La disparition d’Option nationale empêchera la convergence indépendantiste

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Des membres d'ON s'opposent à la fusion avec QS

Lorsque nous prenons une décision politique, nous ignorons quelles en seront les conséquences, car celles-ci ne se manifesteront que dans l’avenir. On peut donc, avec les meilleures intentions, prendre de mauvaises décisions. Certains prétendent que la fusion (QS-ON) servira la cause de l’indépendance, mais ils n’en savent rien. Ils expriment un désir qui ne se concrétisera pas nécessairement.



Il y a par contre certaines prévisions qui sont attestées par la science politique et qui concernent la logique de fonctionnement des partis politiques.



Le modèle du choix rationnel prévoit que, lorsqu’un parti change de position idéologique, un autre parti, parfois nouveau, occupera l’espace politique laissé vacant. C’est ce qui s’est produit lorsque le PQ a abandonné la social-démocratie et l’indépendance ; Québec solidaire et Option nationale sont nés.



Ce modèle prévoit aussi que, lorsqu’il y a un mode de scrutin uninominal à un tour, un nouveau parti ne pourra exister que s’il fait disparaître son plus proche concurrent. C’est ce qui s’est produit lorsque le Parti québécois est apparu : il a provoqué la disparition de l’Union nationale.



Le modèle de l’acteur rationnel prévoit en plus que, lorsqu’il y a plusieurs partis sur le même créneau idéologique, les partis auront tendance à combattre plus intensément ceux qui sont les plus proches d’eux idéologiquement que les partis qui sont les plus éloignés. N’est-ce pas ce que l’on a constaté récemment lorsque Québec solidaire attaquait de façon plus virulente le Parti québécois que les partis fédéralistes ? Cette rivalité qu’on pourrait appeler de proximité est rationnelle puisque l’objectif est de conquérir des électeurs qui se trouvent dans le même segment du continuum des idéologies, soit le centre gauche nationaliste.



Enfin, le modèle soutient qu’il est rationnel pour un électeur de voter pour des partis qui n’ont pas de chance de prendre le pouvoir dans le cas des partis « tribunitiens », qui participent aux élections pour faire la promotion d’une cause ou d’une idée négligées par les autres forces politiques. Ce cas de figure correspond aussi à la situation de plusieurs partis, dont Option nationale, Québec solidaire et le Parti vert.



Intensifier la rivalité



Compte tenu de ces paramètres, je pense que la disparition d’Option nationale aura pour effet d’intensifier la rivalité entre Québec solidaire et le Parti québécois et que cette concurrence rendra impossible une convergence entre ces partis.



Il est évident que les performances électorales d’Option nationale ne sont pas à la hauteur des attentes et que le jeu politique dans notre mode de scrutin défavorise les petits partis comme le nôtre, qui sont victimes du vote stratégique. Le dépit et la déception poussent les militants à vouloir fusionner pour militer dans un plus grand parti.



Mais ils oublient que le rôle d’un parti n’est pas seulement de gagner des votes et qu’un parti exerce plusieurs fonctions dans un système politique. Malgré nos faibles résultats, notre parti a réussi à imposer l’indépendance comme un enjeu politique. Nous sommes devenus la référence sur la question de l’accession à l’indépendance et notre programme a ouvert une nouvelle perspective stratégique. Nous avons aussi joué le rôle de parti refuge pour les militants déçus des autres partis en offrant une option à ceux qui voulaient voter résolument pour l’indépendance. L’électeur déçu des positions de QS ou du PQ n’aura plus ce choix si nous disparaissons. Dès lors, la lutte entre QS et le PQ s’intensifiera, chacun de ces partis cherchant à éliminer l’autre. Ils adopteront des positions intransigeantes l’un envers l’autre pour conserver leurs clientèles. Sans un parti refuge, ils ne seront pas portés à mettre de l’eau dans leur vin, comme l’a bien démontré QS en reniant sa signature à la feuille de route et en refusant la main tendue par le PQ, décision qui, comme par hasard, a été prise après l’annonce des négociations sur la fusion.



Pour donner une chance à la convergence sur l’indépendance nationale, il faut un troisième parti qui oblige les deux autres à faire des concessions. Il faut aussi que les partis donnent la priorité à l’indépendance sur le projet de société qui les oppose, ce que se refuse à faire Québec solidaire. Ce ne sont pas les quelques rapatriés d’ON qui pourront changer l’ADN de Québec solidaire. Dire non à la fusion, c’est favoriser la convergence.



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