La religion, plus qu'une réalité culturelle

17. Actualité archives 2007

Pour évaluer le programme d’éthique et de culture religieuse tel qu’exposé dans Le Soleil du 26 février par son principal instigateur, M. Jean-Pierre Proulx, il faut tout d’abord prendre en considération le fait suivant : pour comprendre le phénomène religieux, chez soi ou chez les autres, on ne peut pas le considérer comme une réalité qui n’est qu’intellectuelle et théorique. Il s’agit d’une réalité qui s’adresse au cœur comme à la tête. Le sentiment religieux n’est pas que savoir; il est engagement. Et on a besoin des qualités humaines pour réaliser en soi l’équilibre qui permet à la volonté de s’engager à réaliser ce qui est bon et vrai.
Pour travailler sur soi en vue d’acquérir ces qualités, il faut une importante motivation à le faire. Or l’histoire montre que c’est dans la religion que les hommes ont trouvé leur plus grande source de motivation pour veiller à leur épanouissement personnel et à la qualité de leurs rapports sociaux.
Quelle sera alors la réaction d’un jeune étudiant auquel on présentera une diversité de religions ? Démêler, à l’intérieur d’une seule religion, le Dieu bon du Dieu sévère, le Dieu providence du Dieu qui gère tout, le Dieu transcendant du Dieu proche des humains, est déjà tout un contrat. On n’a qu’à penser que c’est au nom de Dieu qu’on s’adonne autant à de grands actes d’aide humanitaire qu’à ceux du fanatisme religieux !
Confusion
Comment une présentation sommaire de multiples religions pourra-t-elle conduire à une connaissance des religions qui soient autre chose qu’un ensemble de contradictions? Faute de temps pour les approfondir, les jeunes étudiants seront alors portés à conclure que l’univers religieux est un bien drôle d’univers. Loin de les aider à développer un sentiment religieux responsable, on les dirigera bien davantage vers l’incrédulité. Privés de la motivation que peut fournir le domaine religieux, nos jeunes ne se seront-ils pas amenés à se tourner égoïstement vers leur moi ou vers les plaisirs, plutôt que d’entreprendre la rude montée vers l’amélioration de leur être individuel et social ?
En assimilant le phénomène religieux à une simple réalité culturelle, on tombe dans le travers du réductionnisme qui consiste, dans l’enseignement de la littérature par exemple, à réduire les grands textes littéraires à leur aspect culturel ou grammatical plutôt que d’en tirer ce qu’ils peuvent comporter d’édifiant pour la conduite. On dit souhaiter que l’enseignement religieux fasse des jeunes des citoyens responsables. Mais le nouveau programme élimine ainsi l’enseignement religieux dans ce qu’il comporte de plus sûr pour y arriver !
Le nouveau programme va de plus à l’encontre de ce qui peut au mieux assurer l’autre objectif recherché qu’est le respect des diverses religions. L’incrédule, l’agnostique, le non-croyant trouvent plutôt les manifestations religieuses anodines, ridicules ou stupides. Pénétrer à l’intérieur d’une grande religion sert de point d’appui pour aller vers les autres religions dans un esprit de respect mutuel et la volonté de s’enrichir de leur complémentarité. M. Proulx se méprend donc sérieusement en soutenant que l’enseignement des religions n’a pas à favoriser le sentiment religieux.
La formation à acquérir grâce à un solide enseignement religieux de base, loin de s’opposer aux connaissances forcément plus superficielles du savoir culturel des diverses religions, permet d’en saisir et d’en apprécier la valeur. Cela veut dire qu’en pratique, plus les élèves sont jeunes, plus on doit insister sur l’acquisition de cette formation de base.
Gérard Lévesque
Lévis


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