Québec, Ludovic Hirtzmann - Les premiers ministres canadien, français et québécois célèbrent jeudi les 400 ans de la ville.
«Des résultats exceptionnels» : à quelques heures du coup d'envoi des
festivités du 400e anniversaire de Québec, Jean Leclerc, le président de la
société organisatrice de l'événement, ne tarissait pas d'éloges sur son
équipe. Les feux d'artifice sur le fleuve Saint-Laurent, les concerts et
les reconstitutions historiques marquent jeudi l'anniversaire de la
fondation de Québec par Samuel de Champlain en 1604. Mais l'événement n'a
pas jusqu'ici mobilisé les foules. La semaine dernière, seuls quelques
rares touristes erraient dans la grande rue Saint-Jean. Québec s'est
pourtant refait une beauté, plus cosmétique que durable pour ses 400 ans.
Le Musée de l'îlot des palais, un lieu archéologique, n'ouvrira finalement
ses portes qu'en 2009. Sur la jolie terrasse Dufferin du château Frontenac,
les Champs-Élysées de Québec, une moquette grisâtre et les grillages d'une
méchante quincaillerie protègent le tout nouveau chantier des vestiges du
fort Saint-Louis. Près de six mois après le coup d'envoi des célébrations,
aucun événement majeur n'a marqué ce 400e anniversaire. Exception faite du
Moulin à images, une jolie projection de l'histoire de Québec sur les
gigantesques silos à grains du port, Québec a préféré des concerts de
quartier et des animations locales qui se poursuivront jusqu'en octobre. En
août, Céline Dion, qui vient de quitter Las Vegas, chantera la francophonie
sur les plaines d'Abraham.
Esprit de clocher
Daniel Gélinas, directeur général de la société du 400e anniversaire de
Québec, confie au Figaro : «Les historiens diront qu'il n'y a pas assez
d'événements historiques. Nous avons choisi de plaire à tout un chacun avec
des activités variées». Depuis le milieu de l'année 2007, les craintes
concernant le bon déroulement des festivités ont occupé l'espace médiatique
québécois jusqu'à l'indigestion. Le porte-parole du groupe contestataire
l'Autre 400e, Stéphane Nicolas, dénonce : «Les fêtes du 400e sont vides de
sens». Pour ne rien arranger, Montréal la multiethnique a snobé le 400e et
s'est moquée de Québec, la petite ville blanche à l'esprit de clocher.
Daniel Gélinas tempère : «Je n'ai été nommé qu'en janvier. Il a fallu que
j'ajuste bien des choses. Si c'était à refaire, j'aurais peut-être associé
les grandes villes du Québec, car ce n'est pas la fête de Québec, mais la
naissance du fait francophone en Amérique». Plusieurs intellectuels ont
reproché à la capitale québécoise d'accoucher d'une fête sans âme. L'ancien
ministre des Affaires culturelles du Québec, Louis O'Neill, écrivait en mai
2008 sur son site Internet : «Québec a 400 ans, mais que fête-t-on au juste
?». Cet ancien ministre indépendantiste estime que le quadricentenaire
devrait être l'occasion de réfléchir au projet de souveraineté du Québec,
absent de cette fête. Un enseignant de l'université Laval qui préfère
l'anonymat, conclut : «Que retiendront les générations futures du 400e
anniversaire de Québec ? Pour beaucoup, ce sera le spectacle de Céline Dion
sur les plaines d'Abraham, un gros concert où l'on aura pu boire de la
bière».
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