Réponse à Marcel Haché

«On est [Québécois] ou ben on l’est pas !»

Tribune libre

Bien d’accord Monsieur Haché, pour sortir du marasme, il faudrait faire appel au «Nous», raviver notre sentiment national, sans quoi le «peuple des Tremblay» perdra le peu de conscience de lui-même qui lui reste. Comment ? Voilà la question. Pour moi, cette perte de conscience de notre spécificité nationale est due à la québécitude. Il faut donc la rejeter. Car c’est elle qui, à rebours du bon sens, fait de nous une nation civique avant même d’avoir un État véritablement national, bien avant d’avoir accédé à l’indépendance. C’est aussi la québécitude qui nous oblige à considérer les Canadians du Québec, de souche ou non, comme partie intégrante de nous-mêmes : une aberration sociologique et politique dont nous sommes les seuls à faire les frais.
Pourquoi tout ça ? Parce que nos élites libérales et péquistes, en bonnes héritières du cité-librisme, restent convaincues de l’infériorité congénitale des Canadiens-Français. À leurs yeux, il nous faut gagner l'adhésion des «Anglais», celle des «Autres», se les adjoindre obligatoirement pour prétendre à une existence politique légitime. Sans eux, nous ne valons rien, nous ne sommes rien. C’est le fondement réel de la québécitude, la cause première de notre blocage, de notre aliénation, et aussi la raison pour laquelle le PQ et le Bloc refusent de s’adresser spécifiquement au «peuple des Tremblay». C’est une chose à laquelle un péquiste ne pourra (ni ne voudra d’ailleurs) jamais rien changer, et ce, quelles que puissent être ses qualités ou ses habiletés à ruser, à farfiner sur la question identitaire.
Vous parlez de notre manque de cœur ? C’est vrai, nous en manquons indubitablement. Mais comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? Ça fait plus de 40 ans qu’on nous apprend à détester notre identité, à mépriser les nôtres, à rejeter tout ce qui faisait leur force et leur fierté. Que du mépris pour «les p’tits Canadiens français». Mais ceux-là qui crachent sur leur passé avec morgue et libéralité, savent-ils seulement tout ce qu’ils doivent aux Canadiens-Français, tous les sacrifices, tous les efforts qui ont été par eux consentis et sans lesquels nous ne serions plus ? «Ô ingratitude humaine !» Ça fait 40 ans qu’on nous interdit un amour patriotique qui sonne vrai. On nous l’a assez répété M. Haché, on doit être au dessus de tout ça. On doit faire l’indépendance pour la démocratie, l’environnement, le progrès, l’égalité, pour être de vrais, de bons, de dociles citoyens du monde, mais surtout pas, surtout pas par amour des nôtres. C’est pour cela que je vous dis que souhaiter le renouvellement de la québécitude ou celui du péquisme est vain, on ne peut avoir une chose et son contraire. Comme M. Pierre Bouchard, comme tous ces autres qui se plaignent du souverainisme désincarné du Bloc ou du PQ, il vous faudrait être plus conséquent M. Haché : «On est [Québécois] ou ben on l’est pas !»
Salutations cordiales,
RCdB


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2010

    Je crois que tout a été dit sur le sujet. Fin!
    L'auteur serait avisé de ne plus intervenir dans un débat qui tourne en rond, qui est somme toutes dépassé et, je m'en excuse, qui n'aurait jamais dû être entamé.
    bf

  • Gaston Boivin Répondre

    29 janvier 2010

    "Les délégués des diverses colonies avaient laissé à la discrétion de la reine Victoria le choix du nom à donner à la nouvelle entité géographique..."(Histoire populaire du Québec, tome 3, page 174, de Jacques Lacoursière). L'auteur nous informe qu'ils lui avaient cependant, sujet à son approbation, recommandé celui de Canada et qu'elle y donna, volontiers, suite. Mais il aurait pu en être autrement et, si tel avait été le cas , le débat, que s'évertue à vouloir nous imposer monsieur de Beauchesne, aurait été impossible et il lui aurait fallu trouver autre chose pour multiplier à la puissanceX la zizanie, tant identitaire que politique, qui avait déjà cours au Québec avant l'arrivée de ce nouveau brulôt.
    En effet, Jacques Lacoursière, à la page 142 de l'ouvrage susmentionné, nous apprend qu'à ce projet de nouveau pays, agrandi de d'autres régions qu'à celles du Canada d'alors, il fallait bien donner un nom et que la question intéressait plus particulièrement les anglophones . Ainsi, écrit-il, "Le Globe de Toronto, à partir du début du mois de novembre 1864, publie des lettres de lecteurs suggérant toutes sortes d'appellation. On propose Cabotia , pour rappeler le souvenir de Sébastien Cabot; Colombia, en l'honneur de Colomb; Canadia, Nortland, Aquaeterra, Alberta(pour rappeler le souvenir du prince Albert), Nova Britannia, New Britain, Britannia, Acadia, Tupona, Amérique britannique ou Borelia. Ce dernier nom, qui rappelle la position nordique du territoire, répond à Australia, le pays du Sud, autre possession britannique. Pour un correspondant du Leader de Toronto, le nom d'Efisga serait l'idéal pour désigner le pays, fruit de l'union des colonies anglaises de l'Amérique du Nord puisqu'il est composé des premières lettres des mots suivants: England, France, Ireland, Scotland, Germany et aborigènes". Lacoursière ajoute également que, dans son édition du 10 novembre 1864, La Minerve suggère le nom de Canada ou, au cas où il faudrait un nom de fabrique nouvelle, celui de Laurentide.
    Ainsi donc , s'il avait fallu que le nom de Cabotia fut choisi, messieurs Pratte, Dubuc,et Desmarais auraient officiellement tous été des Cabotins et, tels qu'on les connaît, ils en auraient été surement fiers. Le soussigné, monsieur Bousquet et peut-être aussi monsieur de Beauchesne (son nom cache tant de choses!) et tous les autres fiers descendants de la Nouvelle-France auraient également reçus ce nom mais, dans leur cas, l'ironie aurait assurément pris la place de la fierté.
    On aurait pu également choisir le nom de Aqueterra et nous serions devenus tous des Aquaterriens: Quelle jouissance pour les Verts! Et que dire si le nom choisi avait plutôt été Amérique britannique, Elvis Gratton devenant de ce fait un Américain britannique français de la Nouvelle-France. Pensez au délire qu'aurait provoqué le nom de Boralie, puisque nous serions tous devenus des Boraliens, proches parents, par l'assonance, des Raeliens. Mais la situation la plus invraisemblable et la plus incongrue aurait été que le nom d'Acadia aurait été retenu, de sorte que l'on aurait tous été des Acadiens, y inclus les descendants de ceux qui ont voulu les éliminer comme peuple, la boucle aurait ainsi été bouclée puisqu'ils leur auraient ainsi voler leur nom, seule chose qu'ils s'étaient abstenu de faire jusque là.
    Et si Acadia avait été choisi monsieur Beauchesne, auriez-vous eu des problèmes avec le fait que les Canadiens du Québec eussent voulu faire l'indépendance du Québec? Si vous êtes logique avec vous-même, je ne crois pas. Alors où est le problème? Le fait que ce soit plutôt nous les canadiens qui se soient fait voler notre nom! Faux problème, car nous ne sommes pas des Canadiens mais des Canayens du Québec et ce sont les Canayens du Québec qui ont initié le projet d'indépendance du Québec pour se donner un pays à eux et à tous les Canayens qui en désirent un et qui peuvent venir les y rejoindre , si tel est leur désir, physiquement ou en pensée ou , plutôt, en communion, devrais-je dire.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2010

    Monsieur Chevalier de Beauchesne,
    Si l'indépendance n'aboutit pas au Québec depuis 40 ans, c'est parce que notre classe politique péquiste et bloquiste s'est toujours identifiée à la nation canadienne-française. Cette classe politique supposément souverainiste (mot qui porte à confusion) croit encore à un miracle venant du Canada-Anglais pour le renouvellement du fédéralisme canadien. Depuis la mort de Meech, la porte est cadenassée à double tour et ne sera pas réouverte de sitôt. Ces politiciens rêveurs sont restés accrochés au passé, aux exploits de nos anciens découvreurs tels que la Vérendrye, Marquette, Joliette, le Chevalier de La Salle, les montagnes Rocheuses etc. Je suis très fier de tous ces explorateurs qui ont poussé à la limite les frontières de la Nouvelle-France. Ils font partie à tout jamais de notre histoire et ce n'est pas parce que, aujourd'hui, notre avenir se joue au Québec que nous devons faire table rase de ce passé glorieux. Voyons donc, on ne peut effacer d'un seul trait, de notre mémoire collective, notre histoire!
    Notre classe politique québécoise (tous les partis confondus) ne peut s'identifier à un Québec indépendant pour les raisons que j'ai mentionnées plus haut. Le peuple qui est souverain s'aperçoit de plus en plus qu'il a été floué; ce qui expliquerait le vide politique que nous vivons présentement. Le vieux mythe canadien-français a été démystifié et tant mieux! Actuellement, nous devons envisager l'arrivée d'un nouveau parti politique complètement dédié à l'indépendance du Québec; le PQ est mort et enterré, c'est ce qui explique son grand silence et son inertie présentement. J'ai toujours pensé que les gens qui se disaient Canadiens-Français, ne voulaient pas quitter le Canada à cause de notre passé glorieux d'explorateurs qui continuera à l'être dans un Québec indépendant. Nous ne pouvons être Canadien et Québécois en même temps, nous devons choisir. Mon choix est fait depuis longtemps.
    Vive la République du Québec!
    André Gignac le 29 janvier 2010

  • Raymond Poulin Répondre

    28 janvier 2010

    Au Chevalier de Beauchesne (joli pseudo, en passant, mais qui n’éclaire rien). Nous n’avons pas à gagner l’adhésion des Anglais et celle des autres, comme vous les appelez, nous avons à gagner l’adhésion d’une majorité de citoyens qui ont le droit de vote au Québec, et ce n’est pas forcément la même chose, quoi qu’en disent le PQ ou tous les Q que vous voudrez. L’indépendance ne peut être acquise et reconnue en limitant le droit de vote aux seuls descendants des Canadiens français, vous me semblez suffisamment renseigné pour le savoir. Alors, cessez de faire semblant de l’ignorer. Nous nommer Canadiens français ou Québécois ne changera rien à cette donnée fondamentale. Prétendre cela, c’est du pipeau. Cessez de mêler les cartes en prétendant éclairer la situation.

  • Gilles Bousquet Répondre

    28 janvier 2010

    Alors, est-ce que nous serions de simples Québécois ? Des Québécois francophones ? Des Canadiens-français du Québec, même si nous n'avons plus la citoyenneté française ? Des Canadiens francophones québécois ou du Québec ? Ou, comme sur nos passeports, simplement, des Canadiens ?
    Et les citoyens anglophones de Westmount ? Des Québécois, Des Québécois anglophones, des Québécois anglais ? Des Canadiens anglais du Québec ou québécois pour ceux originaires d'Angleterre ? Des Canadiens anglophones pour les autres ?
    Et si le Québec devient un pays ? Est-ce que tous les habitants du Québec seront des Québécois et ceux de la belle ville de Québec, des Québécois québécois de Québec et du Québec ? Si nous obtenions la double nationalité, le Québécois de la ville de Québec pourrait bien devenir : Québécois québécois Canadien francophone résidant à Québec au Québec...genre.
    Légalement, nous serions actuellement de simples Canadiens, majoritairement "d'expression française" comme ceux qui demeurent dans le ROC, des Canadiens, majoritairement "d'expression anglaise". Des résidents du Québec à double nationalité québécoise-canadienne ?
    Si nous voulions redevenir Canadiens-français sans avoir la nationalité française, faudrait, pour être plus juste nous nommer : Canadiens francophones et, si nous devenions souverains, changer le nom de la Province de Québec en État du Canada francophone ou État du Bas-Canada. Pas certain que ça NOUS plairait.
    M. Elvis Gratton n'était pas loin d'avoir trouvé la réponse dans l'avion.

  • Marcel Haché Répondre

    28 janvier 2010

    Je veux bien qu’on nomme et qu’on nomme très adéquatement les choses et les gens.
    Je prétends seulement et simplement que les gens qui se reconnaissent dans le Nous, devraient être interpelés. Qu’à l’égard de l’indépendance du Québec, ils sont les premiers concernés. J’ai écrit depuis longtemps, sur Vigile, que l’indépendance du Québec, c’était l’indépendance du peuple québécois. Les gens. Les francophones. Parce que le français est au cœur de notre identité.
    Que la « Province de Québec » soit à l’origine une institution anglaise importe peu. Pas de millage politique à faire avec ça pour aucun parti politique. Mais avec le vrai monde dedans la « Province de Québec », oui, les partis politiques sont interpelés. Mais ils se taisent.
    Les Québécois, les Canadien-français, les Tremblay d’Amérique, ne sont pas seulement un peuple à être assimilé, ils sont aussi, Nous sommes, des assimilateurs. Nous pourrions l’être plus encore si l’indépendance à faire était faite.
    Pour tout dire rapidement : « l’indépendance du Québec » n’est pas un saut dans l’inconnu. Les Tremblay d’Amérique savent très bien qui ils sont. Ils savent très bien aussi que l’indépendance est un saut dans le futur, pas dans le passé. Ils sont québécois. Très exactement comme ces fédéralistes devenus souverainistes, cela est arrivé fatalement, et qui ne se perçoivent pas comme « d’ex-fédéralistes ».
    Nous commençons seulement, Nous sommes au début, dans le questionnement, peut-être de la remise en cause, du nationalisme civique.
    Cordialement

  • Archives de Vigile Répondre

    28 janvier 2010

    C'est comme si les Acadiens se disaient maintenant des Néo-Écossais !
    Québec est une province Anglaise. Rien à voir avec la ville de Québec.
    Canada est une fédération Anglaise. Rien à voir avec le Canada d'origine, du St-Laurent, dont la capitale est la ville de Québec.
    Nous sommes hyper-colonisés.
    La mémoire effacée.