La "ligne dure" de M. Dion

S. Dion, chef du PLC



Depuis l'élection de Stéphane Dion à la tête du Parti libéral du Canada, commentateurs et politiciens ont rappelé que M. Dion était l'homme de la "ligne dure" à l'endroit du Québec. Selon la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le nouveau chef libéral s'est toujours montré "intransigeant face aux aspirations nationales québécoises". De tels propos résultent d'une confusion entre les intérêts du mouvement souverainiste et ceux de l'ensemble des Québécois. Stéphane Dion n'a pas été intransigeant à l'endroit du Québec; il l'a été à l'égard des indépendantistes.
Qu'entend-on par "ligne dure"? M. Dion n'a jamais contesté le droit des Québécois de choisir l'indépendance. Il a voulu s'assurer que cela se fasse en toute connaissance de cause et dans l'ordre. D'où ses nombreux débats avec les leaders souverainistes. D'où la référence à la Cour suprême. D'où l'adoption de la Loi sur la clarté. Aucune de ces mesures n'a nui aux intérêts du Québec, bien au contraire.
À l'époque où il était responsable des relations fédérales-provinciales, M. Dion a contesté plusieurs prémisses de l'argumentaire souverainiste:
> qu'une majorité de 50% plus un vote suffirait à enclencher le processus de la séparation;
> que le reste du Canada serait tenu de négocier, peu importe les circonstances;
> que la communauté internationale reconnaîtrait rapidement le nouvel État indépendant;
> qu'une fois le Québec devenu souverain, son territoire serait à l'abri de toute division ultérieure;
etc.
Cette contestation systématique a rendu furieux les souverainistes qui cherchent depuis 40 ans à convaincre les Québécois que la souveraineté se fera sans turbulence aucune. Elle n'en est pas moins nécessaire et légitime. Plusieurs sondages ont montré que sur le fond, les Québécois sont d'accord avec plusieurs des idées mises de l'avant par M. Dion. Par exemple, une majorité de Québécois estime qu'il faudrait un vote plus fort que 50% plus un avant de déclarer l'indépendance.
"Les Québécois ne lui pardonneront pas sa Loi sur la clarté", a déclaré le chef du Parti québécois, André Boisclair. Pourtant, cette loi n'a rien d'odieux. Elle n'empêche en rien les Québécois de déterminer leur avenir politique. Elle ne fait que fixer les modalités de la réaction fédérale au processus référendaire québécois. Notamment, elle permet au Parlement fédéral d'exprimer son avis sur la question posée et sur la valeur du résultat. Les politiciens provinciaux ont beau crier à la violation des privilèges de l'Assemblée nationale, le seul privilège que conteste la Loi sur la clarté, c'est celui du Parti québécois de décider seul de la question, du moment et des modalités du référendum. D'ailleurs, la pratique internationale est claire: sauf dans les situations coloniales, le droit d'un peuple à la sécession ne sera reconnu que si l'État menacé d'amputation donne son aval. Dans un sondage réalisé quelques mois après l'adoption de la Loi sur la clarté, 60% des Québécois se sont dits d'accord avec la démarche fédérale.
Dans les dossiers autres que la souveraineté, Stéphane Dion ne s'est pas montré particulièrement intransigeant à l'endroit du Québec. À moins qu'on juge inflexible tout ministre fédéral qui ne cède pas instantanément aux revendications des provinces...
En somme, quand il est question de Stéphane Dion, il faut distinguer:
> l'allure hautaine de l'homme;
> sa pensée et ses actions réelles, moins rigides qu'on le dit;
> la caricature qu'ont faite de lui ses adversaires politiques.
Au total, par sa rigueur et son opiniâtreté, M. Dion a apporté une contribution irremplaçable au débat national québécois.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2006

    M. Pratte,
    Stéphane Dion pratique le "pitbullisme" à l'endroit du Québec; c'est sûr que les anglais l'aiment.