La faute au PQ (bis)

Chronique de Patrice Boileau

Hé ben. Je ne pensais pas faire mouche à ce point dans ma dernière chronique! Non mais quelle aubaine que ce PQ! Que serions-nous sans lui! Où pourrions-nous jeter notre dévolu? Vers quoi se tourner pour y stocker tous les maux dont les Québécois sont affligés? « La faute au PQ » est désormais un label indispensable au Québec: le slogan par excellence qu’il fait bon évoquer, ça et là, dès que ça va mal!
Ainsi donc, qu’avons-nous de bon à lui mettre sur le dos cette semaine? Il y a d’abord l’annulation des célébrations du 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham. Ottawa et son organe de propagande, la Commission des champs de bataille nationaux, ont en effet décidé de retraiter, démasqués dans leur plan de transformer l’événement historique en ode au fédéralisme canadian. Le premier ministre du Québec qui s’est dissocié rapidement de cette machination a pourtant accusé le Parti québécois d’en être le responsable! À cause de lui, a-t-il ajouté, l’image du Québec à l’étranger a été ternie!
Cette déclaration de Jean Charest démontre que son refus d’appuyer la démarche du gouvernement fédéral n’est qu’un calcul politique. L’homme savait que les Québécois s’indigneraient de voir leur conquête célébrée par les vainqueurs. Il aurait alors été forcé de les appuyer, exacerbant ainsi les tensions qui caractérisent ses rapports avec l’administration Harper. En préférant se tenir à l’écart, le chef libéral a surtout montré qu’il évite les événements historiques douloureux, ceux qui devraient faire vibrer sa fibre patriotique. Les fédéralistes québécois sont ainsi faits : ils ferment les yeux sur les événements chronologiques qui humilient leurs choix politiques. Conclure en accusant la formation indépendantiste de cautionner l’idée d’une résistance citoyenne pouvant donner dans la violence était pour lui du gâteau! Il y a longtemps que cette réplique fédéraliste a fait recette.
Tout comme celle d’affirmer que le projet indépendantiste, celui qui prétend que les Québécois jouissent d’une intelligence suffisante pour se diriger eux-mêmes, est une lubie de l’esprit. L’éditorialiste en chef du journal La Presse, André Pratte, en a rajouté cette semaine. Croire en effet qu’il serait plus facile entre nous de se débrouiller dans la présente tourmente, alors qu’aux États-Unis ainsi que chez d’autres nations industrialisées l’énigme demeure entière, relève de l’imbécillité. Pratte carbure toujours aux conclusions hâtives, on le sait. L’indépendance signifie pour lui un repli sur soi alors que pourtant, la vaste majorité des pays profitent de leur souveraineté pour mieux négocier avec le monde. Les « pèlerinages » à Ottawa concerneraient ainsi uniquement ceux qui touchent les intérêts du Québec, comme c’est le cas de ceux qui regardent les pays membres de l’Union européenne. La péréquation? Des dollars morts qui ne créent pas d’emplois! De l’argent nébuleux parce qu’on ne sait pas d’où il vient, ni combien il y en aura d’une année à l’autre. La rigueur intellectuelle commande à tout bon gestionnaire de fuir des lieux dans lesquels trop de méandres institutionnels rendent impossible le suivi des deniers publics. L’ingéniosité québécoise peut assurément concocter quelque chose de moins coûteux et de plus performant. Pas aux yeux de Pratte cependant : simplement l’imaginer, comme le fait le PQ, est une « insulte à l’intelligence. »
C’est ce même Parti québécois qui, à son conseil national tenu à Québec lors de la fin de semaine dernière, a trouvé le moyen d’être la cible d’autres réprimandes. Le pauvre a succombé de nouveau à la panique face à un subterfuge pourtant classique de son adversaire politique. La formation souverainiste s’effondre donc encore, dès que le spectre de l’intolérance ou celui du terrorisme est agité par les fédéralistes. Ainsi, comme il l’a fait pour Pierre Bourgault, Jacques Parizeau et Yves Michaud, le Parti québécois a largué promptement Patrick Bourgeois du Réseau de résistance du Québécois (RRQ). Le PQ a cédé tristement au jugement du Sanhédrin fédéral, sans écouter de vive voix le principal accusé.
Je ne connais pas personnellement cet homme. Je suis néanmoins convaincu qu’il n’encourage pas les gestes de violence, comme il a tenu à l’affirmer dans la mise au point qu’il a rendue publique samedi dernier. Il ne peut contrôler non plus les états d’âme de tous les indépendantistes dans ce dossier de commémoration du 250e de la Bataille des Plaines d’Abraham. Des Don Cherry sont présents malheureusement dans toutes les sociétés du monde. Il n’est pas question ici d’essayer d’excuser ceux qui ont pu donner dans l’inflation verbale. Je l’ai fait moi-même en évoquant, dans une chronique précédente, « l’arrivée de renfort » de partout au Québec, pour contrecarrer l’été prochain le projet d’Ottawa. Difficile de ne pas verser dans la métaphore militaire puisque le litige concerne LA bataille; celle qui a fait basculer le destin des Québécois dans l’avenir anglo-saxon. Assurément d’autres l’ont fait. Aucun cependant n’était évidemment sérieux dans ses allégories guerrières.
Les indépendantistes sont pacifiques, sauf très rares exceptions. Comme ceux qui ont été les premiers à monter au front pour combattre Ottawa. Ce n’était pas les leaders des deux formations souverainistes. Ces derniers sont sortis de leur bunker une fois le gros de la bataille accomplie. Eux seuls peuvent expliquer cette étrange retenue. Chose certaine, ils auraient pu au moins remercier leurs alliés. Ils leur ont au contraires tiré dessus, trompés par leurs opposants fédéralistes! Ces derniers ont réussi, une fois de plus, à semer le désordre dans les troupes souverainistes. Il fallait inviter à ce conseil national ceux qui auraient pu tuer dans l’œuf une autre calomnie fédéraliste qui s’incruste désormais dans l’opinion publique.
La victoire indépendantiste de la seconde bataille des Plaines d’Abraham qui devait servir de tremplin tourne maintenant au vinaigre. Tout comme cette promesse suspecte des leaders souverainistes de parler dorénavant du pays, alors qu’ils s’y refusaient durant la dernière élection. Pendant ce temps, le Parti québécois continuera de financer le salaire d’un "proche conseiller" de Stephen Harper, celui qui s’adresse à des milliers de téléspectateurs sur les ondes de la CBC à tous les samedis soir, a proud canadian au portail du Sénat…
Patrice Boileau






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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 février 2009

    Foutons la paix aux fédéralistes anglos de source et aux ethnies
    anglicisées et ghettoisées.Cessons de perdre temps,énergie et argent auprès d'eux.Leurs médias imposent le NON.
    Les indépendantistes doivent se concentrer sur les fédéralistes francophones..dans leurs cuisines et par internet.Écoutons et finançons en masse des radios communautaires telle que la radio internet Le Québécois du RRQ.
    Jean Paul Tellier

  • Archives de Vigile Répondre

    25 février 2009

    Bonjour!
    Intro;La dette nationale américaine est de 10 000 milliards
    et aucun média ne monte aux barricades.

    Le Journal de Québec a un clone de M.André Pratte et M.Alain Dubuc.Il se nomme Donald Charette.Ce dernier est à des millions d'années lumière de la stature intellectuelle de Mrs Pratte et Dubuc.Donald Charrette est le perroquet des arguments Pratte-Dubuc avec un délais-temps.