"Le PLQ éclipse le PQ." Cette manchette de La Presse, relatant les résultats d'un sondage CROP, date de... novembre 2001. Huit mois après que Bernard Landry soit devenu chef du Parti québécois et premier ministre. À la lumière des graves difficultés qu'a connues M. Landry au cours de ses quatre années à la direction de cette indomptable formation politique, on ne peut qu'être consterné par la déloyauté dont il a fait preuve toute la journée de mardi, en lançant une pluie de flèches empoisonnées en direction de son successeur, André Boisclair.
M. Boisclair a certes déçu depuis qu'il a pris les rênes du PQ. Peut-être n'a-t-il pas ce qu'il faut pour diriger un parti ou le Québec. Il est toutefois bien tôt pour tirer une telle conclusion, sur la base de quelques erreurs et de sondages qui, somme toute, d'un point de vue péquiste, sont loin d'être catastrophiques (seulement trois points de retard sur le PLQ).
Il n'est pas rare qu'un nouveau chef vive un apprentissage difficile. Bernard Landry devrait le savoir plus que tout autre. Quand celui-ci soutenait hier que "le PQ était à 47% lorsque j'ai quitté", l'ancien premier ministre fait preuve d'une mémoire extraordinairement sélective. En mai 2002, quatorze mois après avoir été choisi comme chef - c'est-à-dire à la même étape que celle où se trouve André Boisclair aujourd'hui - le Parti québécois n'avait plus que 26% des intentions de vote: controverse sur le lobbying, démission de Guy Chevrette, forteresses péquistes perdues lors d'élections partielles, les choses allaient bien plus mal pour le PQ à l'époque que maintenant.
Aux élections de 2003, le Parti québécois a obtenu son pire score depuis 1973, avec 33% des suffrages. Il est vrai que, grâce aux premiers mois lamentables du gouvernement Charest, le parti a repris du poil de la bête. Mais en décembre 2004, un sondage révélait que 57% des Québécois, dont la moitié des électeurs péquistes, souhaitaient le départ de Bernard Landry. Et lorsque ce dernier, blessé dans son orgueil, a décidé de démissionner en juin 2005, rares sont les péquistes qui se sont précipités pour le retenir; on s'est tout de suite lancé dans la course à la succession. Alors il y a quelque chose d'indécent à ce qu'aujourd'hui cet homme se pose en sauveur. D'autant que ce faisant, il n'a fait qu'aggraver les difficultés de celui qui l'a remplacé et qui, lui, a été élu par les membres du parti.
Il y a deux semaines, nous déplorions que le gouvernement Charest n'ait pas cru bon souligner, lors de l'inauguration des travaux de dérivation de la rivière Rupert, la contribution clé de la paix des Braves signée par M. Landry. La paix des Braves, c'était Bernard Landry à son mieux: visionnaire, volontaire. Ce que nous avons vu mardi, c'est le côté sombre de M. Landry: suffisant, rancunier. L'envers exact du "militant exemplaire" qu'il se targue d'être. Un bien triste épilogue à une brillante carrière politique.
Plusieurs reprochent à André Boisclair son manque de jugement. Son prédécesseur a montré cette semaine qu'aussi intelligent et expérimenté soit-il, il n'en a pas davantage.
apratte@lapresse.ca
Le militant déloyal
Crise de leadership au PQ
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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