L'Assemblée nationale a mis fin hier à sa session d'automne. Le climat a été moins tendu et les travaux des députés ont été plus productifs qu'à la session du printemps. Néanmoins, les relations demeurent difficiles entre l'opposition et le gouvernement Charest, dont tous les efforts pour retrouver la confiance des Québécois demeurent vains. Bilan de cette «annus horribilis» pour le Parti libéral.
Il y a quelques jours, on célébrait le deuxième anniversaire de la réélection du gouvernement Charest. Célébrer est un bien grand mot, car l'anniversaire a été passé sous silence par les libéraux eux-mêmes, qui préféraient faire oublier que le 8 décembre 2008 ils avaient recueilli 42,08 % des suffrages alors qu'aujourd'hui les sondages ne leur accordent plus guère que 28, 30 ou 32 % des intentions de vote selon les mois. Quant au taux d'insatisfaction, il a atteint 75, voire 78 % ces derniers mois, ce qui a conduit à leur défaite spectaculaire lors de la complémentaire dans Kamouraska-Témiscouata.
Dans la tempête, Jean Charest essaie de garder le cap. Hier encore, il invitait à le juger sur les résultats de son mandat. Mais force est de constater que, s'il fait bien certaines choses et qu'il essaie de répondre aux attentes des Québécois, en environnement ou en matière de finances publiques par exemple, par contre, sur LE sujet qui préoccupe tous les Québécois, il agit à contretemps. Ce sujet est celui de la corruption et de la collusion dans l'industrie de la construction, et il a été débattu presque tous les jours à la période de questions à l'Assemblée nationale.
La gestion que fait le gouvernement Charest de cette question est essentiellement réactive. Chaque fois que de nouvelles révélations surviennent, il pose un geste. C'est ainsi qu'il a créé l'escouade Marteau, qu'il lui a octroyé des budgets supplémentaires, qu'il a lancé l'idée d'une escouade permanente. Tout pour ne pas faire d'enquête publique, seule façon pourtant d'exposer publiquement les systèmes de corruption qui se sont mis en place. Les enquêtes policières conduiront éventuellement à des condamnations, mais elles ne jetteront aucun éclairage sur les dessous de ces systèmes. On l'a compris cette semaine lorsque les entreprises de Tony Accurso, Louisbourg Construction et Simard-Beaudry, se sont octroyé un droit au silence en reconnaissant immédiatement leur culpabilité à des accusations de fraude fiscale.
L'improvisation avec laquelle le gouvernement libéral traite ce dossier laisse croire en l'absence de réelle volonté de s'attaquer à la corruption avec toute la vigueur nécessaire. Est-ce pour se protéger contre les retombées possibles d'une enquête sur le gouvernement et le Parti libéral ou par simple manque de conviction? Il y a lieu de s'interroger sur les valeurs qui animent ce parti quand on voit qu'il vient enfin de concourir à l'adoption cette semaine d'une loi sur la création d'un poste de commissaire à l'éthique à l'Assemblée nationale. Il s'agissait là d'une promesse faite en 2002. Pour y arriver, il aura fallu sept ans et la pression d'une opinion publique choquée par l'accumulation des scandales. Pourquoi donc avoir attendu que le feu soit pris, comme si la nécessité d'un code de déontologie ne valait par elle-même?
Il reste deux ans au gouvernement pour être jugé sur ses résultats. Il doit cependant comprendre qu'au-delà d'un bon gouvernement qui s'occupe d'économie, les Québécois veulent un gouvernement qui a des valeurs et des principes éthiques. Or cela reste encore à démontrer.
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