Où va André Boisclair ?

Crise de leadership au PQ



Humilité et André Boisclair sont deux mots qui ne vont pas ensemble. Et pourtant, il lui en faudrait au moins un peu pour être premier ministre dans quelques mois seulement. S'il est un poste qui exige de l'humilité, c'est bien celui-là. Comme en plus, c'est juste la bonne dose qu'il faut posséder, André Boisclair a du pain sur la planche. À moins qu'il ne préfère de la baguette. De la baguette magique alors...
Je ne connais pas André Boisclair. Je ne l'ai jamais rencontré en personne. Je ne peux que l'observer de l'extérieur. Il a de toute évidence une belle gueule, une élégance de mannequin et l'éloquence d'un bon élève doué en français. Boisclair, au premier abord, séduit plus qu'il ne rassure. Il a le charme d'un grand adolescent qui refuserait d'accepter que le temps a passé et qu'il a vieilli. Il se présente comme un agneau, mais au bout de ses mains, je suis sûre qu'il a des griffes.
Il n'hésite pas à clamer sa descendance en ligne droite de René Lévesque. Pas plus qu'il n'a hésité à promettre une autre équipe de rêve pour la prochaine élection, sans s'assurer auparavant de pouvoir livrer la marchandise. Ce sont des prétentions qui risquent de le desservir et de chasser des recrues nécessaires qui auraient renforcé une députation éventuelle qui ne manquera pas de défis dès son élection.
Il a, me semble-t-il, une légère tendance à l'éparpillement. Certaines des décisions le concernant donnent à penser qu'il prend la vie à la légère et qu'il manque de profondeur. Le public ne sait pas encore qui il est vraiment et les électeurs n'ont toujours aucune idée de ce qu'il a à leur proposer pour une administration saine et stimulante du Québec.
Il est en fait tout le contraire de René Lévesque, qui n'avait ni la belle gueule, ni l'élégance d'un mannequin et au mieux, l'éloquence râpeuse d'un journaliste vieillissant. René Lévesque, qui, malgré ses horribles défauts, n'a jamais été remplacé dans le coeur des gens... Pour en être l'héritier, Boisclair devrait se dépouiller de son «personnage» pour se livrer tel qu'il est, sans fausse modestie mais avec franchise et confiance.
Changer André Boisclair
La rumeur court depuis quelques semaines que les péquistes se rongent les doigts jusqu'au coude d'avoir choisi André Boisclair. Ils l'ont voulu, ils l'ont eu. Ils n'affichent pas trop ouvertement leurs regrets, mais ils s'interrogent sérieusement sur la capacité de Boisclair d'aller convaincre l'électorat de la nécessité d'un changement de gouvernement qui, logiquement, avec le degré d'insatisfaction de la population par rapport au gouvernement Charest, devrait aller de soi.
Ils ont l'air de penser que la tâche sera difficile et que la victoire est loin d'être acquise. On souffle même que la campagne de financement bat de l'aile et que l'ardeur des troupes s'est grandement refroidie. Une situation inquiétante au moment où la machine devrait être en pleine possession de sa force et prête à démarrer en un quart de tour.
Au travail!
Les faiseurs d'image pourraient peut-être se mettre au travail dès maintenant. On a en mémoire certains politiciens dont l'image a été changée complètement le jour où ils ont laissé tomber la veste et qu'ils ont roulé leurs manches de chemise en montrant que le travail ne leur faisait pas peur. Peut-être faudra-t-il en arriver là avec Boisclair.
Il faut certainement casser l'image du beau gosse qui n'a jamais vraiment travaillé de ses deux mains et qui voyage sur un nuage tiré par quatre chevaux élégants. Il est temps que cet homme revienne sur terre, qu'il prenne ce pays à bras le corps et qu'il commence à pelleter. C'est essentiel pour que le peuple le suive. Autrement, il va falloir qu'il descende à la première gare.


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