Le français : 36 ans plus tard

Tribune libre 2008


La Presse rapportait récemment de nombreux cas de violation de la loi qui
oblige l’étiquetage en français des produits de consommation : la situation
se détériore. En 1972, nous avions fait partie, tous les deux, d’un petit
groupe de finissants en droit de l’Université de Montréal qui avaient
intenté, avec succès, des poursuites contre les supermarchés Steinberg, IGA
et autres « grosses légumes » pour non-respect de la Loi des produits
agricoles et des aliments, qui prescrivait déjà la même obligation. Le
règlement issu de cette loi avait été adopté en avril 1967 mais les
gouvernements de Daniel Johnson père, de Jean-Jacques Bertrand et de Robert
Bourassa n’avaient intenté aucune poursuite contre les délinquants. Par la
suite, la loi 101, adoptée en 1977, a renforcé et élargi ces dispositions à
tous les autres produits.
La Presse du 3 juillet 1972 titrait, en page un, sur six colonnes : « Qui
combat l’unilinguisme anglais s’enrichit ». En effet, à l’époque, la Loi
des actions pénales prévoyait que la moitié des amendes payées par les
compagnies condamnées était versée au plaignant. Les compagnies ont dû
débourser des milliers de dollars d’amende qui ont souvent été versées
ensuite par les plaignants à de nobles causes comme l’hebdomadaire
Québec-Presse. Trente-six plus tard, le combat doit encore être mené, mais
les consommateurs n’ont plus le droit de déposer des plaintes privées (à la
suite de revendications faites par les champions de l’entreprise privée!)
car le gouvernement Bourassa, en 1974, a retiré ce droit au consommateur
(La Presse, 5 juillet 1974). Pourquoi le gouvernement n’applique-t-il pas
plus rigoureusement sa propre loi?
Jacques Fournier

Jean-Yves Gagné
Montréal, le 16 juin 2008.
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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    Jacques Fournier et Jean-Yves Gagné.
    D'abord je vous salue amicalement. Vous êtes ce que la Société St-Jean-Baptiste appelle des "patriotes". Pourquoi 36 ans plus tard faut-il refaire les mêmes luttes en faveur du français menacé; pourquoi la loi 101 n'est-elle pas respectée? Parce qu'en plus d'être en Amérique du Nord où l'anglais domine, nous sommes toujours une province d'un pays bilingue où l'anglais (et le français) est la langue officielle.
    Comme l'a dit Me Guy Bertrand, il faut demander à l'ONU de reconnaître tout ce qui est français en Amérique du Nord comme faisant partie du patrimoine culturel mondial de l'humanité, un patrimoine qui devrait être préservé au même titre que le lac St-Pierre ou Charlevoix au niveau écologique. On verrait alors le caractère ridicule des démarches juridiques ou autres de tous ceux (avec Brent Tyler en tête) qui essaient de miner et d'affaiblir la loi 101 qui est un moyen primordial pour préserver le caractère français du Québec.
    Il faut faire l'indépendance.
    Robert Barberis-Gervais

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juin 2008

    Rappelons-nous : « Il n’y a pas de peuple sans sa langue, pas de langue sans sa culture, pas de culture sans un destin, pas de destin sans son épanouissement, pas d’épanouissement sans —pleine— liberté, pas de —pleine— liberté sans droit à gérer son avenir sur son territoire. » Anonyme
    ***
    Et n'oublions pas : Quand en Démocratie existent des décisions contractuelles réciproques entre les électeurs et les élus, ces décisions font que le pouvoir politique soit beaucoup plus démocratique, efficient, pragmatique et résolument plus fort pour faire face aux défits collectifs qui se présentent chaque jour devant nous dans ce monde de globalisation sauvage et d’expansionisme démografique antioccidental. Cette symbiose d’union entre le pouvoir des citoyens et celui détenu temporairement par nos représentants politiques est le seul moyen capable d’assurer l’épanouissement des citoyens dans l’harmonie qui encadrera la force requise pour vaincre nos abversaires et conquérir le plein droit politique destiné à gérer notre propre destin national québécois.
    JLP