Le nationalisme d'ouverture

"L'autre St-Jean"



On a beaucoup parlé au cours des derniers jours de l'intention de certains organisateurs de la Fête nationale d'exclure des artistes anglophones du spectacle prévu dans le quartier Rosemont. Le plus important, toutefois, c'est le tollé qu'a suscité cette intention.
Des Québécois de tous les milieux, politiciens comme artistes, francophones comme anglophones et allophones, indépendantistes comme fédéralistes, ont dénoncé l'attitude rétrograde de ces personnes. C'est ce tollé qui a rassuré l'Association culturelle Louis-Hébert et lui a permis de maintenir l'invitation faite à Bloodshot Bill et Lake of Stew.
Le Québec moderne s'est levé. Ces Québécois restent divisés au sujet de l'avenir politique de la province mais ils partagent le même amour de leur culture et la même ouverture à l'autre.
C'est ce Québec confiant qui s'était exprimé dans le rapport de la commission Bouchard-Taylor et qui l'avait emporté sur une vieille garde frileuse. Comme l'ont écrit les commissaires, «la francophonie québécoise ne doit pas céder au parti de la peur, à la tentation du retrait et du rejet, ni s'installer dans la condition de victime.» C'est ce Québec de tolérance, aussi, qui avait vertement condamné les propos de Jacques Parizeau le soir du référendum de 1995.
Les Québécois francophones se comportent de plus en plus comme une majorité solide plutôt que comme la minorité fragile du passé. Pour eux, l'anglais n'est pas la langue du colonisateur ou de la «grosse madame de chez Eaton», mais la langue d'une minorité qui a beaucoup contribué à l'édification du Québec.
C'est surtout la langue internationale par excellence, qu'on ne peut se permettre d'ignorer. C'est pourquoi des jeunes souverainistes s'opposent à ce qu'on impose l'enseignement collégial en français; ils veulent profiter de leur passage au cégep pour apprendre l'anglais. C'est ce qui explique aussi que des gens de tous âges, de toutes langues et de toutes orientations politiques peuvent partager les mêmes émotions à l'écoute de la poésie de Leonard Cohen.
Ce Québec d'avenir doit continuer de gagner du terrain. Il faudrait par exemple qu'on puisse commémorer des moments douloureux de notre histoire sans faire chaque fois une crise d'apoplexie. Il faudrait aussi que les organisateurs de la Fête nationale aillent plus loin dans leurs efforts d'inclusion. En particulier, on devrait décourager les artistes participant aux grands spectacles de la Fête de profiter de l'occasion pour lancer des appels à l'indépendance du Québec. Ces appels ne produisent rien d'autre qu'un profond malaise chez les Québécois ne partageant pas cette idéologie et qui devraient avoir le droit de fêter en paix.
Le Québec ne survivra comme société originale en Amérique du Nord que s'il demeure français. Il ne se développera comme société moderne que s'il est ouvert sur le monde et multiculturel.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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