L'improvisation de madame Courchesne

Monsieur Charest va encore passer sa journée de campagne en expliquant que son improvisation est imputable au gâchis péquiste et à son sombre héritage.

Tribune libre 2008

Même si le milieu de l'éducation est habitué aux sautes d'humeur et aux improvisations de madame Courchesne, celui-ci fut désagréablement étonné par sa nouvelle lubie. Madame Courchesne propose sans avoir consulté personne qu'un titulaire d'un baccalauréat puisse enseigner s'il complète par une maîtrise en enseignement.
Prenons, par exemple, un étudiant qui a complété son baccalauréat en histoire. Il pourrait désormais être titulaire d'un poste au primaire s'il entame une formation de deuxième cycle en enseignement. Le problème, c'est qu'un titulaire au primaire enseigne dans toutes les matières.
Dans les universités, tous ont fait les yeux ronds. Pourquoi un programme spécialisé en enseignement de quatre ans si on met juste à côté un programme d'enseignement moins spécialisé qui donne le même droit d'enseigner?
Autre question, appendice de la première: pourquoi contraindre les universités à établir un programme spécialisé de quatre ans pour le court-circuiter ensuite? On sait que madame Courchesne dit ne pas aimer les spécialistes parce qu'elle a, au moins, travaillé pour les "enfants d'abord", son expression favorite. Mais les spécialistes sont sur le terrain et ils sont ceux qui travaillent au jour le jour à élaborer des programmes qui tiennent compte des nécessités du milieu.
Pour calmer le jeu, les documents se sont mis à circuler dans les officines concernées, tant au ministère de l'Éducation, rebaptisé des loisirs et des sports par son prédécesseur. On a mis le mot "proposition de la ministre" bien entre guillemets pour faire comprendre aux artisans effarés du milieu de l'éducation qu'il s'agissait d'un coup de tête, un ballon électoral.
Ainsi tout le monde doit mettre son énergie à couvrir les improvisations de la ministre et à se rassurer en se disant que ce gouvernement ne fait pas aboutir ses "propositions". C'est quand même un des exemples journaliers de l'amateurisme de ce gouvernement. Comme on sait, le gouvernement Charest était très pressé d'imposer l'enseignement de l'anglais en première année du primaire. Ce biais idéologique l'empêcha de prêter l'oreille aux fonctionnaires qui l'avertissaient des dangers d'une pénurie de professeurs qui n'irait qu'en s'aggravant.
Monsieur Charest va encore passer sa journée de campagne en expliquant que son improvisation est imputable au gâchis péquiste et à son sombre héritage.


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