Objectif survie

(...) les péquistes auraient tout intérêt à s'abstenir de jouer les fanfarons

Budget MJF - baisses d'impôts


Conscients d'être à la merci des partis d'opposition, les libéraux ont présenté hier un budget sans fioritures dont l'objectif premier était avant tout d'assurer la survie de leur gouvernement.
La proposition de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, est loin d'être exemptes de lacunes, à commencer par le gaspillage d'une partie de sa maigre marge de manoeuvre en réductions d'impôt. Mais, examinée dans la perspective de l'électeur, elle a le mérite de ne pas donner de prise vraiment solide à ses adversaires.
Aussi les adéquistes et les péquistes prendront-ils un pari très osé s'ils mettent à exécution leur menace de rejeter ce budget qui se résume à alléger le fardeau des contribuables et à utiliser le petit excédent restant pour améliorer les infrastructures et pour bonifier un peu les services en santé et en éducation.
Surtout dans le contexte où les Québécois ne veulent pas retourner en élections alors qu'on vient à peine de ranger les boîtes de scrutin.
Mais si le gouvernement libéral minoritaire est bel et bien chassé, ses tombeurs se retrouveront avec de difficiles comptes à rendre.
Mario Dumont a ainsi martelé au cours de la dernière campagne qu'il était impérieux de redonner un peu d'oxygène aux familles. Comment pourrait-il expliquer qu'il a cavalièrement refusé de retourner près d'un milliard de dollars aux citoyens.
Le chef adéquiste serait également invité à expliquer par quel tour de prestidigitation il aurait pu, lui, réussir à répondre aux exigeantes conditions qu'il avait fixées pour soutenir le budget libéral. La marge de manoeuvre qu'elles impliquaient était simplement impossible à créer en quelques semaines.
Pour ajouter à l'inconfort de M. Dumont, Mme Jérôme-Forget a pigé au plus profond de la boîte à outils adéquiste pour élaborer son discours d'hier. À un point inquiétant d'ailleurs.
En confiant par exemple à Claude Castonguay la direction du groupe de travail chargé d'examiner les moyens d'assurer le financement à long terme des services de santé au Québec, le gouvernement affiche un nouveau parti pris favorable à une bien plus grande présence du privé dans le système. La ministre va même jusqu'à évoquer l'hypothèse qu'il faudra peut-être revoir la Loi canadienne sur la santé.
Or cette dernière a été jusqu'ici la garante de l'universalité et de la gratuité des soins, et le paratonnerre contre un régime à deux vitesses. Stephen Harper sera assurément tenté de s'engouffrer dans cette ouverture inespérée.
En fin de compte toutefois, même si les libéraux ont arraché plusieurs pages du credo adéquiste pour en faire des engagements, ce sont surtout les péquistes qui se trouvent sur la sellette avec le vote à venir.
Les Québécois pardonneront vraisemblablement à l'opposition officielle de s'être opposée au budget parce que c'est traditionnellement le cas. Ils auront l'absolution beaucoup moins facile pour le PQ qui détenait la balance du pouvoir et qui l'a exercé sans discernement. Des élections générales, ça coûte 72 millions $...
Les péquistes sont-ils vraiment prêts à ce périlleux quitte ou double ? Les scénarios sont restreints. Soit que M. Charest reconnaît ouvertement sa vulnérabilité et amende son budget. Soit que M. Dumont est invité à former le gouvernement par le nouveau lieutenant-gouverneur, sans que son équipe soit prête pour ce défi. Sinon il y a élections au cours desquelles Pauline Marois doit respecter ses engagements par les sondages, malgré des coffres vides et une organisation bien mal en point.
Dans le doute quant aux conséquences réelles de ce pari risqué, les péquistes auraient tout intérêt à s'abstenir de jouer les fanfarons et à mettre toutes leurs énergies à patiemment reconstruire sur du solide.


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