Les journalistes du journal de Montréal ont été mis à la rue. La Presse a arraché aux siens des concessions majeures. Radio-Canada a coupé sa salle des nouvelles du tiers. Canwest, au Canada, dépose le bilan. Et Le Devoir, lui, fête ses 100 ans en clôturant son année financière avec des surplus record!
La presse est en crise. Ici autant qu'ailleurs. Certains s'inquiètent. D'autres non. J'en suis. Le modèle essentiellement marchand d'organisation de ce secteur frappe un mur. Celui de l'assèchement de la pensée, de la critique et du débat. Les grands médias se ressemblent tous. Ils voient les mêmes évènements. Les analysent avec la même grille. S'alimentent aux mêmes agences. Font parler les mêmes acteurs. S'interviewent entre eux! Et appartiennent aux mêmes écuries. Au Québec, elles sont nombreuses! Deux exactement. Le Devoir n'en fait pas partie. De ces écuries, on a vite fait le tour. Le peuple aussi.
Dans pareil contexte, la démocratie est mal servie. La conduite démocratique des affaires de la Cité suppose un espace très large de circulation de l'information, d'échange critique de points de vue divers, de propositions et de contre-propositions faisant en sorte que la société travaille sur elle-même pour en arriver à constituer un point de vue qui corresponde à l'intérêt général. À défaut de nourrir la démocratie, la presse, qui a pour objectif premier le profit maximal, sert plutôt la démagogie. Évidemment, il y a plus d'argent à faire en léchant qu'en questionnant.
Le modèle dominant arrive à sa fin. De petits médias poussent. Des réseaux citoyens se structurent. Les nouvelles technologies offrent de nouvelles possibilités. Et Le Devoir, indépendant, au seul service du débat public depuis 100 ans, est en pleine santé. Le modèle qui a traversé le temps et celui qui émerge s'en tiennent à l'information comme finalité première et structurent l'organisation en ordre de marche pour l'atteinte de cet objectif.
Que meurent tous les chacals pour qui l'information n'est que prétexte à clinc clinc et bling bling!