L'Autre Saint-Jean: pensons-y à deux fois

Le rôle ambigu de Marilyne Lacombe

"L'autre St-Jean"

Je ne connais pas intimement Marilyne Lacombe mais je l’ai côtoyée quelque peu ces dernières années. C’est une petite personne à lunettes d’environ 20 ans dont le visage n’est pas désagréable. Mais elle a le regard fuyant et saluer une personne de ses connaissances semble pour elle une chose triviale peu digne d’être pratiquée. Sauf peut-être pour une minorité de ses bons amis.
Elle est présente dans les instances de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal depuis environ trois ans. Elle a fait partie du Conseil jeunesse avant d’accéder à la présidence de la section René-Lévesque (centre-est de Montréal) il y a un an et demi. Elle a aussi participé à quelques manifestations du Mouvement Montréal Français mais on la voit moins depuis quelque temps.
Elle a aussi été très proche de Jean-Claude St-André, se faisant même la porte-parole de son exécutif qui voulait empêcher la tenue de l’investiture d’où J.-C. St-A. avait été exclu en novembre dernier à L’Assomption. En 2007, elle occupait un poste important au sein du personnel électoral de Jean-Claude St-André, qui devait subir la défaite à l’élection de mars.
Au début de ce mois (mars 2007), je l’avais rencontrée au local du PQ en allant porter une contribution avant de partir en voyage. Je m’étonnais auprès d’elle que, quelque deux semaines après le début de la campagne, il n’y ait presque pas d’affiches de Jean-Claude St-André dans les rues alors qu’il y en avait une bonne quantité de rangées dans un coin du local. Elle m’expliqua, sûre d’elle, qu’il y en aurait très peu de posées « parce que cela ferait de la pollution »!!! Le candidat perdit par plus de 2000 voix dans cet ex-comté de Jacques Parizeau.
Tout cela pour situer un peu la conceptrice de « L’Autre Saint-Jean », qui se propose de présenter un spectacle bilingue dans Rosemont le 24 juin prochain.
La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal s’est prononcée à plusieurs reprises en faveur de l’unilinguisme français au Québec; elle est donc contre le bilinguisme. Depuis quelques années, elle se fait l’apôtre du français langue commune.
Cela, Marilyne Lacombe le sait. Au lieu de se conformer à cette ligne d’action, elle choisit d’aller à contre-courant en concevant et en participant à l’organisation d’un spectacle bilingue le 24 juin en plein Montréal francophone. Rappelons que ML fait partie et est ex-présidente d’une section de la SSJBM. Il y a comme un problème.
Sur le plan de la discussion générale, on peut toujours arguer, comme certains l’ont fait, que les groupes anglophones invités représentent la minorité anglophone qui constitue une part de la nation québécoise. Surtout que ces groupes, apparemment, acceptent l’idée de peuple québécois et même d’indépendance du Québec.
SAUF :
- que ces groupes s’expriment en anglais, qui est une langue omniprésente et surreprésentée au Québec à longueur d’année, en particulier au niveau des chansons;
- que, par choix et depuis longtemps, les Québécois ont décidé de réserver le 24 juin à l’expression de la culture majoritaire française; c’est la seule journée dans l’année où à peu près tous les spectacles se font uniquement en français à travers tout le Québec;
- que de nombreux anglophones et représentants d’autres minorités (Jim Corcoran, Nanete Workman, Luck Mervil, Samian, etc.) se sont, dans le passé, joints aux francophones pour fêter en français notre fête nationale;
- que, de la même façon, ces groupes invités à Rosemont, qui partagent les vues des Québécois et qui en font partie, pourraient très bien faire l’effort de s’exprimer et même de composer en français langue commune à cette occasion; sinon, ils pourraient faire leur prestation dans l’ouest de Montréal en essayent de rallier à la fête leurs compatriotes anglophones;
- que les Fêtes nationales francophones, contrairement à ce que d’aucuns prétendent, ont toujours été d’immenses succès et répondent à un besoin et au désir d’une très grande partie de la population; on a parlé de spectacles « nostalgiques » : c’est un peu vrai mais qu’est-ce que Paul McCartney ou Elvis Story sinon de la nostalgie pure? ; le succès d’un spectacle, quel qu’il soit, ne provient-il pas d’un heureux mélange d’ancien et de nouveau?
- que ceux qui veulent absolument être tendance ou alternatif (et tendance et alternatif veulent souvent dire anglais pour beaucoup d’eux) ont 364 jours pour l’être; la tendance le 24 juin ne peut-elle pas s’inverser pour respecter l’esprit de la fête et redécouvrir nos racines?
- que la multiplication des spectacles bilingues le 24 juin nous ramènerait en plein dans l’esprit 400e de Québec, où il fallait fêter pour fêter peu importe ce qu’on fêtait; il faut éviter que la Fête nationale du Québec devienne un fourre-tout et qu’elle perde sa raison d’être;
- qu’une concession de plus à l’anglais, quelle que soit la noblesse de son motif, nous fait avancer dans le processus de « louisianisation » et de « franco-américanisation » du peuple québécois; voulons-nous finir comme ces communautés?
Pour en revenir à Marilyne Lacombe, elle a à pousser sa réflexion : ou elle continue dans la voie de la bilinguisation, ou elle revient à l’objectif du français langue commune. Ce serait dommage qu’après L’Autre Saint-Jean, elle conçoive L’Autre Société Saint-Jean-Baptiste.


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7 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    15 juin 2009

    @ Marie Mance Vallée:
    Je présume que ça doit être dur, très dur, oui, de voir tranquillement se métamorphoser le Québec tel qu'on le connaissait...
    Le plus fou, dans tout ça? C'est que cette même génération Y va se faire f------, finalement, j'en ai l'impression. Car ils s'efforcent d'être très «ouverts», et politiquement corrects, etc, mais tout ça pour quoi? Pour qu'un jour, des employeurs donnent des jobs qui auraient pu leur revenir à des immigrants allophones, qui feront le travail à moindre salaire! Enfin, pas pour tous, mais je crains que le phénomène aille en s'amplifiant.
    Croyez-vous qu'en Inde, par exemple, ils donnent aux écoliers des cours concernant la culture québécoise? C'est bien beau les questions d'intégration des différentes économies, de mondialisation,, et tout ça; mais s'il s'agit de faire du commerce avec les gens de cultures étrangères, pourquoi enseigner à nos enfants les détails de leurs pratiques religieuses? En quoi diable est-ce pertinent?

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juin 2009

    @ Jean-François-le-Québécois
    Vous êtes de la génération X. Imaginez l'état d'âme de celle qui depuis 1958 milite pour la survivance de la langue française. De cette génération qui bientôt passera sur l'Autre-Rive.
    @ Gébé Tremblay
    À tout hasard et pour répondre à M. Tremblay, et si le coeur vous en dit, relire un article que j'avais écrit en avril 2006.
    http://www.vigile.net/Les-specialistes-de-l-ombre
    Marie Mance Vallée

  • Jacques Bergeron Répondre

    14 juin 2009

    Il y en a, comme cette dame, qui aime bien démontrer leur sens de l'accueil dans la langue de celui qui occupe notre territoire et notre espace politique et économique, avec la complicité joyeuse et assujettissante des Anglo-saxons. Rectitude politique,rectitude politique, quand tu me tiens; «que ne puis-je faire», «que ne puis-je dire», pour assujettir mon peuple en ton nom! Pourtant toutes et toutes devraient savoir que j'agis comme une esclave dans l'organisation de la fête dénoncée par M. Richard! Merci à Claude Richard d'avoir écrit ce texte.

  • Laurent Desbois Répondre

    14 juin 2009


    Pourquoi ne pas organiser ce concert dans notre Rhodésie Québécoise…. Le West Island?? Avec ces Anglos qui nous aiment tellement!!!!
    Les vrais Anglos Québécois (et il y en a!) seront au parc Maisonneuve et seront fiers de l’être!!!!

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juin 2009

    Je vous conseille d'aller chercher les manuels du cours ECR pour le primaire 1-2-3. Vous comprendrez bien vite ce qui est réservé pour la prochaine génération.
    La dénationalisation complète par la désinformation et le lavage de cerveau, dès l'âge de 6 ans !
    Le PQ y collabore à 100% depuis 1998. C'est même le fond de son programme.
    La dernière sortie de de Jean-François (dénationa)Lisée en est une confirmation.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2009

    Si je me fie à ce que vous dites, Maryline Lacombe appartient à la génération Y. Pour ma part, je suis de la génération X; en effet, je suis d'une des toutes dernières cohortes de cette construction des sociologues.
    Je côtoie beaucoup de gens de la génération qui est celle de Mme Lacombe. Je les apprécie, sincèrement, mais quand je les observe de ce point de vue qui est le mien, je leur trouve un certain talon d'Achille... Une faille que d'autres pourraient exploiter.
    C'est qu'étant, disons, un produit de leur époque, ils sont préoccupés par des questions telles que l'environement, la mondialisation, etc... Mais ils ont grandi, en baignant dans la rectitude politique; on dirait qu'elle leur rend parfois difficile le fait de penser d'abord en fonction des intérêts de LEUR propre communauté (avant de se soucier du sort des autres). Encore qu'ils aient un peu de difficulté, peut-être, avec cette notion de communauté, mais je ne veux pas m'éparpiller...
    Leur préoccupation pour des choses telles que la pollution, la survie des espèces menacées, les sources d'énergie renouvellables, c'est bien louable (et aujourd'hui nécessaire); je ne dis point le contraire, mais...
    C'est que je trouve que leur esprit est devenu comme cloisonné; comme s'il fallait, SOIT s'occuper de l'environnement, la faune, etc, SOIT de l'avenir politique de leur nation québécoise, et de la survie de leur langue française. Et pour beaucoup d'entre eux, tout ce qui touche à l'idée de la souveraineté, c'est ringard, c'était «un trip» ou une mode, du temps où leurs parents Baby bommers avaient leur âge...
    Je trouve que parfois, parmi les Y qui sont en position de décision où d'autorité, il y en a donc, qui ont de la difficulté à démêler les priorités. Comme peut-être, Maryline Lacombe, qui préféra placer peu d'affiches pour la campagne à laquelle vous avez fait référence, disant que ça ferait de la pollution en moins... alors que ces affiches, au moment opportun, auraient pu être recyclées.
    Maintenant, Mme Lacombe semble vouloir être à ce point politiquement correcte, et ouverte, et préparer un Saint-Jean inclusive, qu'elle va offrir aux gens de Rosemont, une Saint-Jean-Baptiste bilingue. Comme si nous n'étions pas assez submergés, étouffés par la langue anglaise, tout le restant de l'année!Je crois que tout cela reflète une sorte d'étouffement de soi par la rectitude politique et un désir mal adapté d'être «ouvert» (sic) selon les critères de l'Autre. Quoique, ça reflète une bonne dose de naïveté, aussi!

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2009

    La voix de son maître plutôt que la voix qui porte notre fierté à nous ?
    Identification-soumission- assimilation au dominant! ISA...
    Ceux qui, parmi les francophones, font ce choix devraient réécouter ou écouter Pauline Julien dont la voix donnait des frissons dans:
    Mommy
    Mommy mommy, I love you dearly
    Please tell me how in french
    My friends used to call me ?
    Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise
    Groulx, Papineau, Gauthier
    Fortin, Robichaud, Charbonneau
    Mommy mommy, how come it’s not the same
    Oh mommy mommy, what happened to my name
    Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
    Much too late
    Mommy mommy, I love you dearly
    Please tell me where we used to live in this country
    Trois-Rivières, St-Marc, Grand-Mère
    Gaspé, Dolbeau, Berthier
    St-Paul, Tadoussac Gatineau
    Mommy mommy, how come it’s not the same
    Oh mommy mommy, there’s so much in a name
    Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
    Much too late
    Mommy mommy, I love you dearly
    Please sing the song you sang when I was a baby
    Fait do-do, cola mon p’tit frère
    Fait dodo, mon p’tit frère fait do-do tu auras du lo-lo.
    Mommy mommy, I remember the song
    Oh mommy mommy something seems to be wrong
    Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
    Much too late
    Mommy mommy, I love you dearly
    Please tell me once again that beautiful story
    Un jour, ils partirent de France
    Bâtir ici quelques villages, une ville, un pays
    Mommy mommy, how come we lost the game
    Oh mommy mommy, are you the one to blame
    Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
    Much too late
    Nicole Hébert
    en espérant que je ne bafoue pas les droits réservés ci-après!
    Paroles: Gilles Richer et Marc Gélinas (1971)
    Interprètes originaux: Dominique Michel et Marc Gélinas - Album : Tiens-toi bien après les oreilles à papa (1971)
    Musique: Marc Gélinas
    Tous droits réservés © 1975/1982/1993/1996 Pauline Julien