Faut-il absolument fermer Option nationale?

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La fusion d'ON avec l'extrême-gauche solidaire ne fait pas l'unanimité

À moins d’une surprise, les congressistes d’Option nationale décideront en fin de semaine de dissoudre leur parti, comme le leur suggère Québec solidaire, qui invite les onistes à militer désormais en son sein. Dans ce qui reste des forces vives d’Option nationale, les gens se sentant interpellés par le nouveau porte-parole solidaire, le talentueux Gabriel Nadeau-Dubois, et par le parti réformé qu’il leur fait entrevoir sont plus nombreux que ceux qui leur font face, et ils ont comme alliés des milliers de membres de QS heureux de soutenir une démarche qui, pensent-ils, ne peut que bien servir leur parti. En outre, les hautes instances et la direction d’ON sont favorables à la dissolution, une conférence de presse commune des leaders de QS et d’ON a déjà eu lieu et les règles choisies par Option nationale pour trancher la question favorisent au maximum le noyautage du congrès.



Alors que le Parti québécois met l’indépendance toujours plus en veilleuse et se marginalise, Nadeau-Dubois voit grand pour son parti et il veut tendre la main aux indépendantistes qui délaissent le PQ. Dans cette optique, rallier les convaincus d’Option nationale enverrait un message significatif, en plus de montrer que la convergence avec QS est possible lorsqu’elle n’est pas fondée sur un plan post-2022 nul et non avenu et un traquenard liséen visant à camper QS dans le rôle du méchant.



Mais Québec solidaire peut-il vraiment, dans un proche avenir, aller au-delà de l’effet d’annonce et devenir un parti indépendantiste au même titre que le PQ de Jacques Parizeau, c’est-à-dire cette coalition large dont Option nationale, à son origine et par son existence même, voulait se faire l’agent ? Par extension, les onistes pro-solidaires d’aujourd’hui ont-ils raison de vouloir fermer boutique sur le pari que QS s’inscrirait désormais dans l’esprit fondateur d’ON ? À elle seule, la plateforme électorale 2018 de Québec solidaire répond « non » à ces deux questions.



Une culture enracinée



Certes, les porte-parole de QS semblent vouloir tirer leur formation vers un engagement indépendantiste plus soutenu, ce dont ne peut que se réjouir le mouvement indépendantiste. Toutefois, une évidence transpire toujours des priorités — légitimes — solidaires : QS est dépositaire d’une culture profondément enracinée, bien plus vieille que lui, qui ne changera pas de sitôt et qui fait en sorte que, d’une part, de nombreux indépendantistes continueront de voir en ce parti une gauche parfois doctrinaire et déconnectée, et d’autre part, que l’indépendance y est essentiellement l’accessoire d’un profond changement social dont le contenu est loin de faire l’unanimité au Québec, comme partout ailleurs où la gauche et la droite s’affrontent. Militer à Québec solidaire, c’est avant tout militer pour ce profond changement-là ; c’est militer à gauche.



Militer à gauche d’abord, c’est ce que devront faire les quelques militants — pardon : militant.e.s — d’ON qui se joindront à QS et, à moins d’avoir mal évalué ce dans quoi ils s’embarquaient, ils seront heureux de le faire. Dans quelques semaines, puis dans quelques mois, QS sera toujours QS et ON, le parti de Jean-Martin Aussant, le parti des milliers de jeunes nouvellement initiés à l’indépendantisme, le parti de la prestigieuse et historique sanction de Parizeau, le parti consacré à l’indépendance, n’existera plus.



On rétorquera qu’Option nationale étant en faillite électorale complète, sa disparition n’aura pas changé grand-chose. C’est absolument vrai du point de vue mathématique, sauf qu’en toute rigueur intellectuelle, il faut aussi admettre que la fin d’ON, c’est également la disparition d’un parti dont le poids médiatique et politique demeure aujourd’hui absolument exceptionnel en regard de sa taille réelle. Les Verts, le NPD-Québec ou le PCQ n’oseraient s’imaginer une telle force de diffusion même dans leurs rêves les plus fous, alors qu’ils obtiennent tous de meilleurs scores qu’Option nationale. Déjà, bâtir un parti politique à partir de rien est une énorme tâche dont la réussite n’est pas assurée ; lui donner une telle visibilité est encore plus difficile.



Pour l’heure, le mouvement indépendantiste dispose encore de cet outil qu’est Option nationale. Sans verser dans la rêverie, faire le pari qu’ON pourrait finalement se relever, du moins assez pour jouer un certain rôle, aussi modeste soit-il, en 2018, n’est certainement pas plus fou que de compter sur quelques ex-onistes pour transformer QS en parti indépendantiste capable de rallier largement au-delà de l’extrême gauche du spectre politique.


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