptait le plus à ses yeux : DEVENIR REPUBLICAIN, qu’importe les conséquences ! De même, l’opposition acharnée des Rouges à la Confédération, leur «nationalisme» souvent virulent, fut d’abord motivé par le fait que le Canada anglais était alors monarchiste et conservateur. Dès que la tendance s’est inversée, dès que les libéraux progressistes ont pu dominer sur la scène fédérale, ces Rouges canadiens-français sont devenus de plus en plus fédéralistes, de plus en plus centralisateurs. C’est ainsi que pour leurs héritiers, les Libéraux du milieu du XXe siècle, pour Cité-libre notamment qui regardait avec bienveillance la libération de l’Algérie ou la révolution cubaine, l’autonomisme provincial n’est plus qu’un obstacle gênant. Quant au nationalisme canadien-français, c’est pour eux une véritable tare, une sorte d’inaptitude à la démocratie qu’on se devait de traiter par une intégration plus étroite à la démocratie canadienne... Pour son bien, pour le bien de tous, le Canadien-Français devait s’effacer pour faire place à un homme nouveau.
Aussi curieux que cela puisse paraître, les premiers dirigeants péquistes –attention, pas les premiers indépendantistes- sont issus de ces milieux libéraux des années 1950. Ils adhèrent aux mêmes idées. Le Canadien-Français est jugé d’office irréformable : imaginez, il va à la messe et vote majoritairement unioniste... Il fallait le transformer à tout prix afin qu’il puisse bénéficier des bienfaits de la modernité… Du temps de Maurice Duplessis, le salut ne pouvait venir que d’Ottawa. Mais survient sa mort en 1959 , puis la chute de l’Union nationale ; enfin les Libéraux provinciaux peuvent faire de l’État québécois le vecteur privilégié de la transformation tant souhaitée, cette rénovation sociale, cette fameuse «Révolution tranquille». Cependant, comme cette dernière allait de pair avec la radicalisation du nationalisme canadien-français tendant de plus en plus vers l’indépendance, les Libéraux en viennent à se diviser. Ceux qui, comme Trudeau, restent fidèles au libéralisme canadian, refusent tout compromis et comptent noyer le Canadien-Français dans un Canada multiculturel et bilingue. D’autres plus pragmatiques, comme Robert Bourassa, bien que respectueux du cadre fédéral, jugent néanmoins utile de s’appuyer sur ce néo-nationalisme, de l’entretenir, de l’encourager parfois, afin de mieux défendre des compétences provinciales parfaitement en mesure de servir la doctrine libérale. Plusieurs enfin, René Lévesque à leur tête, jugent possible de s’arrimer plus étroitement à l’indépendantisme, de le réorienter et de le redéfinir, afin de faire d’une éventuelle souveraineté(-association), l’outil ultime permettant l’inscription la plus parfaite de la société canadienne-française dans la modernité libérale. Pour l’essentiel, c’est ça le PQ. Au mieux se permettra-t-il un temps d’être de tendance plus social-démocrate.
Comme les chefs patriotes et les Rouges du Bas-Canada, le PQ a sciemment canalisé le nationalisme canadien-français à des fins idéologiques. À l’exemple des Libéraux fédéraux, les Péquistes n’ont eu aucun scrupule à sacrifier la nationalité canadienne-française pour asseoir leur projet de société. À une différence près cependant, plutôt que de servir à l’édification d’une nation canadienne multiculturelle, officiellement et juridiquement bilingue, les Canadiens-Français devaient, pour les Péquistes, permettre la création d’une nation québécoise interculturelle officiellement francophone mais juridiquement bilingue. 40 ans après, la similitude des deux projets crève les yeux. Le Québec qui se construit depuis 1968 n’est rien d’autre qu’une copie réduite du Canada libéral.
Est-ce donc si étonnant qu’aujourd’hui parmi les nationalistes sincères, le cœur n’y soit plus? Tant que les anciens militants, ceux-là qui furent gagnés à la cause par les Barbeau, D’Allemagne, Chaput, Bourgeault, ceux-là qui gardèrent l’intime conviction que pour l’essentiel, Canadien-Français = Québécois, tant que ces anciens militants restèrent actifs, tout alla relativement bien. Le PQ décevait toujours, tant par ses propos que par ses manières, mais pour le bien de la «Cause», on acceptait encore et toujours de le soutenir. Aujourd’hui, c’est plus difficile. Les déceptions sont trop grandes. Les dirigeants du PQ tel François Legault, ne cachent même plus leur manque de conviction. Bien plus, les militants de la première heure se retirent, incapables de transmettre le feu qui les animait lorsqu’il s’agissait de libérer les Canadiens-Français. Et pour cause, il n’est précisément plus question d’en parler, pas même d’évoquer la mémoire des Canadiens-Français ! Remarquez bien, le péquisme n’aura eu véritablement d’allant que tant qu’il combattait les valeurs canadiennes-françaises, tant que ces dernières n’étaient pas totalement extirpées de la société. C’est chose faite aujourd’hui, et curieusement, le souverainisme du PQ s’en va à vau l’eau. Et on a de plus en plus de mal à distinguer un péquiste d’un libéral… Cela vous surprend-il encore ?
La «dénationalisation tranquille» dénoncée par certains, la «trudeauisation» du souverainisme que déplorent quelques autres, dominent non pas depuis 1995, mais bel et bien depuis la prise de contrôle du mouvement indépendantiste par le PQ en 1968. Ce n’est pas le fait d’une minorité et ce n’est pas fortuit. Le péquisme constitue un formidable détournement du nationalisme canadien-français au profit d’un nationalisme nouveau, civique et territorial, un nationalisme devant servir le progressisme libéral et incidemment… ses défenseurs. Rien d’autre.
À ce propos, quelle meilleure démonstration que les agissements du Bloc en décembre dernier, lui qui aurait soutenu un gouvernement libéral/néo-démocrate placé au pouvoir du fait de l’arbitraire régalien de la Gouverneure générale du Canada ! Le gouvernement conservateur est pourtant le représentant légitime des Canadians, le véritable interlocuteur du Québec. Si on excepte en effet les 75 députés fédéraux du Québec, on constate que 57% (133 sur 233) des députés élus par le Canada anglais sont conservateurs ! De quel droit alors le Bloc entendait-il défaire ce gouvernement ? De quel droit se faisait-il juge du bien-fondé du conservatisme canadian ? Parce que loyal sujet de sa Majesté, Gilles Duceppe saurait mieux que quiconque ce qui convient à l’ensemble du pays… allons donc ! Que dites-vous? parce que le Québec n’entérine pas la vision des Conservateurs? Mais alors, c’est tant mieux ! Sous un gouvernement conservateur, un fossé ne peut que se creuser et la séparation devenir d’autant plus inévitable. Mais au fait, est-ce bien la séparation que le Bloc recherche toujours? Car si c’est le cas, pourquoi diable vouloir s’aliéner le reste du Canada, notre éventuel voisin ; pourquoi diable vouloir donner le pouvoir à un Stéphane Dion résolument hostile à la souveraineté du Québec ; pourquoi affaiblir sa propre position politique en soutenant un gouvernement de coalition plus en accord avec les valeurs québécoises, un gouvernement susceptible de faire élire au Québec plus de députés que les Conservateurs lors d’une prochaine élection? Pourquoi? Parce qu’en réalité, tout comme le PQ, le Bloc ne fait qu’une seule chose sous couvert du nationalisme québécois, il sert le progressisme libéral.
J’en vois qui s’agitent, qui s’étouffent, qui m’abreuvent d’injures pour oser remettre en question leur mouvement, leur parti, que dis-je, leur beau Québec imaginaire. Ce dernier n’est pourtant qu’une simple entité coloniale devenue provinciale, un État oui, mais qui a marqué notre réduction, notre dépendance. Être Québécois, c’est naître conquis en 1763 des ruines de 1760, c’est renaître subordonné en 1867 des suites de l’annexion de 1840 ! Comme c’est exaltant ! Ce l’est tellement qu’un certain Luc Archambault nous invitait déjà en 2008 à fêter le 250e anniversaire de naissance d’une nation québécoise souveraine ! La défaite des plaines d’Abraham serait ainsi notre véritable acte fondateur ! Être Québécois, ce serait avoir Wolfe et ses hommes comme libérateurs !!!
Rendus là, ne trouvez vous pas un peu ridicule de se plaindre d’un supposé détournement du 400e anniversaire de Québec ou d’une reconstitution festive de 1759. Coucou ! Réveillez-vous les amis. En devenant Québécois, nous n’avons pas fait qu’abandonner le Ô Canada, nous avons cédé en partage toute la Nouvelle-France, car personne ne peut nier que le Canada naisse aux XVIe et XVIIe siècles. Et avis aux forts en thème : on peut bien savoir encore que le Canada du Régime français n’est pas celui de 1867, il sera toujours malaisé d’en faire la démonstration surtout lorsque nos principaux lieux historiques sont laissés sous la responsabilité de Patrimoine Canada. Bien pire, en ayant proscrits les vocables «Canada-Français» et «Canadiens-Français» de notre vocabulaire, c’est notre propre lien organique avec la Nouvelle-France qui se trouve difficile à établir. Dîtes-moi seulement qui, des enfants canadians ou québécois pourront se sentir le plus concernés à la lecture des hauts faits des Canadiens de la Nouvelle-France. « En avant Canadiens ! », c’est bien par ce cri que Lévis nous mena à la bataille de Sainte-Foy, non?
Et tous ces autres qui crient au scandale du fait qu’on finance un super-hôpital anglais, ne savent-ils pas que la minorité anglophone est «québécoise de souche», elle qui est venue s’installer aux lendemains de la Conquête ? Ne savez-vous pas que DE CE FAIT elle a droit à des services en anglais partout dans la belle province ? Ne savez-vous pas que DE CE FAIT le bilinguisme institutionnel au Québec n’a aucunement été remis en cause par le statut de langue officielle accordé au français ? Non franchement, je ne vois pas en quoi vous, les nationalistes québécois, trouvez matière à vous plaindre.
Assumez-vous donc : comme on fait son lit, on se couche.
Des jeunes comme ceux du Collectif Identité québécoise l’ont bien compris, eux qui se donnent pour but d’«explorer, de réfléchir et de participer à la création de l'identité québécoise». Pour ces jeunes, il est clair que la nation québécoise reste encore à faire ! Je les plains, car même s’ils ont saisi la rupture historique que comporte le concept de «nation québécoise» ainsi que la pauvreté symbolique qui en découle, même s’ils se disent de la première véritable génération de Québécois, ces jeunes ne se rendent pas compte qu’on n’accouche pas d’une identité nationale par simple volonté, par simple caprice : il n’y a que le travail des siècles qui peut faire naître une nation. Ils ne se rendent surtout pas compte que l’identité québécoise n’étant toujours pas fixée, n’importe qui peut y aller d’une définition et que dès lors il faut savoir défendre la sienne. Le pourront-ils seulement ?
Et de fait, les puissants de ce monde ne se gênent pas pour imposer leur définition, les médias les premiers qui militent quotidiennement pour une identité québécoise multiethnique, bilingue, le plus souvent partie prenante du grand tout canadien. De leur côté, les instances politiques du Québec ont souverainement fixé la liste des valeurs nationales : la démocratie, l’égalité homme-femme, la langue française, le respect scrupuleux des minorités. Un florilège fort distinctif… on y voit tout de suite pourquoi il nous faut impérativement se séparer du Canada… Ce dernier n’est d’ailleurs pas en reste, lui qui fait de la nation québécoise rien de moins qu’un élément central de l’unité canadienne ! Franchement, comme bourbier conceptuel, on ne pouvait rêver mieux. Et on se demande encore pourquoi la population a du mal à suivre.
Rendez-vous compte du recul : le Québec est revendiqué par tous, il est récupéré par les uns et les autres ! Le concept de nation québécoise est flottant, une vraie pomme de discorde. Les plus conscients de ce problème voudraient d’ailleurs rallier les nationalistes autour d’un «Québec historique». Mais c’est quoi ça le Québec historique? Un pays imaginaire à côté des États-Unis historiques et du Canada historique? Ça devient carrément risible : jusqu’où ira-t-on pour s’éviter de dire Canada-Français ou Canadiens-Français… Et puis, on peut bien être trois pelés et deux tondus à se convaincre que le Québec doit se définir par l’histoire, ça ne changera rien au fait que le Québec moderne se soit précisément bâti sur le rejet des Canadiens-Français. De ce point de vue, défendre l’idée d’un Québec historique est assurément pire que tout, car on appuie ainsi une réécriture territoriale de l’histoire, une réécriture anachronique visant à québéciser notre passé. Le Québec historique sera le récit indifférencié de la succession des différents groupes ethniques ou sociaux ayant évolué sur les bords du Saint-Laurent depuis la préhistoire. Précisément ce à quoi travaillent nombre d’historiens fédéralistes, notamment ceux de l’Université Laval. Non, loin d’être valable, l’idée d’un Québec historique ne sert que notre acculturation en nous privant d’une histoire nationale. Voyez, rares sont déjà les jeunes qui savent ce qu’est un Canadien-Français. Que pourront-ils bien comprendre des aspirations de leurs grands-parents? Que comprendront-ils en relisant cet extrait du manifeste du RIN de 1960?
«Les Canadiens français constituent une nation dont l'origine remonte à l'époque de la Nouvelle-France. Conquise par la force des armes, isolée de sa mère-patrie, soumise à des tentatives d'assimilation nombreuses et prolongées, la nation canadienne-française a toujours manifesté une indomptable volonté de survivre et de s'épanouir librement en conformité avec ses origines et son génie particulier. […]
La première des libertés civiques étant l'indépendance de la patrie, le Rassemblement pour l'indépendance Nationale réclame l'indépendance totale du Québec afin de permettre au peuple canadien-français de choisir librement les voies de son avenir. […]
En réclamant l'indépendance totale du Québec, le RIN rejette le pessimisme né de la Conquête et manifeste sa foi en la nation canadienne-française, issue des plus grandes civilisations de l'histoire.»
Tiré de Le RIN et les débuts du mouvement indépendantiste québécois, 1974
Il faut se rendre à l’évidence, en rejetant notre identité canadienne-française pour endosser une identité incertaine, nous devenons non seulement étrangers à notre propre histoire, mais nous nous sommes privés de tout sentiment national. Combien distingue-t-on déjà de variations sur le thème du nationalisme québécois? Car même si le PQ donne le ton, il n’y a pas que lui qui se dise nationaliste, il y a le Parti Libéral, l’Action démocratique du Québec (ADQ), Québec solidaire, le Parti indépendantiste, sans compter les multiples mouvements comme les Sociétés nationales des Québécoises et Québécois ou des Jeunes Patriotes. Stéphane Dion et Denis Coderre eux-mêmes se disent nationalistes québécois ! Et parmi ces gens, combien peut-il y avoir de conceptions de la nation? Une pléthore assurément. Comment voulez-vous qu’une nation multiforme puisse nourrir un même sentiment d’appartenance ? Comment pourrait-elle constituer le ferment d’une quelconque visée, d’une simple action concertée? C’est impossible. Au sein d’une telle nation, le concept de bien commun peut-il seulement exister? Cela n’expliquerait-il pas pourquoi aujourd’hui les intérêts personnels ou corporatifs passent si facilement devant l’intérêt de la communauté; pourquoi nos hommes politiques sont aussi peu inspirés, pourquoi aucun d’entre eux, pas même un ministre, ne se sent jamais imputable de rien? 40 milliards ont été perdus !!! et personne ne daigne seulement s’excuser. Songez-y, le caractère équivoque de la nation québécoise est la cause probable du cloaque politique et moral dans lequel nous nous enfonçons depuis des années.
Vous n’êtes pas d’accord, ce n’est pas ce que vous pensez. Et bien tant pis ! Welcome to the real world. Vous aurez beau prétendre savoir ce qu’est un vrai Québécois, dans les faits, en droit, pour les autorités, les institutions, les organismes subventionnés, les médias, pour les élites souverainistes ou fédéralistes, être Québécois en réalité - pas dans votre tête !- c’est simplement habiter le Québec. C’est tout ce qu’au finish, le nationalisme québécois nous aura donné. Oh oui ! Le PQ, 40 ans de victoires !
Il ne faut pas être grand clerc pour savoir qu’habiter un État provincial n’est pas un critère assez déterminant pour susciter un sentiment national, et encore moins pour définir une nation. En ces temps de grandes transhumances, personne ne peut s’identifier à une appartenance qui se définit, s’approprie ou se concède aussi légèrement. Et c’est d’ailleurs pourquoi, en dépit de toute la bonne volonté du monde, les Canadiens-Français du Québec n’y arrivent toujours pas. J’en veux pour preuve les multiples appellations qui ont vu le jour au fil des années : Québécois francophones, Québécois-Français, Francophones de souche, pure laine, d’héritage français, canadien-français, d’ascendance, de descendance (sic), d’origine canadienne-française ou francophone, on a même vu majorité francophone et majorité historique! Au-delà du ridicule : «Si, si, je suis un Majoritaire historique francophone moi Monsieur ! », ce tâtonnement sémantique démontre bien qu’au Québec demeure une évidence sociologique : LA NATION CANADIENNE-FRANÇAISE EXISTE TOUJOURS. On peut l’affubler de tous les noms, elle reste là. Contrainte à un nationalisme civique, on lui a certes enlevé son nom, ses droits, ses valeurs, son histoire mais elle tente tout de même de préciser à nouveau son identité en se rabattant sur le seul référent qu’on lui concède encore : la langue française.
Ce faisant, elle reconnaît néanmoins sa dépossession du Québec. Devenir Québécois francophones constitue le prélude à notre ultime rapetissement, notre ultime défaite. Vous ne vous en rendez sans doute pas compte, mais être Québécois «quelque chose», devoir se battre pour un Québec français, c’est admettre qu’il puisse y avoir des Québecs anglais, mohawk, innu, inuit (le Nunavik n’existe-t-il pas déjà ?), alouette, des Québecs autres tout aussi légitimes que le nôtre. Cela n’avait jamais été le cas auparavant. Car du moment que nous nous considérions Canadiens-Français, une éventuelle séparation concernait l’ensemble du Canada, le Québec étant la plus juste part de la Confédération pouvant revenir à la nation canadienne-française. Mais aujourd’hui, la souveraineté ne concerne que le seul État québécois. Un État qui abrite onze ou douze Nations autochtones, une minorité anglophone dite historique qui s’impose à nouveau et une multitude de minorités ethniques qui participent TOUTES à l’identité québécoise… C’est ça, le Québec que reconnaît le rapport Bouchard-Taylor de même que le projet de constitution de Daniel Turp. C’est ça, la finalité du nationalisme québécois. Comment alors prétendre à un Québec qui soit intégralement français ? Parce que les francophones y sont majoritaires ? Mais jusqu’à quand ? Per capita, le Québec reçoit plus d’immigrants que la France ou les États-Unis ! Et jour après jour, on affirme, on démontre, on martèle que la prospérité, la compétence, que l’avenir du Québec, passe par une forte immigration et une connaissance généralisée de l’anglais. On a beau toujours représenter plus des trois quarts de la population, c’est comme si nous étions déjà morts !
C’est dire que la langue et la culture françaises ne pourront nous donner longtemps un semblant de cohésion. L’attrait de l’anglais est déjà grand chez les jeunes, notamment chez les artistes en quête de nouveaux marchés. N’avez-vous pas remarqué que même chez certains souverainistes, l’attachement à la langue française tend à diminuer. On cite même l’acculturation des Irlandais en exemple. Qu’importe la langue d’usage, tout ce nous qu’il faudrait, c’est se considérer Québécois ou Quebecers
Faut-il rappeler enfin que le Gouvernement du Québec est celui de tous les Québécois, qu’en vertu des chartes des droits et libertés, il se doit d’être particulièrement attentif aux besoins des minorités. D’où la scrupuleuse «bilinguisation» des institutions et des personnes, d’où la discrimination positive, d’où les accommodements raisonnables, d’où les derniers combats pour nous séparer de notre héritage catholique par le biais d’une sécularisation de la fête de Noël ou d’un cours d’éthique et de culture religieuse. Ne vous faites plus d’illusions : le Gouvernement du Québec ne représente plus les intérêts des Canadiens-Français ou des Québécois francophones, il sert une société pluraliste. On vient de nommer un anglophone fédéraliste à la tête de la Caisse de dépôts et placements, le fleuron de notre libération économique et le PQ proteste à peine, pour la forme et du bout des lèvres : qu’ajouter de plus? En devenant Québécois, nous nous sommes refusé ce que les Pères de la Confédération avaient rendu possible en 1867 et que nous avions mis près d’un siècle à pleinement envisager : un État national qui soit nôtre ! Nous sommes bel et bien faits et refaits.
Là se trouve le cœur de l’imposture : sous prétexte d’ouverture et d’enrichissement, le nationalisme québécois a fait en sorte que le Québec ne réfère plus à la réalité nationale d’une ethnie, d’un peuple incarné dans le sol, dans l’histoire et la culture. Après 40 ans de «nationalisme québécois», le Québec est presque complètement dénationalisé. Québécois n’égale plus Canadien-Français. Le Québec n’est que l’idéalisation d’une société civique dont le progressisme obligé est devenu l’unique objet politique, un objet que chacun comprend, module ou justifie à sa guise. Tout y passe ! La justice sociale, la démocratie, l’égalité, l’environnement, l’économie, la modernité, la culture ! Comme si par essence le Québec en avait l’apanage… Les grands pontifes du souverainisme en viennent presqu’à se convaincre que l’indépendance doit se faire pour le bien de l’univers. Voyez ces pancartes du Conseil de la souveraineté avec le Q de Québec en forme de planète Terre qui promettent: «Un nouveau pays pour le Monde !» Grands Dieux ! Faudrait-il donc faire l’indépendance pour les autres ?
Est-ce nécessaire de préciser que le nationalisme généré par cette «nation conceptuelle» évolue au gré des circonstances, presque des sondages. Il oblige ceux qui s’en réclament à constamment s’adapter. Par la force des choses, la souveraineté est totalement spéculative, elle n’est plus qu’un vœu pieux, un hochet électoral de moins en moins efficace. Et pour cause, plus le temps passe, plus la société modèle prend forme, plus l’idéalisation libérale devient réalité et moins la souveraineté devient nécessaire. Le Bloc québécois et le PQ s’en ressentent déjà, eux qui, plafonnant dans les intentions de vote, tentent de relativiser l’urgence d’une éventuelle souveraineté. Même plus à gauche, la souveraineté n’a plus autant la cote. Québec solidaire a longtemps hésité avant d’adhérer à l’idée. Il l’a certes fait, mais il est clair que ce n’est là qu’un moyen parmi d’autres d’arriver à ses fins. Quant au nouveau Parti indépendantiste, il va au devant d’une cruelle désillusion, tout comme le fit le parti du même nom né dans les années 1980. On n’a toujours pas compris que l’idée de l’indépendance du Québec est creuse, désespérément creuse. En soi, elle ne se justifie plus parce que depuis 40 ans on la subordonne à toute sorte de considérations politiques, culturelles, économiques ou sociales, parce que depuis 40 ans nous nions la seule réalité nationale qui puisse la fonder :
1° Les Canadiens-Français constituent une nation.
2° Le Québec constitue le territoire national et le milieu politique fondamental
de cette nation.
3° La nation canadienne-française a le droit de disposer d'elle-même et de choisir librement le régime politique sous lequel elle entend vivre.
Je ne crois pas me tromper. Deux attitudes auront toujours prévalues depuis 1763 : d’une part vouloir se libérer de la Conquête en cherchant l’émancipation de la nation canadienne-française; d’autre part, accepter, assimiler, s’approprier la Conquête en en faisant la base d’une société nouvelle. Le nationalisme québécois, en dépit de tout ce qu’on a pu dire ou croire, sert cette dernière option. Le PQ veut, souhaite, désire un Québec de plus en plus pluraliste. Pour le PQ, les Canadians du Québec et tous ceux qui s’y sont associés, avec leurs langues et leurs cultures particulières font partie intégrante de l’identité québécoise.
Vous applaudissez toujours? Et bien voilà pour moi l’expression d’une parfaite aliénation coloniale. C’est ce qu’espérait Lord Durham et ce qu’assumait Pierre-Eliott Trudeau. Ce n’est rien d’autre qu’une variante de ce nationalisme canadian assimilateur auquel les indépendantistes des années 1960 ont tant voulu échapper. Pour cela, ils ont naïvement cru qu’il suffisait de devenir Québécois... Hé ! Hé ! Échapper à deux cents ans d’aliénation, ça ne pouvait être aussi simple. Relisez Le Canadien français et son double écrit par Jean Bouthillette en 1972. On y dépeint admirablement comment, du fait de la Conquête, ou plus précisément de la subordination politique et de l’infériorité économique qu’elle entrainât, le Canadien-Français en vient à développer une telle gêne, un tel ressentiment envers ses origines qu’il se forge une identité farouchement canadian, un double déraciné, bilingue, se disant ouvert au monde et au progrès, un double particulièrement méprisant envers ses semblables et surtout bienheureux de participer à l’avènement d’une humanité nouvelle. Du pur Trudeau… mais ça ne vous rappelle pas quelque chose d’autre?
Eh oui, le nationalisme québécois a simplement pastiché le nationalisme de Cité-Libre ! Il n’a jamais procédé d’un sentiment de fierté, ce n’est qu’un masque pour oublier qui nous sommes, ce n’est qu’un autre moyen de mieux s’effacer. En devenant Québécois, le Canadien-Français s’est créé un nouvel avatar encore plus conciliant envers l’Autre, un autre double plus déraciné, plus méprisant du passé, assoiffé de progrès, de métissage, de réformes sans fin. Un Québécois qui se veut à la fine pointe de la modernité, qui se veut toujours au summum ! Voyez nos modèles, tous montrent une même voie, le succès, que dis-je, le salut par la dépersonnalisation, la virtualité ou le syncrétisme culturel : Céline Dion, Robert Lepage, Ubisoft ou le Cirque du Soleil.
J’en appelle aux indépendantistes de la première heure : est-ce bien ce que vous vouliez, une nation qui n’aurait d’autre ambition que de se plier au conformisme du divertissement de masse? Une nation d'amuseurs publics destinés à servir l’impérialisme d’une culture planétaire ou, autrement dit, le pays du «Think big, stie !», est-ce bien cela que vous vouliez?
Il n’y a pas d’échappatoire. Pour recouvrer notre passé, notre culture, notre simple dignité, il faut se dire Canadiens-Français à nouveau. Ni Canadian, ni Québécois : CANADIEN-FRANÇAIS. Et ce n’est pas ici une question de supériorité culturelle ou de pureté raciale. Être fier de ses origines, ce n’est pas mépriser l’Autre. Et puis, nous savons tous combien d’Amérindiens, d’Allemands, d’Irlandais, d’Italiens que sais-je encore - les Da Silva ne sont-ils pas ici depuis la Nouvelle-France? - combien sont nombreux ceux qui se sont assimilés aux Canadiens-Français. Pour mémoire, rappelons seulement que dans les années 1930, les frères O’Leary étaient parmi les précurseurs du séparatisme canadien-français. Non, ce n’est pas une question de supériorité, c’est bien plutôt le contraire. Le Québec s’est bâti sur la haine de soi, sur cette honte maladive de l’infériorité des Canadiens-Français ressentie par nos intellectuels des années 1950. Cette honte de petits parvenus a fini par subjuguer toute notre société ! Depuis trop longtemps nous nous sommes conditionné à nous haïr !
Cela fait 40 ans qu’on crache sur les nôtres, sur notre histoire, sur nos institutions, l’Église catholique la première. 40 ans qu’on nous convainc que nos ancêtres, hormis quelques libéraux, étaient des inférieurs et des soumis, des vendus, des pervers, des fascistes, des ennemis de la culture, du savoir et de la modernité. Tout cela est malsain et particulièrement injuste. Un tel peuple n’aurait pu fonder autant de villages et de villes, coloniser autant de régions, élever et orner autant d’églises, d’hôpitaux et de collèges, sans avoir été d’une force et d’une abnégation exemplaires. Pensez seulement qu’après 1760, il leur a fallu endurer près de 80 ans de misère, d’analphabétisme et d’incurie avant d’obtenir une école qui soit bien leur en refusant celle coloniale, bilingue et «neutre» que voulait leur imposer les Anglais. Certains diront que c’était là la faute de l’Église catholique qui cherchait à mieux asseoir son propre pouvoir. Foutaises ! Croyez vous donc que les Canadiens-Français n’avaient pas de conviction religieuse, que pauvres marionnettes, ils ne comprenaient pas les périls auxquels ils devaient faire face. Ils le savaient bien mieux que nous ! Si nos ancêtres avaient confié leurs enfants et leur avenir au gouvernement britannique plutôt qu’à leur Église - parce que c’était ça l’alternative - que serait-il arrivé? Serions-nous seulement là aujourd’hui pour en témoigner? Non, conspuer the Priest-ridden Province, ce n’est rien d’autre qu’assumer la petitesse d’une élite ingrate, ce n’est que reconduire le triste conditionnement qui nous entrave, qui nous paralyse collectivement. Vous n’y croyez pas? Écoutez, après avoir su construire ou reconstruire tant et tant dans les années ’40, ’50 et ’60, on peine aujourd’hui à établir un simple hôpital universitaire… ce n’est tout de même pas normal.
Mais soyons clair, se reconnaître Canadien-Français n’est pas idéaliser le passé, ce n’est pas condamner la modernité. Le national transcende le social et le politique, il n’a pas à être de gauche ou de droite, traditionnel ou progressiste. Et puis, ce n’est qu’un préjugé grossier, libéral dirais-je, qui fait du Canada-Français un pays où on méprisait l’esprit et le progrès. Car en fait, si on y regarde de près, le Québec moderne dont on est si fier ne peut être apparu par enchantement en 1960 : ce sont les Canadiens-Français qui l’ont construit ! Ils l’ont fait à force d’entraide et de coopération et ce, sans appui du grand capital. Pensez seulement aux sacrifices qu’il a fallu faire pour soigner et instruire une population en si rapide croissance. Pensez que pour financer notre développement, pour avoir plus large accès au crédit, il a fallu créer des caisses populaires dans des sous-sols d’églises. Ne comprenez vous pas qu’un tel peuple fut véritablement solidaire ? Une solidarité dont il faudrait nous inspirer en ces temps présents. Ne comprenez-vous pas que les Canadiens-Français furent et demeurent dignes de respect ? Ne comprenez-vous pas que, Canadiens-Français, NOUS sommes dignes de respect?
Si je ne suis pas seul à le croire, il faut se rassembler, il nous faut reprendre le fil de notre histoire où nous l’avons laissé en 1968. Ensemble, il nous faut réclamer notre nom et notre identité, renouer fièrement avec nos origines, en appeler des droits de nos ancêtres, de NOS DROITS. Pour cela, mettre sur pied un centre identitaire dédié à la mémoire et aux intérêts des Canadiens-Français. À la fois centre de référence et société nationale. De nouveau pouvoir partager – et transmettre - un véritable sentiment national puis un jour peut-être, forts d’une conviction retrouvée, combattre dans l’arène politique jusqu’à la reconnaissance d’un État national. Est-ce illusoire ? Peut-être pas. Le succès extraordinaire de la chanson Dégénération chantée par Mes Aïeux est un signe que nous avons soif d’appartenance et de filiation. La surprenante popularité de l’ADQ aux élections de 2007, au moment où ce parti a donné l’impression, tout juste l’impression, de défendre les intérêts de la majorité francophone, suggère que cette majorité est toujours consciente d’elle-même. Il ne lui manque qu’une identité forte, exempte de mauvaise conscience, à la fois incarnée dans l’histoire et dans le sol, cette identité canadienne-française que nous pouvons lui redonner.
Ce sera certes difficile. 40 ans d’hypocrisies et de mensonges péquistes ou libéraux auront laissé des préjugés profonds dans les têtes et dans les cœurs. Soyons certains aussi que l’establishment souverainiste se déchaînera contre nous. Dites-vous bien cependant que les Canadiens-Français en ont vu d’autres depuis 1760. Des détracteurs, des mange-Canayens, ils en ont connus, mais en définitive, ils ont toujours refusé de disparaître. C’est le peuple qui a su résister à toutes les tentatives d’assimilation et même si le nationalisme québécois s’avère la plus insidieuse d’entres elles, il est maintenant possible d’en montrer la vraie nature. Après autant d’échecs politiques, avec l'anglicisation de Montréal, avec ce peu de considération qui reste envers le bien commun, avec cette indifférence et ce cynisme qui grandissent sans cesse, qui peut nier que le nationalisme québécois mène à la catastrophe?
Si seulement les nationalistes des Crazy Sixties pouvaient reconnaître leur erreur, s’ils pouvaient avouer s’être abusés. Ils ont cru naïvement, comme cet empereur du conte d’Andersen, qu’il ne fallait que de nouveaux habits pour devenir exceptionnel, pour enfin avoir «dit oui à [s]a naissance !». Mais aujourd’hui, qui donc peut le croire? Toi Miron, le pourrais-tu? Les habits neufs n’existent pas, on ne sait même plus à quoi les faire ressembler. Quant à nos antiques défroques, elles ont été bradées, dispersées : elles constituaient ni plus ni moins que le capital, le vieux gagné identitaire de 10, de 12 générations ! Regardez les boomers, ils sont nus, sans autre chose à transmettre que leur pauvre satisfaction d’être et d’avoir été. Et comme cet empereur orgueilleux et stupide, ils s’entêtent à vouloir donner le change : Le PQ, 40 ANS DE VICTOIRES ! Dieu ! Leur sinistre forfanterie n’aura-t-elle jamais de fin?
Dire qu’au soir du référendum de 1995, Jacques Parizeau fut près de lâcher le morceau. Car c’est bien aux Canadiens-Français qu’il tenta alors de s’adresser. C’est à nous qu’il voulut dire de se retrousser les manches, de ne plus compter sur les autres ou sur les puissances d’argent : pour construire son indépendance, on ne doit jamais compter que sur soi. Le masque tombait enfin, mais pas pour longtemps. Péquistes et fédéralistes, ils ont crié au racisme. Péquistes et fédéralistes, ils en ont tiré prétexte pour accélérer notre dénationalisation. Et ce fut là le test ultime. Si le nationalisme québécois était autre chose qu’une imposture, Jacques Parizeau aurait su se battre, il aurait pu trouver la force de faire face à la tempête. Mais non, tout ce que ce nationalisme lui aura permis de nous offrir en héritage, c’est encore cette bonne vieille incapacité à nous assumer, particulièrement dans la défaite. Si seulement il s’était fait confiance, si seulement il nous avait fait confiance…
N’est-ce pas là le plus difficile dans le fait d’être Québécois : toujours ravaler la défaite mais sans même se l’avouer, ne jamais assumer ce que l’on pense vraiment de peur d’être pris en défaut, d’être marginalisé, de nuire à sa cause ou à son avenir. Savoir certes dans le privé, dans le cercle restreint d’un blog, d’un colloque, d’une revue, savoir mieux que quiconque ce qui ne va pas, être jaloux de ses précieuses théories, s’en repaître, s’y complaire, en faire même profession parfois, mais sans agir vraiment, sans se confronter à la réalité, sans jamais aller jusqu’au bout.
Être Québécois, c’est n’avoir en partage que la rancœur de l’impuissant.
Et puis l’oubli, l’oubli dans la quête du confort, de la réussite personnelle, de la santé éternelle, de l’humour obligé, l’oubli dans la mise en abîme télévisuelle de notre propre abrutissement quand bien même nos fils se suicideraient, quand bien même nos filles avorteraient, quand bien même le Québec finirait par tuer tout espoir.
Mais à l’inacceptable, nul n’est tenu.
Dussé-je être le dernier Canadien-Français, je serai celui là. Je le dois à mon père et ma mère qui m’ont transmis la fierté de mes origines, à tous ces aïeux qui, dans la misère et la peine, mais avec foi et conviction, on fait de rien un beau pays. Un pays qu’ils ont su tenir envers et contre tous, contre le plus grand empire que la terre ait porté ! Je le dois à ce grand-père légendaire posté sur la rive du grand fleuve, noble vieillard appuyé sur son fusil qui n’a jamais désespéré voir revenir les vaisseaux du Roi. Je le dois à tous ceux qui, de générations en générations, ont pourfendu les tricheurs, les naufrageurs, les perdants de la nation : ces misérables qui, hier comme aujourd’hui, mais toujours plus retors et plus vils, nous font prendre des vessies pour des lanternes, des défaites pour des victoires, des lâchetés pour la vertu. Je le dois même à cet autre vieillard, président-roi de France, venu pour nous reconnaître enfin, mieux que quiconque. Mais je le dois surtout à mon fils, afin qu’il puisse grandir la tête haute, libre de cette absurde haine de soi, de toute cette haine qui nous ronge l’âme depuis la Conquête, depuis que s’impose à nous the Province of Quebec.
Pour tout dire, je le dois aux miens et à ma «race de monde».
Suis-je le seul?


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23 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juillet 2010

    Non, vous n'êtes pas seul. Je suis arrivé à la même conclusion que vous depuis quelques années déjà.
    La Québécoiserie est une identité vide issue d'une simple mode des années '60 qui s'est amplifiée durant les années '70 en emportant nos intellectuels et nos artistes si bien qu'elle a fini par nous retourner contre nos racines et notre histoire ancestrale. La mode est passée et il ne nous reste que la vacuité qui, tel que vous le soulignez, suscite le désengagement.
    L'abandon de notre identité première est maintenant si bien accompli que, après notre nom et nos symboles nationaux, nous assistons à la récupération de notre histoire par les anglos du Canada - qui savent profiter de l'aubaine - sans même trouver les moyens d'y réagir.
    Merci d'avoir soulevé ce sujet.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2009

    Suite et fin
    Tout cela forme le peuple souverain du Québec, celui qui fondera ou non un jour sur le territoire national du Québec un État émanant des voix de celles et ceux qui formeront ce peuple souverain du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2009

    Suite
    Pour ma part, je suis Québécois, mais je ne puis que l'affirmer personnellement, cette identité personnelle et en est une de sans-papier. Mais j'affirme et prétend être Québécois. Donc :
    - je me sens une identité française de par mes ancêtres de Nouvelle-France ;
    - je me sens une identité partie de celle des Premières nations qui à défaut de ce sang métissé qui coule ou pas dans mes veines, m'est culturellement familière ;
    - je me sens une identité canadienne-française douloureuse et controversée partie de l'identité de mes parents et de mon enfance ;
    - je me sens un peut alsacien, un peu franco-français parce que j'ai vécu un an à Strasbourg à l'âge de onze ans, à l'âge ou la raison s'incarne dans notre esprit d'humain de manière si perméable et maléable ;
    - je me sens radicalement et surpassant toutes les autres identités qui sont les miennes, une furieuse, flamboyante identité radicalement québécoise, c'est-à-dire toutes celles-là confusément parties de moi parce que jamais clairement incarné dans l'État qui me gouverne abusivement sans émaner de ma voix libre et souveraine ;
    - je me sens dans l'impérieux désir de voir incarner cette identité québécoise primordiale dans l'État, dans un État valide émanant de nos collectives voix, toutes mes identités enfin réunies et cristallisées dans autre chose qu'une prétention. Une nationalité qui est autre chose qu'une identité, et qui me ferait être Québécois comme le seraient tous les autres ayant avec moi participé à cette incarnation à venir par leurs voix, quelque soit l'origine ethnique des parties de ce collectif fondant l'État valide et légitime du Québec que les Québécois majoritairement espèrent depuis la Conquête, depuis que ce peuple de Nouvelle-France partie du peuple de France a été abanconné par la France et son Souverain Louis XV, aux mains de l'envahisseur, devenant le jour même de cette abdication de fait à son devoir premier de Souverain qui consiste à protéger SON peuple du Conquérant, peuple sans Souverain distinct du peuple de France, donc peuple souverain. Une naissance douloureuse comme toutes les naissances humaines, dont on fêtera le 250e anniversaire le 13 septembre 2009. Une naissance douloureuse maculée du sang versé par notre amère patrie et celui de nos ancêtres canayens, agonisant dans le sillons bruyant de nos chants de guerre et ceux de nos champs de terre renversés par le tumulte de la déroute des armées impatientes de notre Souverain inconséquent.
    Cela de manière à incarner dans un État valide et légitime le fait qu'au Québec n'existent que ce peuple souverain du Québec et que ceux des Premières nations. Il n'y en aura pas d'autres ce jour-là. Il n'y a pas de peuple Italien au Québec. Le peuple italien vit en Italie. Il n'y a pas de peuple canadien au Québec, il n'y a que des ressortissants canadiens, le peuple canadien vit au Canada. Si le Québec est partie du Canada il vit aussi au Québec, et si le Québec n'est pas partie du Canada, il vit au Canada. Il n'y a pas de peuple canadien-français pour les mêmes raisons. Le peuple de Nouvelle-France n'existe plus, il a été scindé par la Conquête en plusieurs entités, et l'a été après par l'Indépendance des États-Unis. Ce qui a fait de ce peuple partie du peuple français en Nouvelle-France, les peuples Cajun de Louisianne, le peuple Acadien, le peuple du Québec, et fera des canadiens-français du Canada, un peuple distinct du peuple souverain du Québec.
    Un peuple du Québec aux multiples appartenances ethniques et culturelles qui fait des Québécois d'origine française, Canadien-français puis Québécois devenus, des personnes différentes des Acadiens et des Canadien-français du Canada ; qui fait des Anglos-Québécois, des personnes différentes des canadians du CSLQ ( Canada sans le Québec ) ; qui fait des Italo-Québécois des personnes différentes des italos-canadien vivant dans le CSLQ.
    Suite et fin ici-bas

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2009

    Quel formidable foisonnement !
    Et d'aucuns prétendent que le débat souverainistes est chose du passé !
    N'importe quoi !
    Vigile est à chaque jour la formidable preuve toujours croissante du contraire !
    Vigile entre autres vecteur de ces transports politiques et culturels identitaires et autres.
    J'observe que telle discussion n'est possible et n'est que si exemplairement contradictoire et sujet à débat que parce que jamais ce peuple souverain du Québec n'a été appelé à incarner dans l'État, la réalité de son existence souveraine politique, sociétale et culturelle.
    Tout cela sera sujet à débat sans fin tant et aussi longtemps que telle incarnation dans l'État valide et légitime, quel qu'il soit du reste, sauf l'État actuel légal mais illégitime parce que jamais nommément soumis aux voix du peuple souverain du Québec.
    Ici, comme ailleurs, chacun pouvant à bon droit mettre de l'avant son propre sentiment identitaire puisqu'aucune autre réalité tangible ne permet de le contredire et tout en empêche qu'il s'impose sur un autre sentiment pareillement exprimé à titre personnel. Aucune réalité collective avérée ne permet de trancher le débat qui expose ou oppose que des perceptions personnelles tout aussi valides les unes que les autres.
    Pour ma part, je pense que tous les intervenants ont raison. Ils ont raison pour eux et elles. Rien de ce qu'on peut dire ne peut supplanter le dire de l'autre.
    Qu'est-ce qu'être États-Uniens, ou Français, ou Allemand ?
    Rien d'autre qu'être partie d'un peuple qui s'est constitué légitimement sur les voix collective d'un peuple. Aune collective politique à laquelle on se réfère pour s'identifier personnellement. On sera donc Français, même si on a déjà été Gaulois, Bourgignon, ou on ne le sera pas parce qu'on se dira Breton ou Corse.
    Qu'est-ce qu'être Québécois ? Rien. Rien d'autre que le fait de le dire ou de le chanter puisque ce peuple souverain n'existe reconnu dans aucun État valide et légitime. Qu'est-ce qu'être canadien-français ? Rien. Rien d'autre que le fait de le dire puisque ce peuple n'existe nulle part en tant que tel dans l'État actuel du Canada, du moins pas dans l'Acte qui le fonde, le constitue et le gouverne.
    Or, ici, sur le territoire national du peuple souverain du Québec, les souverainistes veulent incarner dans l'État la réalité politique, sociétale et culturelle de ce peuple existant et souverain en tant que tel mais n'existant qu'en tant que phénomène sociétal, ethnique et culturel, non pas dans le politique, dans l'État politique puisque ce peuple a refuser de fonder sous la menace de représailles politique, économiques, sociétales et culturelles, l'État qu'il espère fonder depuis la Conquête. Et, les fédéralistes-rénovateurs veulent faire de même mais dans l'État du Canada qui s'y refuse.
    Les fédéralistes-rénovateurs et les souverainistes s'entendent pour que le peuple souverain du Québec s'impose sur son territoire national du Québec sur les voix du peuple. Si cela advient un jour, dans ou hors un État du Canada validé et légitimé par ces voix libres et souveraines, cela voudra dire que le peuple souverain du Québec est bel et bien constitué de toute la population du Québec. Cela voudra dire que le peuple souverain du Québec, Premières nations en sus, est formé non pas seulement des descendants de nos ancêtre Français de Nouvelle-France, mais bien aussi des descendants britanniques, et de toutes autres origines s'étant implanté ici depuis longtemps ou récemment, ainsi que leurs enfants et leur descendance. Cela règlera la question politique, et restera à chaque personne partie de ce peuple de s'identifier autant à la québécitude qu'à sa canadianité, ou qu'à son italianité ou à sa canado-italianité, ou encore à à sa québéco-italianité, ou enfin à sa québéco-canado-italianité, pour peu qu'elle ne soit pas aussi franco-française, germano-haïtienne, ou serbo-britannique...
    Suite ici-bas

  • Marie Le Roseau Répondre

    12 juin 2009

    Qu'on excuse ma naïveté,mon ignorance et ma vanité mais j'ai endossé avec fierté le fait que je sois soudainement devenue Québécoise. Il m'a semblé que cette appellation m'enracinait à un territoire précis et qu'enfin nous étions vraiment distincts du reste du Canada. Au moins le Québec, c'est à nous et c'est bien circonscrit, donc plus facile à revendiquer et aussi plus aisé de m'identifier à ce coin de pays. Il m'arrive de vaciller dans mon coeur et mon esprit quand, par inadvertance, je prends conscience de toutes nos pertes et défaites. Il suffit de visiter le jardin de la Gouverneure Générale pour y voir le petit carré de béton consacré aux fondateurs de la Nouvelle-France. La Nouvelle-France qui n'est qu'un début d'une grande réalisation (le Canada- baptisé par Cartier-) achevée par d'autres. Il est tentant de penser que : " les Canadiens-Français étaient des loosers , les Québécois seront des gagnants."
    Ce qui suit n'est pas noble:je ne voulais pas m'identifier aux Canadiens-Français des autres provinces considérés trop près des Anglais et trop complaisants. Au fond, nous avons toujours aimé paraître différents d'eux , en quelque sorte plus Français, plus Québécois...Le travail m'a permis de collaborer avec plusieurs "Francos", de développer des liens de solidarité : j’ai constaté que plusieurs d’entre eux ne comprennent pas nos revendications.
    Vu sous l'angle historique, l'expression" Canadienfrançais" nous renvoie à la découverte et à la fondation de la Nouvelle-France, à de grands territoires foulés et déchiffrés par les Canadiens-Français. Alors je ne peux plus renier mon frère francophone du Manitoba. Ce fait historique plonge nos racines au plus creux et porte notre regard plus loin. Nous sommes de loin et profondément enracinés. Alors que je me pensais bien campée dans mon identité québécoise, voilà messieurs Beauchesne et Boivin que vous venez semer un trouble en mon âme. Ce que vous dites me fait me redresser et réfléchir.
    Finalement, qui suis-je ?
    Lorsque je voyage (et je voyage beaucoup) et qu'on me demande d'où je viens, spontanément je réponds : du Québec. Si je vois à la mine qu'on fait qu'on cherche dans sa tête où c'est le Québec, je renchéris : je suis canadienne-française, là on s'exclame :"Ah, vous êtes du Canada !" Vous voyez, il me reste un malaise, une question lancinante :" Finalement, comment je m'appelle?"
    Je pleure.
    Marie Le Roseau.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juin 2009

    À quoi donc une telle nation peut-elle valablement prétendre si elle ne contrôle aucun territoire, où elle pourrait faire toutes les lois nécessaires à assurer sa survie, son progrès, son développement et son avenir, ainsi que le progrès, le développement et l’avenir des personnes d’autres origines que la sienne qui habitent désormais son territoire ? Que serait le peuple Juif sans l’état d’Israel ?(Gaston Boivin)
    M. Boivin, proposez vous que les juifs, après 2,000 ans sans pays, seraient disparus sans la création d'Israel il y a seulement 60 ans ? Croyez vous vraiment que le "peuple juif" en Israel "assure le développement et l’avenir des personnes d’autres origines que la sienne qui habitent désormais son territoire" ? Est-ce que le "peuple juif" se dit "Peuple israélien" ?
    Pourquoi devrions-nous disparraître sans territoire, si d'autres l'ont fait pendant 2,000 ans ? Savez-vous que la majorité des juifs sont à l'extérieur d'Israel ? Pourquoi le peuple Canadien français devrait se dire Québécois une fois le Québec indépendant ?
    Les juifs ne se sont jamais reniés et ont toujours servit leurs intérêts. Pas ceux des autres. C'est pourquoi ils sont toujours là.
    "Canadien-Français, élévé par les Iroquois, ballotté de pirates en soldats, le chevalier de Beauchêne, dont René louis Lesage dresse un portrait picaresque, est un aventurier sympathique que les hasards de la guerre poussent dans le camp des flibustiers."(Gaston Boivin)
    Nous savons tous ce que les Américains, Britanniques, et autres peuples fièrs produisent artistiquement (cinéma, livres, musique, etc...) pour de tels personnages de leurs histoires nationales. Ils s'empressent de les célébrer et d'en faire des exemples dans leurs écoles ainsi que des oeuvres historiques pour le reste du monde.
    Faire le pays, ce n'est pas que politique et juridique. Pas qu'une affaire de territoire.
    Le peuple juif a survécu pendant tout ce temps sans territoire, car son pays était dans son art, sa littérature, sa religion, son histoire, ses mythes, qui sont toujours transmit avec la plus grande créativité à ses enfants, dans ses écoles.
    Quand je vote pour le PQ, je m'attend à cette créativité. Pas à un référendum ou demandes à Ottawa.

  • Gaston Boivin Répondre

    11 juin 2009

    En terminant, pour faire suite à une partie du commentaire de madame Marie-Hélène Morot Sir, je voudrais rappeller que les Acadiens ont été déportés mais qu'on ne leur a jamais volé leur nom. Les Canadiens(ceux du Canada de la Nouvelle-France, c'est à dire les Québécois francophones et les autres Canadiens français de l'Ontario, du Manitoba, de Terre-Neuve, et du Labrador issus de la nation française d'Amérique créée par la Nouvelle-France), eux, se sont vus voler non seulement leur territoire mais leur nom et leurs symboles(Fleur d'érable et chant national). Mais Acadiens, comme Québécois et autres descendants de cette nation française d'Amérique issue de la Nouvelle-France nous avons toujours dû combattre pour défendre et protéger ce que nous sommes, puisque ne détenant aucun pouvoir décisionel dans la direction de ce nouveau Canada de la Conquête et de la Confédération, nous avons toujours dû nous faufiler, en usant de stratagème et de ruse pour en obtenir quelque peu. Nous avons d'ailleurs conservé cette habitude de toujours vouloir mesurer logtemps les conséquences de nos discours, gestes et décisions politiques et législatives pour profiter à notre avantage de la situation. Au Québec il faut cesser cette façon de faire puisqu'on a un certain pouvoir qui nous permet de poser des gestes politiques et législatifs à notre avantage en mettant le gouvernement central devant le fait accompli:Il faut s'imposer et prendre toute la place qui nous revient de droit(droit naturel puisque le droit constitutionnel canadien nous ignore, nous et nos frères et soeurs canadiens-français de l'Amérique française: Il faut créer au plus sacrant au Québec un pays qui pourra servir et être utile à toute la diaspora issue de la nation française d'Amérique créée par la Nouvelle-France. Et, surtout, il faut que le P.Q. cesse de calculer constamment, comme s'il craignait les conséquences du fait que nous soyons minoritaire au Canada et qu'il prenne des risques en se rappellant qu'on est majoritaire au Québec et qu'il est grand temps que l'on se conduise comme tel.
    En terminant, à en croire le pseudonyme qu'a choisi l'auteur du texte commenté, je dirais qu'il est écrivain ou historien: Vers 1732, la veuve de Robert Chevalier dit de Beauchêne remit les mémoires de ce dernier à l'écrivain Breton Alain René Lesage(né en 1668, qui obtint la renommée en écrivant "Gilles Blais de Santillan". Celui-ci écrivit en 1734 "Les aventures de monsieurv Robert Chevalier dit de Beauchêne, capitaine de flibusterie en Nouvelle-France". Ce personnage aurait donc effectivement existé: Né en Nouvelle-France, à Boucherville, en 1686, il se serait livré aux Iroquois lors du massacre de Lachine, espérant ainsi avoir une vie plus aventureuse que celle alors vécue chez ses parents. Voici plus précisement ce qu'en dit le site http://www.kiss.qc.ca/Encyclopirate-WEB/biographies/Beauchene.html;
    "Canadien-Français, élévé par les Iroquois, ballotté de pirates en soldats, le chevalier de Beauchêne, dont René louis Lesage dresse un portrait picaresque, est un aventurier sympathique que les hasards de la guerre poussent dans le camp des flibustiers."
    "Beauchêne aaurait vraiment existé. On a retrouvé son baptistère:"Le 23 avril 1686, a été par moi baptisé Robert, fils de Jacques Chevalier, haut de la rivière des Prairies , et de Jeanne Villain, sa femme" et même une liste de marchandises embarquées par lui dans le port de Québec à bord du navire qu'il commande. Entre autres, on y lit que Beauchêne prend à son bord 50 Iroquois et des tonneaux de rhum...."
    "Vers l'âge de 7 ans, Robert Chevalier fuit sa famille pour se livrer à la bande d'Iroquois qui ravagent la région de Vaudreuil.Adopté par eux, il en prend l'esprit. Vers 1695(il serait âgé alors 16 ans), il est fait prisonnier, avec d'autres Iroquois, par M. de Frontenac. Robert est rendu à ses parents. À son regret, il retrouve la vie paisible. Il s'enfuit. La forêt l'appelle.Il se fait chasseur. Plusieurs mois ..etc

  • Gaston Boivin Répondre

    11 juin 2009

    (Suite de la ière partie)
    Nouveau rapetissement, qui toucha non seulement les Canadiens du premier Canada, celui de la Nouvelle-France, mais tous les descendants de la nation française d'Amérique issue de la Nouvelle-France qui habitaient ce territoire du nouveau Canada. Cela fit naître en ces lieux une nouvelle façon de résister chez les descendants de cette nation française d'Amérique qui prirent alors l'initiative de se désigner comme Canadiens-Francais, toujours pour bien se démarquer de l'intrus, pour bien démarquer leur nation de celle anglaise et issue des Anglais de la conquête. Même si cela se valait effectivement un acte d'affirmation et de résistance, il n'arrangeait rien, car il constituait une admission de ce nouveau Canada de la Conquête qui, politiquement, parce qu'il était sous le contrôle de la majorité issue des descendants des Anglais de la Conquête, livrait notre destinée à leur bon vouloir et à leur merci, ce qui, inexorablement, tôt ou tard, amèrait à notre perte, ...à notre disparition comme nation. Ce fut donc un acte de résistance compréhensible à l'époque mais qui serait devenue une véritable erreur si on avait cherché à tout prix à le perpétuer et, en ce sens, tel fut le contraire lorsque les Québécois entreprirent le projet de se donner, de nous donner à tous, descendants de la nation française issue de la Nouvelle-France, le pays du Québec. Car, en vérité, ce projet de pays avait pour but ultime, à l'origine, de sauver cette nation française d'Amérique en lui donnant sur le seul territoire, où elle était majoritaire et où elle jouissait d'un certain contrôle parlementaire, un pays où, potentiellement, elle pouvait survivre, grandir et progresser honorablement et valablement. Cette nouvelle façon de faire se voulait donc une manière de faire cesser notre rapetissement qui, inéluctablement, nous menait à la disparition, à la propre mort de notre nation. Dès lors, il y a eu chez nos soeurs et frères, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du Québec, un immense malentendu, que le gouvernement central et les fédéralistes à tous crins, ont savamment entretenus parce que cela servait la cause du Canada de la Conquête et desservait celle de la nation française d'Amérique issue de la Nouvelle-France. Ce malentendu, surtout entres Québécois francophones, est à mon avis, l'une des principales raisons pouvant expliquer pourquoi nous n'avons pu obtenir un vote positif lors des reférendums de 1980 et de 1995.
    À quoi bon une nation dispersée, et sans pouvoir décisionnel pour assurer sa survie , son progès, son développement et son avenir? À quoi donc une telle nation peut-elle valablement prétendre si elle ne contrôle aucun territoire, où elle pourrait faire toutes les lois nécessaires à assurer sa survie, son progrès, son développement et son avenir, ainsi que le progrès, le développement et l'avenir des personnes d'autres origines que la sienne qui habitent désormais son territoire? Que serait le peuple Juif sans l'état d'Israel? Le pays du Québec, comme pays reconnu par les autres pays et nations de ce monde, membre de l'O.N.U., c'est-là la seule chance, la seule solution qui reste à cette nation francaise d'Amérique issue de la Nouvelle-France, à ce qui reste de ce Canada originel et de cette Acadie( de ceux qui, parmis eux, pour certains ont cessé de se désigner, comme ils le faisaient autrefois, depuis la Conquête, comme étant des Canadiens-Français, et pour d'autres qui ont continué à le faire)), ainsi qu'à ce qui reste de la Lousianne. (..suite de commentaire dans un prochain envoi)

  • Gaston Boivin Répondre

    11 juin 2009

    Ce texte est remarquable parce que d'une part il est bien ficellé et d'autre part parce qu'il décrit bien ce sentiment de résistance qui a motivé les habitants de la Nouvelle-France depuis la Déportation des Acadiens, la Conquête du Canada et le Traîté de Paris. En ce sens, celui qui l'a rédigé aurait dû, plutôt qu'à la nation Canadienne-Française, référer à la nation française d'Amérique, cette nation issue de la Nouvelle-France, car il ne faut pas oublier, qu'avant l'arrivée de l'Anglais, nous habitions tous la Nouvelle-France, qui comprenait alors l'Acadie, le Canada d'alors(savoir l'Ontario, le Manitoba,Terre-Neuve, le Labrador, le Québec), ainsi que la Lousianne de l'époque, qui comprenait, à ce moment-là, une dizaine d'états américains et qui, à partir des Grands-Lacs, s'étendait jusqu'au Golfe du Mexique, contrées de la Nouvelle-France, dans lesquelles, à l'occasion, circulaient de l'une à l'autre des habitants de celles-ci, puisqu'elles faisaient partie de leur pays et qu'ils devaient s'y promener(s'y rendre tout partout) pour l'explorer, le construire et le défendre). Puis il y eût ce drame et ce désastre de la Déportation des Acadiens, cette défaite des Plaines d'Abraham et la capitulation de Montréal, puis ce Traité de Paris, qui, en plus de nous faire perdre ce que nous avions déjà perdu, nous fit perdre également la partie Est de la "Lousianne" puisqu'en 1762 Louis XV en avait déjà cédé la partie Ouest au roi d'Espagne pour le compenser de la perte de la Floride perdue dans cette guerre contre l'Angleterre dans laquelle il l'avait entraînée.(En 1801ou 1802, Napoléon a essayé de réparer cette erreur en l'obtenant à nouveau de l'Espagne, mais à dû se résoudre à la vendre aux Américains en 1803 pour se procurer l'argent nécessaire pour combattre l'Angleterre, certain qu'il était de toute façon de la perdre éventuellement aux mains des Américains qui cherchaient à se répandre vers l'Ouest ou aux mains des Anglais qui s'en mouraient de jalousie et qui pouvaient l'attaquer tant à partir des Grands-Lacs que de la mer).
    Mais pourquoi donc parlez-vous de la nation canadienne-française? Tout simplement parce que, depuis les tristes évènements, qui nous ont valu l'arrivée de l'Anglais, malgré notre résistance, le processus de notre rapetissement et de notre dépossession territoriale et identitaire a déjà commencé son oeuvre destructive: Déjà, nous avons perdu notre nom de Canadiens que les Anglais nous ont volé(création des Bas et Haut-Canada) pour l'appliquer à tous les citoyens de des deux Canada, vrais canadiens et intrus anglais confondus. Avant cela, nous avions pris l'habitude de nous désigner comme Canadiens et de les désigner comme des Anglais pour bien marquer qui était l'intrus. Après cela , nous l'avons encore fait, toujours pour bien nous différencier de l'intrus, en nous désignant comme Canayens. Puis , de fil en aiguille, dans leur mission pour graduellement nous engloutir, l'Anglais, avec quelques collaborateurs(dont certains malheureusement étaient de bonne foi), imagina cette Confédération qu'il appella Canada , et qui finit par regrouper tous les territoires de la Nouvelle-France en sa possession, donnant par ce fait le nom de Canadiens à tous les habitants de cette contrée, descendants des conquis comme descendants des conquérants, descendants de la Nouvelle-France en ce territoire comme descendants des Anglais intrus. Nouveau rapetissement, qui toucha non seulement les Canadiens du premier Canada, celui de la Nouvelle-France, mais tous les descendants de la nation française d'Amérique issue de la Nouvelle-France qui habitaient ce territoire du nouveau Canada. (..à suivre dans une seconde parie à venir)

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    Après 40 ans de « nationalisme québécois », le Québec est presque complètement dénationalisé. Québécois n’égale plus Canadien-Français. Le Québec n’est que l’idéalisation d’une société civique dont le progressisme obligé est devenu l’unique objet politique, un objet que chacun comprend, module ou justifie à sa guise. Tout y passe ! La justice sociale, la démocratie, l’égalité, l’environnement, l’économie, la modernité, la culture ! Comme si par essence le Québec en avait l’apanage…(Robert Chevalier de Beauchesne)
    Peut-on avoir meilleure confirmation qu'ici ? :
    http://www.vigile.net/L-autre-Saint-Jean
    « On est tous Québécois… Si des anglophones ont le désir de se joindre à une célébration de la nation Québécoise, je trouve cela très sain. Et pourquoi devrait-on chanter uniquement en Français ? Un peuple sain et fier de lui ne doit pas demeurer enclavé dans de vielles histoires. »
    « Si il y a des anglos, c’est tant mieux : c’est ça le Québec à c’theure, il faut vivre avec, on est quand même pour les crisser dehors. Il faut trouver une manière de vivre ensemble. Se ghettoïser ça ne donnera rien. On essaye quelque chose de nouveau, c’est peut-être le début d’un rapprochement. Si la musique peut rapprocher les deux c’est une bonne manière de voir ça. »
    Les membres de Lake of Stew abondent dans le même sens. Richard Rigby, fils d’une immigrante Italienne élevée dans la Petite Bourgogne et d’un père Irlandais dont la famille est établie ici depuis plusieurs générations, se considère à part entière comme Québécois, peu importe la langue qu’il parle
    De la fête nationale des Canadiens français, la St-Jean, le PQ en a fait la fête nationale du Québec multiculturel.
    Quel "Québécois" ira chanter en français à la prochaine St-Patrick ?
    Devrons-nous aller fêter la vraie St-Jean à Ottawa ?
    Nous sommes devant le travail de désinformation, de conditionnement de dénationalisation identitaire, de Trudeauisation, par le PQ sur la nouvelle génération.
    Tellement dénationalisés et carrencés de leur culture, histoire et identité qu'ils ne sont pas cappables de créer cette nouvelle expression d'eux-mêmes à partir des générations passées et qu'ils ne voient cette créativité que chez l'anglophone qui sûr de son identitaire viendra mettre le "fun" et la nouveauté qu'ils auront produit de l'héritage de leur identité bien assumée.
    Hein… Qui a dit que c’était platte, la St-Jean ?
    Un peuple dont la créativité s'est éteinte en même temps que son identité. C'est pourquoi ce sont toujours les mêmes chansons depuis la "fête nationale du Québec". C'est pourquoi le "nouveau" ils le cherchent chez les autres. Incappables de le produire d'eux-mêmes, car ils sont plus rien.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    11 juin 2009
    Québécanthrope
    Je ne vois pas l’ombre de la queue d’un animal dans tout ce discours. Pourtant, je vois l’ombre de l’homme qui n’en finit pas d’exprimer sa peine, son ennui, sa déception, voire même son désespoir. L’homme québécois dont il s’agit aujourd’hui est constitué d’une majorité de canadiens-français qui a son histoire, ses traditions, ses habitudes de vie, sa conception du monde et ses angoisses. L’homme québécois est devenu par son évolution et sa transformation sociologique au cours des 250 dernières années et par la transmission successive de huit à neuf générations de canadiens-français un type schizophrène. Son contact avec la réalité, il le voit à travers la vision d’un autre qui lui fut imposée graduellement par l’occupant militaire d’abord et par la suite, par la main mise sur tout le territoire occupé par eux. Depuis, ce peuple canadien-anglais est devenu majoritaire et les canadiens-français des minoritaires au Canada.
    On pourrait peut-être voir l’ombre de la queue de cet animal si on s’y mettait ENSEMBLE. Pas d’un Parizeau d’un côté, d’une Marois de l’autre, d’un Landry suffisant, d’un… et j’en passe… Bref, le Gérald Larose qui trône sur le Conseil de la souveraineté pourrait-il ouvrir les vannes et rendre moins poreuse ou fumeuse sa pensée ? Ne devrait-il pas secouer le pommier du milieu universitaire ? Ne devrait-il pas nous libérer des toxines du souverainisme bidon qui nous fait perdre beaucoup de temps précieux ? Ne pourrait-il pas mettre en place une organisation solide qui mettrait ensemble les hommes et les femmes de bonne volonté afin d’élargir sa cour de consultants ? Des questions qui demeurent toujours sans réponse.
    Savoir de quoi l’on parle serait beaucoup mieux que d’étaler des stratégies politiques au grand jour sans s’assurer de la complicité du peuple sur les fondements mêmes de l’action à entreprendre collectivement. Sur ce point, madame Marois fait fausse route et l’appui de monsieur Parizeau (?) n’est pas plus évident à cette cause (ou à cette sauce, c’est selon) péquiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    Nos ancêtres n’étaient pas des Canadiens-Français. Ils étaient les Canadiens.(Nicole Hébert)
    Nos ancêtres, Mme Hébert, SONT toujours des Canadiens. Je n'avais pas une histoire, j'AI une histoire.
    Et dès ce trait d’union, nous étions piégés. L’usurpation d’identité, c’est lorsque ces Anglais conquérants ont ravi aussi notre nom.(Nicole Hébert))
    L'Anglais ne peut usurper que ce qu'on leur abandonne. Canadien-français n'est l'abandon de rien, il détermine le Canadien anglais. C'est nous qui donnons le nom à l'Anglais.
    En prennant le nom de la province créée par l'Anglais, nous abandonnons notre nom de notre création et acceptons d'être nommé par l'Anglais de sa création.
    Pour moi, Canadiens-Français, ça ne veut rien dire ; ça ne fait que consacrer notre appartenance à ce Canada qui n’est plus celui de nos ancêtres.(Nicole Hébert)
    Le Canada français et nos ancêtres sont toujours sous nos pieds. Votre nouvelle appartenance est à cette "province of Quebec".

  • Jacques Bergeron Répondre

    11 juin 2009

    Ouf! Il faut tout de même lire cet article,même si on peut diverger d'opinion sur certains points. Toujours est-il, que je me suis toujours défini comme Canadien-français, auquel j'ai dû ajouter le mot Québécois puisque un certain Pierre Bourgault a cru,( le Québec aux Québécois, vous vous souvenez sans doute?) ce fut là son erreur, que les Canadiens-français seraient les seuls à revendiquer ce nom. Il n'avait pas compris que Québécois était un nom réservé à celles et ceux qui habitaient le pays du Québec,qu'ont revendiqué rapidement les Anglo-canadians pour contrecarrer cette affirmation; et ils avaient raison de le faire, puisque le nom de Québécois se réfère à la géographie du lieu/pays que nous habitons tous et toutes au pays du Québec. Ceci dit, nous Canadiens-français venus de France, avons toujours reconnu que d'autres citoyennes et citoyens du Québec s'étant «assimilés à nous par la langue», étaient aussi des Canadiens-français, ce que M. Parizeau a toujours reconnu, tout comme l'ont fait la plupart des indépendantistes, des nationalistes/Canadiens-français, «avec un «C» majuscule». Il nous faut donc éviter de faire le procès de M. Parizeau ou celui de Pierre Bourgault, ou de tout autre individu, dans notre recherche de l'indépendance et de notre identification.On devrait plutôt être malheureux de voir un ancien député du Bloc Québécois,transfuge/converti à l'ADQ, et devenu aujourd'hui «conseiller» pour Harper, (qui devrait craindre ce traître opportuniste) contre le Québec et ses députés du Bloc Québécois, leurs représentants en pays hostile à l'émancipation de la nation Québécoise. Lorsque nous analysons «froidement«, la déchéance du dénommé Pierre Brien,traître de l'idéal de sa nation, nous devons nous souvenir qu'il y a plus de «deux mille ans maintenant»,un certain Judas a fait de même. La traîtrise n'a donc rien de nouveau. Il n'y a que les noms des individus qui ont changé.Devons-nous lui souhaiter le même avenir qui ne devrait pas être très long, si comme Judas il cherche un arbre où exposer son corps! En attendant de voir cet individu suspendu à l'arbre de son court avenir Canadian, conservons «l'espoir» qu'un jour prochain, les rayons du soleil de l'indépendance perceront les nuages qui l'assombrissent aujourd'hui. Quel poète disait que lorsqu'il n'y a plus d'espoir,la mort n'est pas loin.Ce n'est pas ce que nous devons «espérer» pour nos enfants et notre peuple.Mais «je me souviens», tout de même, que n'eut été de l'argent(scandales des commandites et autres, comme ce lui des 400,000 votes illégaux, que nous avons subis pendant la période référendaire de 1995) et «des» votes «ethniques»,le Québec serait un pays indépendant,ce pays qu'on nous a volé, et on ne chercherait pas les coupables de notre incapacité à réagir et à agir!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    @ M. Chevalier de...
    Nos ancêtres n'étaient pas des Canadiens-Français. Ils étaient les Canadiens. Et dès ce trait d'union, nous étions piégés. L'usurpation d'identité, c'est lorsque ces Anglais conquérants ont ravi aussi notre nom. Pour moi, Canadiens-Français, ça ne veut rien dire; ça ne fait que consacrer notre appartenance à ce Canada qui n'est plus celui de nos ancêtres. Nous sommes devenus Québécois dans un sursaut de fierté et nous devons faire l'indépendance pour consacrer cette identité qui témoigne justement de notre résilience. Les Acadiens ont un nom - parce que l'on ne leur a pas ravi - mais on leur a pris leur terre et tous les fruits de leurs labeurs d'alors... Notre conquérant est un habile stratège et il continue de l'être.
    Québécoise,
    Nicole Hébert

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    "Suis-je le seul ?"
    Oh que non !
    Votre déclaration, cher Robert Chevalier de Beauchesne, seuls les "Chouaguens" et morts vivants la rejetteront.
    Je n'y changerais pas une virgule.
    Votre déclaration, je vais en faire des milliers de copies et la placarder partout. La distribuer partout où j'irai.
    Chouaguens:
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Chouaguens

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2009

    J'ai déjà écrit un texte qui allait un peu dans le même sens.
    http://www.vigile.net/Fini-de-s-elvisgrattoniser
    Mon hypothèse c'est que CTV et la Gazette ont tellement culpabilisé les nationalistes dans les années 80, qu'ils ont fini par gagner. CTV et la Gazette ont complètement émasculé le courant nationaliste au Québec. La rectitude politique et la guerre en Bosnie ont fait le reste. Pas étonnant que le mouvement aille nulle part.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2009

    Je vais déconstruire toute l'argumentation de M. Robert Chevalier de Beauchesne en quelques lignes.
    Le terme "Canadien" dans l'histoire est selon moi ni plus ni moins que l'équivalent "Britannique". En Grande-Bretagne, il y a plusieurs nations, dont l'Écosse, l'Angleterre, l'Irlande et le Pays de Galles.
    Au Canada, il y a le Québec et... les autres, les "multicultureaux". Ce sont les autres qui n'ont pas réussi à se définir. Ils ont préféré emprunter le terme "Canadien" qui appartenait aux colons français pour cacher en fait leur allégeance à la couronne Britannique. "Canada" était venu seulement s'ajouter aux autres nations britanniques.
    J'ai pas mal de pitié pour le Canada, qui avec ou sans le Québec, n'a pas su être autre chose que le pantin de la couronne britannique et récemment un satellite des États-Unis. Enfin, au Canada, il y a la nation québécoise et la nation loyaliste, celle qui aime bien se différencier des États-Unis en disant "we speak French in Canada, we are not like you" au lieu de dire "nous sommes des loyalistes".
    J'aimerais bien voir M. Robert Chevalier de Beauchesne tenir le même discours face aux Irlandais de la République d'Irlande aujourd'hui, tenter de leur faire croire qu'ils sont des Britanniques irlandais. Quelle farce!

    Les nationalistes québécois ne sont pas dupes. Je ne le suis pas. M. Robert Chevalier de Beauchesne tente de démontrer que ce sont les Québécois qui ont abandonné l'appellation "canadienne-française". Plus loyaliste que ça, tu meurs. C'est un titre, c'est tout. La nation au Québec, elle pourrait s'appeler "ragoût" "chou" ou "genou", on en n'a rien à cirer. Dans le fond, personnellement, je le sais bien que le Québec devrait plutôt s'appeler "le Canada", mais ce serait difficile de se débarrasser des parasites en orbite tout autour qui ont préféré demeurer des bâtards sous le curateur Ottawa.

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    10 juin 2009

    Merci à Monsieur Julien pour cette phrase qu'il a laissée à la fin de son commentaire, suite à votre analyse parfaitement juste et fouillée . C'est un fait, même ceux qui ne pensent pas comme vous, doivent bien le reconnaître, le jour où les Canadiens Français ont accepté de s'appeler Québécois, ce jour-là ils ont complètement disparu, on ne les retrouve plus et vous le dites vos "ancêtres n'auraient pas accepté cela, c'est une démission unique dans l'Histoire !" A la différence des Acadiens qui eux s'appellent toujours ainsi depuis 400 ans et c'est une vraie chance pour eux..
    Pourtant personne n'a rien vu venir et surtout pas le jeu amené fort à propos par les Anglais qui, suivant pas à pas depuis 1838 le fameux rapport déposé à Londres par ce Durham - aprés le terrible épisode des patriotes pendus par les Anglais ou emprisonnés à Sydney - n'a fait qu'amener pas à pas ce qui se passe et que malheureusement l'on constate aujourd'hui, c'est à dire noyer les Canadiens Français sous autant d'anglophones et d'allophones possible, et cela jusqu'à ce qu'ils soient minoritaires sur leur propre sol.. et Durham avait rajouté cyniquement " cela prendra le temps que cela prendra !" C'est un triste constat, parce que nous y sommes presque en 2009, encore un petit effort et Durham pourra être content ! Un peuple sans Histoire et sans littérature " voilà comment il vous avait catalogué !
    En acceptant le terme de Province de Québec, cette domination même a été acceptée puisque le mot "province" signifie dans sa racine latine "colonie"
    Monsieur Robert de Beauchêne, j'espère de tout coeur que vos phrases vont redonner envie que vous vous rassembliez tous , afin de faire démentir une bonne fois pour toutes ce terrible rapport de Durham! Les Canadiens Français ont toujours été dignes du plus grand respect, on leur a seulement fait croire le contraire car les rabaisser servaient trop les intérêts de certains, et servaient aussi à les diviser .. Vous êtes les descendants de ces Français qui en un autre temps ont fondé ce pays à la force de leur valeur et de leur courage, ils ne se sont pas laissés aller au désespoir lorsque ce roi sans valeur ce Louis XV les a abandonnés , ils se sont rassemblés et se sont appuyés sur ce qui le unissait tous, leur grande force a été parce qu'ils étaient tous Français et tous catholiques . C'est le sang de ces hommes valeureux qui coule toujours dans vos veines et le nom de ces hommes dignes d'admiration est porté aujourd'hui par des milliers de personnes comme vous ..(cf le livre "Au coeur de la Nouvelle France")
    Vous avez raison, Reprenez le fil de l'Histoire là où vous l'avez laissé, il est encore temps, aprés ce sera sans doute trop tard !

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2009

    Savoir qu’il y en aura, qu’il y en a déjà pour vouloir vous contredire, y aller de leurs petites nuances mesquines, de leurs accusations grossières, des petits salauds qui ne trouveront rien de mieux à faire, lorsqu’ils auront complété leur lecture, que de tenter au plus vite de souiller le chemin d’un homme qui, vraisemblablement, les dépasse.
    Ça me rend malade. Ça et le reste.
    Enfin, qui que vous soyez, sachez que vous n’êtes pas seul.

  • Louis Lapointe Répondre

    10 juin 2009

    De la nation à la consommation, l’illusion de la liberté
    3ième partie
    Un autre grand danger qui nous guette, c’est cet individualisme nourri par un capitalisme qui procure à l’individu un faux sentiment de sécurité, celui où le citoyen est remplacé par le consommateur. L’argent achetant tout, les Québécois seraient libres, dans l’absolu, de tout consommer : la santé publique ou privée, l’école publique ou privée, la religion, le français, l’anglais, le nationalisme, le fédéralisme ou l’indépendantisme. Une vision que défendent avec acharnement plusieurs groupes d’intellectuels de droite comme le CIRANO et l’ IEDM, Joseph Facal étant le plus flamboyant porte-étendard de ce courant.
    Cette illusion de liberté individuelle que procure notre pouvoir d’achat sans fin, soutenu par de nombreuses sources de crédits, ferait alors éclater définitivement les liens qui nous unissent comme minorité nationale et plus largement comme société. Grâce à cette liberté individuelle de consommer des idées, de la culture et des aspirations, comme on consomme des boîtes de conserve ou des téléviseurs, nous deviendrions alors légers, dépouillés du poids de l’héritage et des rêves de nos ancêtres, l’argent devenant alors la seule source de liberté, car il peut tout payer, même l’éternité.
    Dans une telle perspective, l’indépendance ne serait plus une urgence ou un enjeu collectif, mais bien le résultat d’un choix individuel comme peut l’être tout autre objet de consommation que nous serions libres de consommer. Un peu comme Sisyphe, nous pousserions alors notre pierre sans relâche, sachant qu’une fois au sommet, elle roulerait invariablement vers le bas. Nous serions libres d’accomplir une démarche dont la liberté ne serait jamais le résultat, l’indépendance devenant une gymnastique individuelle à laquelle seuls les initiés se livreraient, à l’image de ceux qui pratiquent le taï-chi ou le yoga.
    Être indépendantiste serait alors un luxe bien à nous, comme d’autres s’achètent des billets à 200$ pour aller voir le Canadien jouer au centre Bell, pouvant même nous payer occasionnellement quelques bains de foule pour fêter nos victoires morales de plus en plus rares, sachant que le lendemain nous aurions le loisir de gagner l’argent nécessaire pour nous payer quelques plaisirs éphémères afin de noyer nos peines de patriotes déchus : cinéma, théâtre, jeux vidéo et peut-être même des vacances dans le sud.
    Comme le dirait certainement Christiane Charrette - cette grande prêtresse du relativisme radio canadien - à sa cour où foisonnent de nombreux ducs et duchesses de toute allégeance : vous avez le droit d’être indépendantistes à la condition de respecter le droit des autres d’être fédéralistes et cela sans dire de gros mots ! Ainsi, nos élites culturelles et intellectuelles pourraient demeurer indéfiniment dans le meilleur pays au monde et continuer de recevoir leurs généreux cachets pour débattre poliment et en français de notre avenir comme on parle du dernier film.
    Grâce au relativisme des chartes, nous serions alors passés de la nation à la consommation, vivant désormais dans le meilleur des mondes. Un univers où nous serions enfin majoritaires, étant tous devenus des consommateurs !

  • Louis Lapointe Répondre

    10 juin 2009

    De la nation à la consommation, l’illusion de la liberté
    2ième partie
    La vraie question nationale vise donc moins à savoir si nous sommes des nationalistes ethniques ou civiques, mais nous incite plutôt à choisir : accepter notre sort de minorité au sein du Canada ou fonder un pays où nous deviendrons clairement une majorité. Opposer la vision ethnique à la vision civique, comme le propose Bock-Côté, est donc un sophisme dont le premier résultat ne peut être que la division. Une division entre ceux qui voient le Québec comme une société et ceux qui le perçoivent comme une nation, une inutile distinction et une source supplémentaire de confusion dans le débat national. Tant que les Québécois n’auront pas accepté leur sort de minorité en péril, ils n’auront aucun intérêt à faire l’indépendance. On comprend dès lors pourquoi cet interminable débat sur l’identité ne connaît jamais de conclusion. Il favorise le statu quo.
    À cet égard, les nationalistes souhaitent d’abord s’affirmer comme majorité face à une autre majorité, sans nécessairement faire de l’indépendance une priorité. Qu’il soit ethnique ou civique, le nationalisme entretient donc une ambiguïté malsaine auprès du peuple lorsqu’on pose la question de l’indépendance. Il suggère que nous pourrions choisir entre l’un ou l’autre sans que cela ait des conséquences sur notre survie, alors que ces deux nationalismes conduisent tous les deux au même résultat : notre lente assimilation et notre inéluctable disparition.
    En faisant clairement le choix du pays, le débat sur le nationalisme devient dès lors secondaire, et peut-être même obsolète, dans la mesure où nous aurions alors atteint une certaine maturité collective. N’ayant plus besoin de nous affirmer, nous serions... Si le nationalisme est un lieu de passage obligé, il ne peut être un port d’attache. Nous ne saurions donc faire son apologie sans risquer d’y perdre quelques marins indispensables à la longue traversée qui mène au pays, justement ceux qui languissent dans les cales de l’ADQ. Nous le voyons bien, débattre de la nation est une dangereuse diversion.
    ***
    Or, un des dangers qui nous guette, si nous demeurons une minorité au sein d’un Canada uni, est qu’en continuant de croire que nous sommes une nation majoritaire, nous interprétions les phénomènes d’effritement de notre société, de notre langue et de notre économie comme normaux en contexte mondial, alors que dans le cas spécifique du Québec, ces phénomènes sont exacerbés par l’insidieux colonialisme canadien. Un discours soutenu avec vigueur par des médias comme La Presse qui encourage la normalisation de la société, le bilinguisme et délocalisation de nos principaux leviers économiques sous prétexte de la mondialisation.
    Suite ...

  • Louis Lapointe Répondre

    10 juin 2009

    Bonjour Robert Chevalier de Beauchesne, voici un texte qui répond au vôtre, et dans une certaine mesure le complète:
    Lundi 5 mai 2008
    De la nation à la consommation, l’illusion de la liberté
    Débattre de la nation est une dangereuse diversion
    1ère partie
    À l’origine, mon article « Tout oppose nationalisme et indépendantisme » s’appelait « De la paroisse au pays », un titre emprunté à Fernand Dumont et que les éditeurs ont changé, même s’il avait le grand avantage de présenter une vision plus dynamique du pays et moins critique de la nation. La nation, sans y être nommée, étant d’abord perçue comme le lieu de passage vers un objectif plus grand, le pays.
    Ce texte visait essentiellement à contester la thèse de la dénationalisation tranquille de Mathieu Bock-Côté qui décrit la nation ethnique comme une fin en soi. Mon postulat étant qu’en contexte canadien, le nationalisme québécois est stérile s’il ne vise pas la création du pays, un peu comme des racines sans arbre qui pourrissent dans le sol. S’il est un moyen, il ne peut être un objectif, le simple éloge de la nation ayant le grand défaut de ne pas faire avancer le débat sur le pays, en nous faisant miroiter l’illusion de la sécurité que nous procure notre petit univers juste à nous.
    Bien sûr, j’ai pris quelques raccourcis, puisque je ne peux nier qu’il existe également un nationalisme civique, mais même celui-là est stérile s’il ne conduit pas au pays. Je crois que mon texte « Le mensonge des chartes » expose bien cette urgence de faire l’indépendance si nous ne voulons pas demeurer une minorité en péril. Pour des raisons essentiellement juridiques et parce qu’elles sont des outils de normalisation, les chartes ne peuvent tout simplement pas protéger ni notre langue, ni notre nation. Il n’y a pas de majorité française en Amérique parce qu’il n’y a pas de pays pour l’accueillir.
    Le Québec n’est pas une nation, c’est une province du Canada. Dire le contraire est un mensonge, une absurdité et une insulte pour l’intelligence. Pourtant, nos interminables débats constitutionnels nous ont amenés à croire au fil des années que le Québec était une société distincte ou peut-être même une nation au sein du Canada uni sans pour autant que cela ait un iota de conséquences juridiques. De faux débats qu’entretiennent à dessein nos élites politiques et qui ne font qu’ajouter à la confusion qui règne au sujet de l’identité des Québécois, alors qu’il s’agit d’abord d’une question de souveraineté.
    suite ...

  • Michel Guay Répondre

    10 juin 2009

    Avant 1763 les Québecois se nommaient français nés en France ou canadiens nés au Canada entre 1534 et 1763 .
    De 1763 à 1963 notre nom était canadien français ici au Québec et dans tout le Canada identifiant ainsi notre ethnie et notre langue
    Depuis 1963 nous sommes des Québecois de provenances ethnique différentes et il serait contre productif et faux de nous nommer canadiens français .
    Toute les nations du monde ont ainsi changés de noms suivant les étapes de leurs évolutions et un retour en arrière au nom canadien français serait complètement rédicule .
    Votre combat est une perte de temps et un blocage