Le cri du coeur d'un simple militant

Tribune libre - 2007

J’ai travaillé au froid. À la noirceur. Les pieds dans la neige. Je me suis gelé les doigts pour poser des pancartes. Pour mon parti. Pour mon pays. Avec ma voiture, j’ai transporté à plusieurs reprises des mesdames et des messieurs qui avaient à cœur de travailler pour l’avenir du pays à naître. J’ai fait des commissions, à la librairie, au local du comté, au local électoral. J’ai conduit et reconduit le candidat à travers le comté afin qu’il puisse faire du porte-à-porte. Bref, comme d’autres bénévoles, j’ai donné du temps, beaucoup de mon temps.

J’ai sorti des dollars de ma poche pour payer l’essence de la voiture. J’ai accompli de multiples tâches : faire du café, entrer des données informatiques pour le pointage, agir en tant que représentant du candidat dans un CHSLD ainsi que pour le jour du scrutin où l’on me demandait de calmer les ardeurs d’un primo un peu trop sur les nerfs. J’ai écrit plusieurs textes sur des blogues et les forums pour susciter l’intérêt autour du programme de notre parti sans manquer de dénoncer les exagérations de nos adversaires politiques. J’ai travaillé avec le sourire afin de soutenir le moral des troupes, même lorsque les sondages nous plaçaient à mal… Bref, j’ai accompli humblement ce que des milliers de bénévoles ont fait pour la cause.

Lorsque les résultats de l’élection sont arrivés, j’en suis resté abasourdi!

Malgré tout, auprès de mes amis, de mes connaissances, dont certains se moquaient de mes prises de position, j’ai continué à défendre l’importance, non seulement du chef, non seulement du programme, mais surtout de l’idéal à atteindre : un Québec libre de décider de son avenir.

Hélas, l’adversaire inconscient, j’ose le croire, était déjà à l’œuvre au sein même du parti.

En effet, « mon » ancien chef, que j’ai tant admiré avait déjà peu avant les élections contribué à saper publiquement l’autorité de son successeur, monsieur André Boisclair.

Et ça, je ne peux pas le prendre!

Après les résultats pénibles de l’élection, je ressentais le besoin d’être rassuré, de vivre une période de calme, de réfléchir aux conséquences de l’après-tempête.

Or, que s’est-il passé?

Il s’est passé que messieurs Michaud-Landry, Laviolette-Dubuc et compagnie, ces têtes d’affiche qui portent une lourde responsabilité vis-à-vis le simple membre que je suis se sont remis à dénigrer publiquement le chef de mon parti. Le chef de leur parti. Le chef de notre parti.

J’en ai assez que ce parti soit pris en otage par les purs et durs. J’en ai assez de constater que tous ces pisse-vinaigre dont l’ego semble plus important que les intérêts du parti québécois soient encore une fois sortis sur la place publique afin de défaire le travail que, simple militant (pas du genre à la Landry) j’ai humblement accompli.

Voilà ce que je me suis dit à la suite des commentaires des « purs » qui n’ont même pas attendu que le choc soit absorbé par l’ensemble des péquistes avant de laver leur linge sale en public.

Bien sûr, je ne suis qu’un « simple » membre et je n’ai pas l’éloquence verbale spontanée de ces grandes gueules… Alors que je m’apprêtais à entrer dans une période de douloureuses réflexions, je fus sollicité par ces tonitruants ténors frustrés et ces vedettes du syndicalisme au ventre bien plein.

J’en ai assez de me faire court-circuiter par ceux qui croient encore que ce sont eux, et eux seuls, les propriétaires de ce parti porteur d’un idéal qu’ils ne sont même plus capables de nous donner le goût de poursuivre.

J’en ai assez que ces « vedettes » incitent encore à la contestation d’un chef en poste. On peut penser que cela est normal dans un processus normal de rétroaction. Oui, entre nous. En famille où l’on peut se parler dans le blanc des yeux. En des temps et lieux où l’on aurait permis aux membres de digérer la défaite dans une prise de parole respectueuse de l’événement difficile que nous venons tout juste de subir.

Messieurs les tapageurs, j’en ai assez de votre acharnement à mépriser les membres qui pensent autrement que vous. Ce parti est aussi mien que vôtre ! En tant que simple membre, je vous envoie promener, tout comme vous avez toujours fait pour ceux qui ne pensent pas comme vous ou qui demandent tout simplement un répit pour refaire leurs forces.

J’avais besoin d’exprimer cette colère afin de poursuivre le travail. J’espère que le message est compris, une fois pour toutes!

Taisez-vous donc!
Le temps est à la réflexion…

Serge Longval,
Longueuil


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mars 2007

    Cher militant,
    Vous rendez-vous compte que M. Landry est l'un de nos meilleurs appuis pour faire l'indépendance. Cet homme se donne la peine de donner de son temps et de sa capacité intellectuelle pour travailler pour l'indépendance lui aussi. Il a à coeur notre peuple.
    En témoigne sa contribution magistrale entourant la motion sur la nation. C'est certain qu'elle n'est que mots pour le fédéral mais elle aide à faire prendre conscience aux Québécois que justement le fédéral nous offre seulement des mots et garde l'entier contrôle sur le peuple québécois.
    M. Landry s'est aperçu comme d'autres, à mon avis, que le PQ se dirigeait vers la défaite et même peut-être a-t-il pressenti le désastre que nous vivons aujourd'hui. C'est là, me semble-t-il la raison de ses interventions avant la campagne.
    Car, ne nous le cachons pas, le peuple québécois est à un tournant. Les erreurs doivent être rares. Si nous voulons l'indépendance, c'est fondamentalement parce que nous sommes une nation distincte et que nous avons une culture qui nous distingue.
    Or André Boisclair et d'autres au PQ, depuis quelques mois avant la campagne, se montraient parfaits multiculturalistes. Sans souci pour notre culture et notre histoire. Comment voulez-vous que les Québécois le perçoivent comme le chef de notre peuple? C'est Dumont qui a saisi les opportunités. Son programme d'autonomie est fort mince évidemment...
    Alors laissez M. Landry continuer à nous aider.
    Isabelle Jacques

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mars 2007

    J'ai bien aimé cet article de M.Serge Longval dans la presse de ce 30 mars 2007.J'espère que les ténors du PQ le liront eux aussi.
    J'ai écouté attentivement les discours des chefs des partis
    politiques et M.André Boiclair m'a apparu comme un homme qui connaissait très bien ses dossiers politiques et qu'il ferait un excellent premier ministre.Faites-lui confiance et faite-vous confiance à vous aussi.Soyez positif,le temps arrange souvent les choses.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2007

    Tout ce que vous avez fait est extraordinaire. Je l'ai fait pendant des années, tous les soirs, cher monsieur. En payant mon essence, ma nourriture, mes nuitées.
    Vous avez toute mon admiration.
    J'ai posé le problème qui se pose aujourd'hui, des dizaines et des dizaines de fois. Est-ce que le PQ est indépendantiste et est-ce que ses militants ne travaillent pas comme des fous, en ne sachant pas qu'ils travaillent pour rien?
    La question es là. J'ai travaillé tant d'années pour me rendre compte que je travaillais pour rien. Le temps est venu de mettre carte sur tables. Le jour où le PQ dira qu'il est indépendantiste avant les élections, pendant les élections et après les élections, on pourra avancer. Mais, pour moi, ce parti est mort...
    René Lévesque n'était pas indépendantiste. Je l'ai très bien connu. J'ai 67 ans et je sais dont je parle. Pierre-Marc Johnson, Lucien Bouchard, Bernard Landry et Boisclair ne sont pas des indépendantistes. Ils sont confédéralistes. LE seul qui le fût: LE GRAND JACQUES PARIZEAU...QUE J'AI AUSSI BIEN CONNU.
    Si la jeunesse montante prenait le temps d'écouter les anciens, ils apprendraient vite et beaucoup mieux. Un vieillard assis voit souvent plus loin qu'un jeune debout. N'oubliez pas cela....
    Bon courage. Assurez-vous que le PQ est indépendantiste. Et de grâce, laissez tomber la vapeur. Le jour où quelqu'un, dans notre peuple, se lèvera et dira, visière levée, son goût inébranlable de bâtir ce pays, on y arrivera. En attendant, ne soyez pas trop déçu de ceux qui pensent défendre le pays et qui, le lendemain d'un échec, disent qu'ils sont prêts à battre en retraite. La nature humaine est ainsi. Les longs combats demandent de la préparation. On préfère aujourd'hui se contenter de flirter avec l'image. Il faut du nerf dans les grandes causes. Il faut du courage pour faire surgir du neuf. Je ne vois personne qui aurait cette tenacité à toute épreuve.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2007

    Monsieur, les gens sont bouleversés et les médias malveillants en profitent. Moi aussi, j'aurais souhaité une période de calme, quelques jours au moins, mais la remise en question est essentielle, inévitable.
    Un militant comme vous.