Le bon peuple a toujours raison !

Si nous voulons faire partie du changement, gouvernons-nous en conséquence. Sinon, le bon peuple nous administrera une grosse taloche… et ce pourrait être la dernière !

Tribune libre - 2007

Quand j’écoute certains ténors de mon parti, tout compte fait, je ne suis pas certain que le parti québécois soit prêt à changer !

Étant donné que ces ténors sont sollicités à tour de micro afin de donner leur opinion et qu’ils ne s’en privent pas, je me permets en tant que « simple membre » de me prononcer à mon tour. Oui, oui! Je sais qu’il est possible que je n’aie rien d’original à dire puisque tout (ou presque) a déjà été dit sur la façon de faire la souveraineté. Mais comme le message ne semble pas encore passer. Je me réessaye.

Avant d’aller plus loin, une anecdote…

Mon fils est père de famille de trois enfants. Il s’était laissé éblouir par la sirène adéquiste et avait décidé de voter pour ce parti qui lui semblait avoir bien saisi les aléas et les espoirs de la famille d’aujourd’hui. Comme tout bon souverainiste de ma génération (60 ans), sa décision m’a un tantinet attristé. Mais bon… Dans le passé, je lui ai tellement parlé de démocratie et de l’importance de voter que je lui ai rappelé que son choix était aussi valable que le mien.

Or, quelques jours avant le vote, il m’a appelé pour me dire qu’il avait changé d’idée et qu’il voterait pour le PQ. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il a répondu que le fait que Boisclair ait clairement pris position contre « le vote en niqab », lui a fait réaliser que certaines valeurs fondamentales québécoises étaient en jeu et que, sur ce plan, le parti québécois avait un rôle plus qu’important à jouer.

Intérieurement, j’ai alors pensé que nous n’avions pas besoin de produire une thèse universitaire pour comprendre qu’être à l’écoute du bon peuple augmente considérablement les chances de recevoir son appui et, surtout, son vote.

Cela me semble d’autant vrai que refusant de procéder ainsi, lors de la dernière campagne électorale le PQ s’est battu lui-même (c’est fou ce que l’on peut être maso au sein de ce parti!), et ce, pour plusieurs raisons. Ici, je fais allusion à la complexité du processus entourant le sacro-saint référendum, et à l’orientation nettement dépassée de plusieurs éléments du programme provenant de « la gauche syndicalo-État providence ».

Les votes étaient à peine comptés qu’on a voulu faire jouer le rôle d’agneau expiatoire au chef actuel, monsieur Boisclair. (Que voulez-vous, au parti québécois, il s’agit là d’un vieux et répétitif rituel qui remonte à la nuit des temps). Bien sûr, le chef a ses torts. Tout comme moi. Tout comme vous qui avez refusé de ramener ce parti vers le centre, pis encore, vers la droite (quelle horreur!). À cet égard, les regrets ne changent rien à la réalité…

En fait, je regrette surtout que l’on ait laissé Mario Dumont s’approprier le discours portant sur la fierté et les valeurs québécoises. Devant la tiédeur des dirigeants du PQ, celui-ci n’a pas hésité à revêtir le costume de « monsieur Québec », laissant loin derrière lui les dinosaures péquistes qui prétendaient être passés maîtres en ce domaine.

Pour le moment, passons à autre chose…

Dimanche dernier, j’ai passé près de six heures à enlever les pancartes (eh oui, le bénévolat du simple membre continue aussi après les élections). Soit dit en passant : je n’ai pas rencontré sur ma route les ténors du parti tels, Monsieur Landry (le militant exemplaire), Monsieur Michaud (le Robin de la cultûûûûre québécoise), Monsieur Laviolette (le défenseur des droits acquis et à venir) et Monsieur Dubuc (l’autre syndicaliste passéiste).

Pour m’aider à accomplir cette tâche, je me suis fait accompagner de mon petit-fils de 15 ans. Répondant à ses questions, j’ai eu l’occasion d’expliquer les tenants et aboutissants de l’humiliante défaite subie la semaine dernière. (Tiens, tiens, pour une fois que l’on ne parle pas de victoire morale). Bien sûr, j’ai entretenu mon petit-fils en long et en large de l’importance du parti québécois dans la vie de notre peuple et dans la mienne propre.

Avec un petit sourire narquois (comme seuls les ados en ont le secret), il m’a demandé : Comment Boisclair aurait pu faire un référendum s’il avait été à la tête d’un gouvernement minoritaire? Les fédéralistes ne le laisseront pas faire rajouta-t-il. J’avoue que, rendu là, j’ai eu l’air un peu fou… Allez donc expliquer à un ado que dans le parti québécois nous ne pouvons pas revenir sur une décision inscrite en toutes lettres dans le programme, même si les circonstances commandent manifestement de ne pas procéder ainsi !

Entéka!

Je suis Québécois. Je désire être maître chez moi et j’en ai assez des tergiversations, des savants calculs, de la complexification de la tuyauterie référendaire, du report et des dénis. J’en ai aussi plus qu’assez du verbiage entre nos savantissimes théoriciens de la souveraineté avant, pendant, après; pis peut-être que oui, pis peut-être que pas! Sur la « stricte question » concernant la souveraineté, j’appuie une démarche d’indépendance claire. Je suis un indépendantiste, pas un référendiste à la Claude GRC Morin et à tous ces suiveux qui nous ont fait perdre tant de temps!

Le parti québécois est un parti de coalition qui n’a qu’un but : faire le plus rapidement possible l’indépendance d’un pays à naître! C’est pourquoi on retrouve en son sein toute une panoplie de tendances allant de la sociale-démocratie au néo-libéralisme. (Holà, les spécialistes, ne me reprenez pas sur ce point, je parle de tendance pas du respect scrupuleux des principes propres à l’une ou l’autre de ces idéologies !).

Or, malgré les réalisations éloquentes du parti alors qu’il était au pouvoir (la loi 101, le zonage agricole, le financement des partis politiques, l’assurance automobile, les garderies, les congés parentaux, la loi anti-scab, et j’en passe), j’envisage plus que jamais la possibilité qu’il ne lui soit plus possible de mener de pair la gouvernance d’une province et la promotion d’un pays à naître. Le PQ sera-t-il forcé à d’autres choix? Après tout, Pierre Bourgault a eu le courage de recommander à ses membres la dissolution du R.I.N. pour favoriser la montée du PQ. L’histoire se répétera-t-elle?

En ce qui me concerne, j’ai le goût d’un véritable projet de société basé sur les valeurs et les attentes du bon peuple. Je veux y travailler afin que son aboutissement ultime mène à la réalisation de la souveraineté. Suis-je trop naïf d’y croire encore?

Comme tout le monde, j’ai constaté qu’un important changement de cap venait de se produire. De là, l’importance de savoir lire les motivations derrière une telle action. Ainsi, je prétends que lors de la dernière élection, le bon peuple n’a pas fait qu’exprimer sa colère. Il a fait bien davantage et il a clairement indiqué vouloir s’attaquer à certaines vaches sacrées.

Il veut un gouvernement qui écoute. Il veut un gouvernement qui a une épine dorsale et qui s’en sert. Il veut des politiciens qui arrêtent de lui mentir en pleine face. Il veut retrouver la paix sociale dont il sent qu’elle est sur le bord de prendre le bord. Il veut des chefs de parti qui s’expriment à son niveau (pas besoin de sacrer pour cela ni même de parler en latin). Il veut des promesses et des progrès mesurables. Bref, il veut être sécurisé. Ben oui, je le sais que tout ce discours fait très (trop?) paternaliste, mais c’est cela qui est cela !

Il se peut surtout que le chef qui est disposé à répondre aux attentes du bon peuple soit celui qui influencera son avenir à long terme.

Je termine avec un message qui n’a rien de subliminal pour les membres de mon parti : Si nous voulons faire partie du changement, gouvernons-nous en conséquence. Sinon, le bon peuple nous administrera une grosse taloche… et ce pourrait être la dernière !

Serge Longval,
Longueuil




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