La dame de fer

Dans les faits, avec ce budget, le gouvernement Charest a écouté les gens, et il pose un geste significatif pour la classe moyenne, à sa façon, sans singer l’ADQ comme on le lui reproche depuis les élections. Pour une fois, en s’opposant à ces baisses d’impôt, le PQ et l’ADQ sont du mauvais côté de la barrière.

Budget MJF - baisses d'impôts


Le gouvernement Charest a décidé de foncer, et d’y aller avec la baisse d’impôt promise de 950 millions $, même si cela provoque de vives réactions de la part des partis d’opposition. C’est un risque calculé qui mènera peut-être à un renversement du gouvernement. Mais c’est un risque qu’il fallait prendre, pour des raisons politiques et pour des raisons économiques.



S’il y a quelque chose qui a affaibli le gouvernement Charest dans son premier mandat, c’est son incapacité à transmettre aux Québécois une vision stratégique, à bien l’expliquer, et à éviter les virages et les reculs qui entretiennent la confusion. La nouvelle ministre des Finances, Mme Monique Jérôme-Forget, en quelque sorte notre dame de fer, a présenté, pour la première fois depuis des décennies, un budget clair, concis, qui ne s’éparpille pas et qui se limite à six priorités.
On peut ne pas être d’accord, mais «what you see is what you get». Si les libéraux avaient fait preuve de la même cohérence et de la même détermination dans leurs budgets de leur premier mandat, ils n’en seraient probablement pas aujourdhui. Pour une fois que le ministre des Finances a mis ses culottes, il aura fallu qu’elle porte une jupe.
Mais il est vrai que la baisse d’impôts de 950 millions $ suscitait des interrogations dès qu’elle a été annoncée en campagne électorale. Même si le Québec dispose d’une certaine marge de manœuvre provenant du règlement du déséquilibre fiscal, il est confronté à de multiples priorités. Mme Jérôme-Forget avait le fardeau de la preuve pour démontrer qu’une réduction du fardeau fiscal était la bonne chose à faire.
L’argumentaire de la ministre est convaincant. Parce que les impôts ont baissé dans huit provinces cette année et que le Québec risquait de se placer dans une position difficile. Cette baisse des impôts augmente le niveau de vie des gens, elle rend le Québec plus compétitif, elle permet de garder et d’attirer le talent. Et cette réduction du fardeau fiscal ne se fait pas au détriment des grandes missions de l’État puisque les hausses resteront importantes en santé et en éducation.
Reste le grand choix entre la réduction des impôts et celle de la dette au moment où le Québec commence à vivre des pressions démographiques. C’est l’argument évoqué par les péquistes et les adéquistes pour s’opposer au budget Jérôme-Forget. C’est une question à laquelle je suis très sensible.
Mais paradoxalement, ce qui me fait pencher en faveur de la réduction du fardeau fiscal, c’est qu’il y a quelque chose qui me fait peur dans ce grand mouvement d’opposition aux baisses d’impôt. Il prend ses origines dans une réflexion sérieuse faite par des économistes sérieux. Mais il s’est manifestement transformé en croisade qui réunit des alliés bien improbables, notamment l’ADQ dont l’indignation est suspecte, surtout quand elle est exprimée par l’ancien patron du Conseil du patronat Gilles Taillon, mais aussi le monde syndical, la gauche du PQ, les milieux sociaux, qui se servent de l’argument inter-générationnel pour s’opposer à une réduction du fardeau fiscal qu’ils ne cautionneraient jamais. Parce que ce n’est jamais le bon moment. Bref, dans ce beau consensus, on retrouve la même dynamique du statu quo qui a contribué depuis des années à l’immobilisme du Québec.
Il faut rappeler qu’il n’y a pas qu’une façon de s’occuper d’équité inter-générationnelle. On peut consacrer sa marge de manœuvre à la réduction de la dette. Ce que fait d’ailleurs le budget de Mme Jérôme-Forget en consacrant des ressources additionnelles, quoiqu’encore trop modestes, au Fonds des générations.
Mais la création de richesse et les efforts pour donner au Québec un véritable dynamisme économique sont une approche encore plus puissante, et moins statique, pour lutter contre l’impasse financière qui nous attend dans quelques années. Baisser les impôts, c’est une très bonne façon de contribuer à cette création de richesse. Encore plus vrai au Québec, où il faut créer une rupture, briser la résistance au changement et envoyer un message clair sur notre volonté collective de penser en termes de richesse.
D’autant plus que dans ce budget, d’autres mesures contribueront à cet essor économique, notamment l’élimination de la taxe sur le capital, qui était en fait une taxe sur l’investissement. Ainsi qu’un vaste programme de remise à jour de nos infrastructures.
Dans les faits, avec ce budget, le gouvernement Charest a écouté les gens, et il pose un geste significatif pour la classe moyenne, à sa façon, sans singer l’ADQ comme on le lui reproche depuis les élections. Pour une fois, en s’opposant à ces baisses d’impôt, le PQ et l’ADQ sont du mauvais côté de la barrière.
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2e version
Le bras de fer


C’était un risque calculé, car le gouvernement minoritaire peut être renversé si les deux partis d’opposition s’opposent à son budget. Le Parti québécois a annoncé qu’il se joignait à l’ADQ pour voter contre le budget. Si les négociations de dernière minute ne permettent pas de trouver une solution, nous risquons de nous retrouver en élections cet été.
Mais c’est un risque qu’il fallait prendre, pour des raisons politiques et pour des raisons économiques. S’il y a quelque chose qui a affaibli le gouvernement Charest dans son premier mandat, c’est son incapacité à transmettre aux Québécois une vision stratégique, à bien l’expliquer, et à éviter les virages et les reculs qui entretiennent la confusion. La nouvelle ministre des Finances, Mme Monique Jérôme-Forget, en quelque sorte notre dame de fer, a présenté, pour la première fois depuis des décennies, un budget clair, concis, qui ne s’éparpille pas et qui se limite à six priorités.
On peut ne pas être d’accord, mais « what you see is what you get ». Si les libéraux avaient fait preuve de la même cohérence et de la même détermination dans leurs budgets de leur premier mandat, ils n’en seraient probablement pas [là] aujourdhui. Pour une fois que le ministre des Finances a mis ses culottes, il aura fallu qu’elle porte une jupe.
Mais il est vrai que la baisse d’impôts de 950$ millions suscitait des interrogations dès qu’elle a été annoncée en campagne électorale. Même si le Québec dispose d’une certaine marge de manœuvre provenant du règlement du déséquilibre fiscal, il est confronté à de multiples priorités. Mme Jérôme-Forget avait le fardeau de la preuve pour démontrer qu’une réduction du fardeau fiscal était la bonne chose à faire.
L’argumentaire de la ministre est convaincant. Parce que les impôts ont baissé dans huit provinces cette année et que le Québec risquait de se placer dans une position difficile. Cette baisse des impôts augmente le niveau de vie des gens, elle rend le Québec plus compétitif, elle permet de garder et d’attirer le talent. Et cette réduction du fardeau fiscal ne se fait pas au détriment des grandes missions de l’État puisque les hausses resteront importantes en santé et en éducation.
Reste le grand choix entre la réduction des impôts et celle de la dette au moment où le Québec commence à vivre des pressions démographiques. C’est l’argument évoqué par les péquistes et les adéquistes pour s’opposer au budget Jérôme-Forget. C’est une question à laquelle je suis très sensible.
Mais, paradoxalement, ce qui me fait pencher en faveur de la réduction du fardeau fiscal, c’est qu’il y a quelque chose qui me fait peur dans ce grand mouvement d’opposition aux baisses d’impôt. Il prend ses origines dans une réflexion sérieuse faite par des économistes sérieux. Mais il s’est manifestement transformé en croisade qui réunit des alliés bien improbables, notamment l’ADQ dont l’indignation est suspecte, mais aussi le monde syndical, la gauche du PQ, les milieux sociaux. Bref, dans ce beau consensus, on retrouve la même dynamique du statu quo qui a contribué depuis des années à l’immobilisme du Québec.
Il faut rappeler qu’il n’y a pas qu’une façon de s’occuper d’équité inter-générationnelle. On peut consacrer sa marge de manœuvre à la réduction de la dette. Ce que fait d’ailleurs le budget de Mme Jérôme-Forget en consacrant des ressources additionnelles, quoiqu’encore trop modestes, au Fonds des générations.
Mais la création de richesse et les efforts pour donner au Québec un véritable dynamisme économique sont une approche encore plus puissante, et moins statique, pour lutter contre l’impasse financière qui nous attend dans quelques années. Baisser les impôts, c’est une très bonne façon de contribuer à cette création de richesse. Encore plus vrai au Québec, où il faut créer une rupture, briser la résistance au changement et envoyer un message clair sur notre volonté collective de penser en termes de richesse.
Dans les faits, avec ce budget, le gouvernement Charest a écouté les gens, et il pose un geste significatif pour la classe moyenne, à sa façon, sans singer l’ADQ comme on le lui reproche depuis les élections. Pour une fois, en s’opposant à ce budget, le PQ et l’ADQ sont du mauvais côté de la barrière. Car ils devront, s’il y a des élections, expliquer aux gens qu’ils doivent voter pour eux pour continuer à payer beaucoup d’impôt. Le monde à l’envers.


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