George W. le mal aimé

17. Actualité archives 2007


Le président des États-Unis ne devait pas avoir très envie de vivre sa journée d'hier. Il devait livrer le discours à la nation et il devait se sentir le plus seul des hommes de la planète en le faisant. Nu. Isolé. Rejeté par une majorité d'Américains. Et seul comme on peut l'être seulement quand on est au sommet et que tout va mal.
Au dernier sondage, seulement 28 % des Américains croient que le président Bush fait une bonne job là où il est. Certains ont dit que c'était le pourcentage le plus bas jamais atteint par un président en fonction. Plus grave encore, 58 % des conservateurs américains, de son propre parti, désapprouvent son plan de relance pour l'Irak qui consiste à envoyer plus de 23 000 nouveaux soldats pour renforcer ceux qui s'y trouvent déjà.
Comment fait-on dans ces conditions-là pour livrer le discours à la nation qui sert à faire le point sur ce qui a été accompli depuis l'élection du président et à indiquer les choix et les avenues qu'on se propose d'explorer pour un avenir meilleur pour les citoyens qui vont devoir voter dans moins de deux ans.
C'est ce qu'on appelle une journée de merde. Une journée devant laquelle n'importe quel être humain, normalement constitué, va se recoucher, se fait porter malade, décroche son téléphone, cesse d'exister pour le monde entier, histoire de remettre ses idées en ordre, de réexaminer la situation et de savoir où il en est.
Pas le président des États-Unis.
George W. avait rendez-vous avec la nation. Pas le choix. Il ne pouvait envoyer ni un fax, ni un courriel.
Il devait se présenter devant les caméras de télévision, affronter en personne tous ces représentants du peuple devant lui en sachant qu'il y a parmi eux une majorité qui ne peut plus le sentir. Serrer des mains en souriant comme si tout allait bien.
Quitter la table
Est-ce qu'il lui arrive de vouloir quitter la table? Le président Bush rêve-t-il parfois à sa vie après la Maison-Blanche ? Ou le désir de pouvoir a-t-il complètement remplacé le sang dans ses veines?
À quel moment un chef d'État réalise-t-il qu'il a cessé d'avoir le pas et que la majorité de ceux qui l'entourent marchent à un autre rythme que le sien? Est-ce le signal que la fin est proche?
A-t-il jamais eu, une seule fois, le goût de démissionner? Comment fait-on pour rester accroché au pouvoir quand personne ne veut plus de vous?
Le désamour en politique
Le cas de George W. n'est pas unique. D'autres politiciens connaissent également le désamour des citoyens qui les ont pourtant choisis. C'est le cas de Stephen Harper et de Jean Charest pour ne nommer que ceux-là.
Stephen Harper a beau multiplier ses avances envers le Québec qu'il courtise de façon assidue, sa cote de popularité ne suit pas l'ampleur de son désir. Et de loin. Il paraît même que dans certains sondages, il serait moins populaire qu'il ne l'était lors de son élection il y a un an.
Dans le cas de Jean Charest, les sondages semblent démontrer que le Parti libéral fait des progrès auprès des électeurs québécois, mais que lui-même ne progresse pratiquement pas. Il reste bien en dessous du pourcentage de satisfaction qu'il voudrait atteindre.
Voilà trois mal-aimés qui doivent se réveiller la nuit pour se demander ce qu'ils pourraient bien faire pour se faire aimer. Et qui ne trouvent pas.
On aurait envie de leur dire d'en faire le moins possible. C'est encore quand ils ne font rien qu'on les aime encore le plus. Ça fait moins de dégâts.


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