Le plaidoyer de Catherine Dorion en faveur du seul enthousiasme pour relancer ON, paru dans Le Devoir du 1er août 2013, nous guide en partie sur l’une des raisons de l’irruption réussie d’Option nationale dans l’arène politique québécoise, mais nous renseigne aussi sur son incapacité à s’enraciner dans le paysage national.
Bien servie par ses talents de communicatrice, Madame Dorion a été la grande surprise de l’élection de septembre 2012 en récoltant 2804 votes dans la circonscription de Taschereau, la plaçant deuxième au Québec pour ce parti, juste après Jean-Martin Aussant. Cela constitue, à tout seigneur tout honneur, une performance à souligner.
L’action dans la joie
L’enthousiasme, cette émotion intense qui pousse à l’action dans la joie, est certainement un moteur puissant à la base des grands mouvements qui ont conduit des peuples ou des sociétés à s’affranchir de la tyrannie ou à vaincre l’injustice. L’Histoire abonde d’exemples probants en ce sens. Mais l’enthousiasme seul peut-il suffire à soulever les montagnes et à renverser le cours des choses. Suffira-t-il à affranchir le Québec de ses peurs de briser le carcan fédéral. Qu’on me permette d’en douter. L’Histoire est tout aussi remplie d’élans enthousiastes, de manifestations monstres et de déferlements humains qui sont venus mourir sur les plages sablonneuses de l’indifférence. Les grands rassemblements bon enfant du Printemps Érable 2012 semblent malheureusement trop éloquents à cet égard. Certains diront qu’il y a eu beaucoup de bruits pour des résultats encore incertains. Mais rien n’indique que ces événements ne seront pas précurseurs de grands changements à venir.
L’enthousiasme tempéré par l’expérience
Option nationale a su apporter, comme le souligne à juste titre l’ex-candidate dans Taschereau, une «bouffée d’air frais» dans l’univers politique et indépendantiste québécois. Ce nouveau parti a réussi le pari d’intéresser à la politique une frange importante de l’électorat jeune, en particulier les adeptes des médias sociaux, grâce au renouvellement du discours et de l’approche en faveur de l’indépendance du Québec. Cependant beaucoup déplorent l’incapacité d’ON à percer les strates supérieures d’âge et les couches de la population moins branchées. Il s’agit-là d’un problème majeur qui ne pourra être résolu uniquement par l’utilisation accrue de Facebook ou Twitter.
La mise sur pied d’une véritable structure organisationnelle, présente sur le terrain avec le monde ordinaire, s’avère incontournable si l’on veut voir Option nationale émerger des limbes et devenir une force de changement politique majeure appelée à redynamiser la scène politique québécoise. L’effort concerté des énergies et l’organisation soutenue, ce qui peut se décliner comme l’enthousiasme tempéré par l’expérience, constituent, à mon sens, ce dont ON a le plus urgemment besoin afin de se remettre en selle après le départ de son chef.
D’autres ingrédients sont tout aussi essentiels au développement d’ON. En particulier, il faudra permettre aux membres et militants de se faire davantage entendre par la direction du parti et mettre la transparence au cœur de nos interventions autant à l’interne que dans l’espace public. Et puis Option nationale se doit d’être plus présent et de prendre une part plus active dans les débats qui agitent la société. Réagir à chaud à l’événement, de façon certes pondérée et éclairée, est le moins que l’on puisse attendre d’un parti politique qui aspire à revamper la politique et à répondre aux questionnements légitimes des citoyens sur la souveraineté du Québec.
Pourquoi je me présente
Jusqu’à maintenant, je me suis limité à apporter conseils, critiques et idées à l’interne en vue de remettre Option nationale en marche après l’élection de septembre 2012. Il est temps aujourd’hui que je sorte du rang et me porte en avant afin de contribuer à ce qu’ON poursuive son élan. Fort de l’expérience politique acquise depuis plus de quarante ans et de mon observation des forces de notre parti, mais aussi de ses lacunes, je compte bien remettre un peu d’ordre dans les structures, construire une organisation digne de ce nom et placer notre parti au cœur de l’action. Ces tâches, à première vue, peuvent paraître moins enthousiasmantes ou glamour, mais il s’agit d’un passage obligé si l’on désire que notre parti aide à faire en sorte que notre rêve de pays se transforme en réalité.
Réplique à Catherine Dorion
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
5 août 2013Monsieur Lamy,
Bravo pour cet excellent texte, vos commentaires des derniers mois furent de la même trempe. Ayant moi-même ete critique, durement je l'assume, envers JMA et le parti, mais jamais envers ses membres, nous sommes plusieurs a penser qu'il est impératif qu'ON entreprenne une solide réflexion sur son avenir, son fonctionnement, sa reception aupres de l'électorat et ses communications...souvenons-nous de la superficialité jovialiste de certains de mes répondants. Ayant quitté le parti, de guerre lasse, le 19 juin, je suis très sceptique face à son avenir. Je vous souhaite malgré tout, la meilleure des chances.
Bonne continuité!
Yannick Cormier (un défaitiste selon certains..)