L’arrogance de notre premier ministre a atteint « un nouveau sommet » la semaine dernière, à Lévis. C’est là qu’il a tenté à nouveau de détourner l’attention des Québécois sur la détresse qui frappe nos finances publiques. Jean Charest s’est en effet amusé à y incarner « madame Minou », en essayant d’entrevoir où en serait économiquement le Québec, vers 2030!
Voilà pourtant un rôle qui ne lui sied pas du tout! La dernière fois que le chef du PLQ a risqué ce genre d’imitation; il avait alors prédit, durant la campagne électorale de l’automne 2008, que le Québec ainsi que sa Caisse de dépôt, ne seraient pas touchés par la présente récession! On connait la suite : l’institution québécoise a perdu 40 milliards de dollars et le gouvernement devra faire face à un déficit budgétaire cette année qui en totalisera plus de cinq.
Pareille débandade administrative du gouvernement Charest, doublée de relents de corruptions qui éclaboussent les membres de son parti, ne peut que générer le scepticisme des gens. Le forum économique que Jean Charest a organisé les 20 et 21 janvier dernier n’aura convaincu personne de sa pertinence. Comment réagir autrement, alors que Québec ne peut même pas nous dire où il en est financièrement, en ce moment!
Quoi de mieux alors qu’une bonne thérapie de groupe, avec les principales élites de la société québécoise, afin de s’élever au-dessus des graves difficultés qui minent la capacité financière du gouvernement québécois! Ignorons les écueils qui nous guettent et scrutons l’avenir afin d’y dénicher quelque chose de positif! Comme fuite par en avant, difficile de trouver mieux!
Depuis l’arrivée des souverainistes dans le paysage politique du Québec, les fédéralistes ont toujours prétendu qu’au contraire de leur adversaire qui vivaient hors de la réalité, eux seuls étaient en mesure de gérer rigoureusement les fonds publics. Comment effectivement confier cette responsabilité cartésienne à ceux qui carburent aux rêves, aux arts et autres formes d’activités frivoles? Assurément, une rencontre ésotérique du genre de celle qui s’est tenue en face de la Capitale nationale, devait être l’affaire des souverainistes! Et pourtant elle fut belle et bien arrangée par des fédéralistes.
Certains analystes politiques prétendent que le forum économique de Lévis était préférable à un sommet comme celui qui s’est tenu en 1996, afin d’atteindre l’équilibre budgétaire. L’exercice d’alors devait pourtant être effectué car l’abaissement de la cote de crédit du Québec aurait alors coûté au trésor public des millions supplémentaires pour régler le service de sa dette. Amputé de milliards en recettes fiscales par Ottawa, le gouvernement québécois devait agir promptement avec malheureusement les résultats que l’on sait en matière de départs à la retraite. Au lieu de reprocher cette sombre conséquence au PQ qui était alors au pouvoir, il faudrait plutôt rappeler qu’un statu politique autre que provincial à cette époque aurait évité des décisions précipitées. Chose certaine, l’effort collectif d’alors est aujourd’hui complètement anéanti par les déboires de l’administration libérale, toute fédéraliste qu’elle soit.
Si Jean Charest n’a pas eu le courage de présider un événement afin de faire mieux que celui des années 1990, c’est qu’il sait qu’il devra demander de nouveau aux membres de la fonction publique de faire les frais de son manque d’audace économique. Une requête gênante en effet puisqu’elle prouvera que l’effort des employés de l’État en 1996 n’aura rien donné et qu’il faudra solliciter l’ensemble de la population afin d’augmenter les revenus de Québec. Sans doute que la demande passerait mieux si le premier ministre s’engageait simultanément à tenir l’enquête publique réclamée depuis des semaines par la population! L’État québécois signalerait ainsi son réel désir de participer à l’effort collectif afin de lutter sérieusement contre l’évasion fiscale qui lui fait si mal. On peut toujours rêver.
Le budget qui sera présenté aux Québécois, ce printemps, ne comportera aucune mesure qui répondra à l’urgence financière qui empoisonne l’effort budgétaire de Québec. Comment ainsi maintenir la qualité des services? Assurément, une situation aussi grave que celle vécue dans les années 1990 se prépare. Nous ne sommes pas à l’abri d’une décote de la part des maisons de crédit américaines. Sans mesures économiques concrètes, sans projets mobilisateurs moussés par l’élite politique, les Québécois connaîtront des lendemains difficiles. Assurément, l’équipe politique qui s’installera aux commandes de l’Assemblée nationale pour nettoyer le gâchis libéral, héritera d’un État indigent.
Loin de moi l’idée de sombrer dans le défaitisme! Reste que les trois années qui nous séparent de la relève politique ressemblent à un désert hostile. J’aimerais pourtant que la terre québécoise soit fertile et fasse germer des projets créateurs d’emplois, dans des secteurs économiques respectueux de l’environnement. Installer chez-nous un parc automobile électrique? Fort bien! Il nous faut néanmoins voir apparaitre quelques usines d’assemblages sur notre territoire, histoire d’honorer nos chercheurs qui ont contribué à l’élaboration de cette nouvelle technologie verte. L’association d’Hydro-Québec avec le motoriste nippon Mitsubishi arrive-t-elle trop tard pour réaliser cet objectif?
Semblerait que le discours de clôture de Jean Charest, à ce forum de Lévis, témoignait de la vacuité de l’événement. L’homme tentait visiblement de prolonger son allocution finale, tellement celle-ci n’avait pas de contenu. Deux jours de brouillard intellectuel donc où les responsabilités politiques se sont évaporées. Ceux qui ont craint une mascarade où l’on tente d’amadouer l’opinion publique auront eu raison. Chose certaine, le chef de l’État québécois sait où il sera dans trois ans. Quant aux autres qu’il abandonnera à leur sort…
Patrice Boileau
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
27 janvier 2010Soyons clair :
Refaire notre cohésion nationale = exit immigration provinciale.
Bienvenue aux immigrants dans un Québec libre et revendicateur de son américanité. Bienvenue aux successeurs et à ceux qui honoreront la mémoire des La Vérendrye, François Lamothe de Cadillac (fondateur de la ville de Détroit), François Cavalier de La Salle (La Nouvelle-Orléans et la Louisiane), Étienne Brulé (Toronto), Pierre Lemoyne d'Iberville (La Baie d'Hudson), le Père Marquette, Louis Joliet (St-Louis, etc). C'est à eux qu'il faut prêter serment et non à la Reine d'Angleterre, comme le fait honteusement le Bloc «Québécois» et d'autres miteux rétrécis. Qui renonce à son honneur un jour, renonce à son honneur toujours. Cette vérité est implacable. Voilà où nous en sommes. Alors, Louise Harel...?
GV
Archives de Vigile Répondre
27 janvier 2010"On a parlé de ce qu'on a dis" (Ding et Dong)
J'espère avoir l'occasion d'y revenir pour cadrer le débat: Commet dégager une stratégie d'État d'envergure pour améliorer la productivité politique et économique du Québec afin de sauver les missions sociales de l'État. Pour y parvenir il faudra, comme la Suède l'a fait avec succès en pareils circonstances, réformer l'État de fond en comble. Et il y a deux conditions pour y parvenir: Contrôler l'ensemble de nos capacités d'agir (d'État) ;et, refaire notre cohésion nationale.
JCPomerleau