Stratégie de la «gouvernance souverainiste»

Le débat est clos, selon Pauline Marois

La chef du PQ dénonce la volonté de «diviser pour régner» qu'elle perçoit au sein du Nouveau Mouvement pour le Québec

Alors, Pauline, bye bye!



Pauline Marois était de passage hier à Sainte-Anne-de-Sabrevois, en Montérégie, où elle rendait visite à des sinistrés des inondations du printemps.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Marco Bélair-Cirino - La chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, a défendu vigoureusement, hier après-midi, sa stratégie de gouvernance souverainiste, tout en soulignant que les signataires du manifeste du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) font preuve de «mépris» à l'égard des indépendantistes.
Pauline Marois reproche aux instigateurs de ce regroupement né à la suite du départ de cinq députés du caucus péquiste de semer le désordre dans les rangs des souverainistes, notamment en attaquant frontalement le PQ.
«Diviser pour régner, je ne crois pas que c'est une très bonne attitude à avoir», a lancé la chef de l'opposition, en marge d'une rencontre avec des sinistrés des inondations de mai à Sainte-Anne-de-Sabrevois, en Montérégie. «Ce qui se passe actuellement, c'est assez méprisant à l'égard de milliers de militantes et de militants qui croient à la souveraineté. C'est absolument inutile de se diviser actuellement. Nous voulons nous donner un pays.»
Mme Marois réagissait au premier manifeste du NMQ, qui accuse notamment le PQ d'être «usé», «confus» et «banalisé par le public et les médias».
Les auteurs du document titré «Brisons l'impasse» dénoncent aussi la stratégie adoptée par le PQ pour faire du Québec un pays. Ils proposent plutôt de mettre sur pied des «assemblées constituantes» où les Québécois choisiraient leur régime politique, leur citoyenneté, leurs valeurs, leurs droits et obligations, leurs rapports entre eux et les institutions du Québec ainsi que leur rapport comme citoyen avec le Canada et le monde, etc.
Le débat est clos
Pauline Marois refuse catégoriquement de rouvrir ce débat, arguant que le projet de «gouvernance souverainiste», axé sur le rapatriement progressif de pouvoirs d'Ottawa à Québec, mérite d'être mis en oeuvre.
Les gouvernements du PQ qui se sont succédé à partir de 1976 à la tête de l'État québécois ont «fait des efforts», ont «proposé des stratégies» pour accéder à la souveraineté, mais ont un après l'autre mordu la poussière, a-t-elle souligné. «Jusqu'à maintenant, ça n'a pas donné les résultats escomptés. Est-ce qu'on peut choisir un autre chemin? Le chemin que nous proposons, c'est un chemin qui mène à la souveraineté du Québec.»
Pour elle, le congrès du PQ, en avril, a scellé définitivement la victoire des sympathisants de la thèse de la «gouvernance souverainiste». «Les propositions qui venaient de certains comtés qui s'opposaient ont été soumises dans les débats et ont été rejetées, a-t-elle rappelé tout en montrant du doigt la circonscription de Crémazie. À partir de là, je crois que je dois respecter la volonté des militantes et des militants. J'ai surtout le goût de le faire, le pays, plutôt que de continuer de discuter de la stratégie.»
D'autre part, la chef du PQ a accepté d'assouplir la discipline de parti au sein de sa formation politique, se montrant aujourd'hui disposée à ce qu'il y ait «de plus en plus [de] votes libres à l'Assemblée nationale». Rappelons que tous les députés péquistes devaient appuyer le projet de loi 204 visant à mettre à l'abri de toute contestation judiciaire l'entente Québec-Quebecor sur l'amphithéâtre.
Plus tôt, le député de Jonquière, Sylvain Gadreault, était monté au front pour prendre la défense de sa formation politique et de sa chef, Pauline Marois. «Je ne comprends pas qu'on veuille diviser les forces alors que c'est extrêmement important de s'unir», a-t-il déclaré. «J'ai l'impression d'être tout le contraire d'être "usé" et "confus" et exposer de nouvelles idées collées à la réalité», a ajouté M. Gaudreault, qui a été élu à l'Assemblée nationale il y a moins de cinq ans.
S'éloignant du NMQ, le député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, a refusé hier de cautionner l'attaque en règle portée contre les partis politiques par le regroupement fondé par le militant indépendantiste de longue date Jocelyn Desjardins. «Quant à l'aspect des attaques sur les partis existants ou à venir, moi je pense qu'un projet constructif devrait plus parler de ce que lui a à offrir que d'attaquer les autres et de dire pourquoi ils ont échoué», a-t-il indiqué.
M. Aussant, qui a claqué la porte du PQ le 7 juin, soit au lendemain du départ du caucus péquiste de Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Louise Beaudoin, a toutefois accueilli avec enthousiasme la mise à «l'avant-plan» de la souveraineté dans le premier manifeste du NMQ.
«Le vote souverainiste est déjà divisé parce qu'il n'y a pas d'option claire. S'il y avait un parti qui disait clairement: "voter pour la souveraineté", je pense que ça pourrait fédérer le vote souverainiste», a affirmé l'homme politique, qui a par ailleurs demandé au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de mettre de côté le nom «Option Québec» au cas où il formerait un nouveau parti politique.
Jean-Martin Aussant sera présent à l'assemblée publique du NMQ qui se tiendra dimanche à l'auditorium du cégep Saint-Laurent de Montréal, à l'instar des députés de Crémazie, Lisette Lapointe, et de Borduas, Pierre Curzi.
Les 46 députés restants du PQ doivent pour leur part se réunir le 31 août et le 1er septembre à Saguenay pour leur premier caucus en deux mois. La dernière rencontre des élus péquistes remonte au 22 juin.
Devant l'effritement des appuis du PQ, l'ex-député Jean-Pierre Charbonneau estime improbable l'élection d'un gouvernement souverainiste aux prochaines élections générales, à moins que les partis souverainistes forment une coalition ou qu'ils réussissent d'ici là à mettre la hache dans le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour au profit d'un mode de scrutin proportionnel. «S'il n'y a pas une réunification des forces autour du Parti québécois il va falloir, si les indépendantistes veulent avancer, qu'ils se réunissent au sein d'une quelconque organisation, coalition, et qu'ils fassent un pacte électoral parce qu'avec le mode de scrutin actuel, on n'en sort pas», a-t-il suggéré à l'occasion d'une entrevue à Radio-Canada.


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