Le premier siècle d'existence du Devoir s'est conclu hier. Pour ce journal qui a été créé et qui a vécu ces 100 ans avec peu de moyens, cette traversée fut un exploit que nous devons à des artisans, à des lecteurs et à des amis convaincus de la nécessité d'un journal indépendant. Des gens qui y croient tout autant alors que s'ouvre aujourd'hui son deuxième siècle.
S'il est une chose que nous retenons des douze derniers mois au cours desquels nous avons célébré ce premier centenaire, ce sont tous ces témoignages nous exprimant une amitié et une solidarité que nous pouvons qualifier d'indéfectibles puisqu'elles durent depuis 100 ans bien comptés.
Cette célébration des 100 ans du Devoir fut d'une certaine manière un événement spontané. Bien sûr, des bénévoles réunis autour de la société Les Amis du Devoir avaient préparé une série d'événements pour lesquels ils avaient obtenu l'appui de commanditaires et de partenaires. Il faut remercier d'ailleurs ces généreux bénévoles. Mais le ralliement autour du Devoir fut tel que nous avons tous été en quelque sorte dépassés.
La réaction des lecteurs et de nos amis, avouons-le, nous a surpris par son intensité, comme le 10 janvier 2010 lors de la rencontre avec les artisans du journal au marché Bonsecours. Et que dire de l'avalanche de messages reçus par courriels ou par la poste qui tous nous disaient l'importance de ce rendez-vous quotidien que représente la lecture du Devoir! Des témoignages venus tout autant d'abonnés fidèles, pour qui la lecture du Devoir se transmet de génération en génération, que de nouveaux abonnés qui, cette année, nous ont rejoints en grand nombre.
À quoi tient ce ralliement, sinon au fait que Le Devoir est ce qu'il est, et ce, avec constance depuis 100 ans? Ce que son fondateur, Henri Bourassa, voulait qu'il soit, un journal indépendant, il l'est demeuré envers et contre toutes les difficultés. Il voulait cette indépendance pour mettre le journal et ses artisans à l'abri de toutes les influences afin qu'ils puissent défendre et porter des valeurs qui se résument dans un concept aussi simple que celui du bien commun. Ce que Bourassa appelait à son époque le bien public qu'il voulait voir triompher sur l'esprit de parti et les appétits individuels. Il savait que ce serait là un combat perpétuel qui ne pouvait être mené sans liberté de penser.
Cette indépendance est certainement le bien le plus précieux du Devoir. Elle lui permet d'être une voix différente dans un univers médiatique que la concentration de la propriété réduit de plus en plus. Elle lui permet d'être ce lieu de débat qui accueille toutes les opinions. Elle lui permet d'être un espace de réflexion sur l'avenir de notre société. Il ne s'agit pas ici de se croire meilleur que les autres, mais de constater que la diversité des moyens d'information et des points de vue est essentielle à une vie démocratique vivace.
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Que sera le deuxième siècle du Devoir? Il serait présomptueux de vouloir prédire l'avenir, sinon pour dire que ce journal évoluera sans doute dans sa forme pour s'adapter aux nouvelles technologies, ce en quoi il a toujours été un précurseur. Il aura certainement à affronter de nouvelles difficultés, d'autant que notre journal évolue dans un monde où la concurrence est vive. Mais il durera s'il reste fidèle aux valeurs qui ont été les siennes ces 100 dernières années. Il durera s'il sait accompagner la société québécoise dans la recherche d'un avenir porteur d'une pérennité de la culture et de la langue française en Amérique.
À l'aube de ce nouveau siècle, les artisans du Devoir peuvent être confiants, sachant qu'ils peuvent compter sur l'appui de lecteurs qui sont plus que de simples lecteurs. Des lecteurs qui sont aussi des amis, avec qui nous formons une communauté serrée. De voir qu'elle peut s'élargir nous permet tous les espoirs. Mais dans la tradition qui est la nôtre, le passé nous ayant appris à être prudents, ce prochain siècle, nous le traverserons une année à la fois. À tous ces lecteurs et amis, 100 fois merci de votre fidélité et de votre amitié.
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bdescoteaux@ledevoir.com
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