Je tiens à le préciser, dans mon dernier billet, « Sans courage, l’indépendance ne se fera pas », en assimilant l’indépendance à une grande œuvre, je n’ai pas voulu discréditer les efforts de chacun de nous d'en faire la promotion par de petits gestes concrets. Nous le savons tous, c’est au quotidien que se réalisent les grands projets. Toutefois, sans le rêve, il serait difficile de continuer de militer pour une cause qui ne nous anime plus. Au Québec, le plus grand des dangers qui nous guette est justement là, que l’indépendance n’inspire plus les jeunes générations alors que les plus vieilles continueront lentement mais sûrement à se démobiliser. Comment ne pas alors appréhender le laisser-aller qui en découlera, faisant en sorte que les Québécois se désintéressent de plus en plus des affaires de la cité, là où avance à petits pas l'hydre menaçante de la médiocrité?
C’est aussi dans la vie quotidienne que l’on sent le pouls de la société. Les lecteurs de Vigile savent tous que la langue française est menacée partout au Québec, pas seulement à Montréal, puisque de nouveaux indices nous le rappellent chaque jour. Qui n'a pas également remarqué que notre société sombre de plus en plus dans la médiocrité et que cela n’est pas toujours le fait de nos adversaires? La complaisance de nos dirigeants à l’égard de la situation du français au Québec est symptomatique de la bêtise dans laquelle nous baignons. Si Madame Marois a déjà chéri l’idée d’enseigner l’histoire en anglais aux petits Québécois de langue française, la plupart des universités québécoises souhaitent quant à elles devenir bilingue pour étendre leur offre de formation à l’ensemble la planète afin d'augmenter leurs revenus. Cela commence dans leur propre cour.
Ainsi, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue est devenue dans les faits une université bilingue depuis qu’elle a décidé d’offrir des programmes d’études à temps complet en anglais à la population crie de la Baie-James à son centre universitaire de Vald’or. Pourtant, l’Abitibi-Témiscamingue est une région où les anglophones représentent moins de 2% de la population. Fait étonnant, il n’y a eu personne pour s’en offusquer ou contester le fait qu’on enseigne aux Cris de la Baie-James uniquement en anglais et qu’on bilinguise plusieurs services de l’UQAT, alors que les finissants cris de cet établissement pourraient être appelés à travailler entre autres pour Hydro-Québec et le gouvernement du Québec sur le territoire de la Baie-James. Exigera-t-on de ces Cris qu’ils parlent le français ou s’adaptera-t-on encore une fois à la situation en bilinguisant l’appareil de gestion de ces organisations comme on l’a fait à l'UQAT ? Il aurait été tellement plus simple et utile de leur enseigner en français.
Or, l’UQAT peine actuellement à trouver des enseignants compétents et bilingues pour enseigner en anglais à ces étudiants cris dont la langue maternelle n’est même pas l’anglais. Elle n’aura d’autres choix que d’exiger de ses futurs professeurs qu’ils soient parfaitement bilingues ou instituer une formation en anglais avancé pour ceux et celles qui devront enseigner à la clientèle crie. Comment peut-on offrir une formation universitaire de qualité à des étudiants, si les enseignants qui sont appelés à leur enseigner ne sont pas habiles à transmettre leurs connaissances dans la présumée langue de l’apprenant ? Qualité de la langue et intelligence vont de pair. La communication doit être intelligible pour l'enseignant comme pour l'étudiant afin d'être efficiente.
Si on enseigne à des étudiants dont l’anglais est déjà approximatif - leur langue maternelle étant le cri - dans un anglais approximatif, ne risque-t-on pas de former des étudiants d’une qualité comparable à la qualité de la langue d’enseignement, c'est-à-dire des professionnels approximatifs ? N’aurait-il pas mieux valu offrir une formation en français à ces étudiants cris afin qu’ils s’intègrent plus facilement au marché du travail québécois, plutôt que de les confiner uniquement au marché de l’emploi de la Baie-James. D’ailleurs, même dans les milieux anglophones autres que ceux du territoire de la Baie-James, qui voudra embaucher des étudiants dont la formation n’a pas nécessairement toujours été donnée dans les meilleures conditions ?
Est-ce là la vision de l’excellence de nos universités ou n’est-ce pas plutôt un autre exemple de la médiocrité dans laquelle sombre un peu plus le Québec chaque jour parce que plusieurs parmi nous manquent de ce courage indispensable pour combattre de telles absurdités ?
L'UQAT, une université bilingue?
Le bilinguisme et la médiocrité
L’UQAT peine à trouver des enseignants pour enseigner en anglais à des Cris dont la langue maternelle est le cri.
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
3 août 2009Il manque cruellement de leadership politique au Québec. Personne en situartion de pouvoir capable de mettre ses culottes. Personne capable d'appeler un chat, chat. Dérive accomodante.
Quand un francophone s'inscrit à Mc Gill il s'attend à devoir parler et comprendre l'anglais. Comment se fait-il qu'à l'UQAT l'inverse ne soit pas la règle ? !
L'anglomanie est une maladie et le Bon docteur est mort... Ça nous fait une belle jambe.
Charles Laflamme Répondre
3 août 2009Ils atteindront de façon progressive plusieurs objectifs:
1.-Orienter le peuple Cri vers les médias anglophones pour ensuite le politiser en conséquence.
2.-Former de nouveaux professeurs qui pourront mieux enseigner l'anglais à leur peuple.
3.-Inciter ensuite les Cris à demander que leurs services soient en anglais.
4.-Créer en même temps un conflit situationnel entre les Cris et les Québécois francophones. Tout cela pour assurer par la suite un préjugé favorable envers le Parti Libéral qui se portera à leur défense aidant à assurer un gouvernement au service de l'Oligarque qui a façonné Jean Charest de toute pièces afin qu'il vende le Québec à Paul D. et à ses amis.
Raymond Poulin Répondre
31 juillet 2009Cette semaine, Lise Payette aussi a publié un article traitant de la médiocrité générale actuelle au Québec. Plutôt que d’admettre la réalité, des internautes en colère l’ont copieusement injuriée, la traitant presque de traître à la patrie. Lorsque leur propre image ne leur plaît pas, certains Québécois préfèrent briser le miroir.