L’implosion de Trudeau

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La gestion libérale de SNC-Lavalin se transforme en véritable catastrophe politique


Justin Trudeau devra donc procéder à un autre remaniement.


L’unité prétendument retrouvée du caucus du PLC, la semaine dernière, n’était donc que du toc.


Sans avertissement hier, une de ses ministres principales, les plus solides, Jane Philpott, a claqué la porte, en soutenant ne plus avoir « confiance » en son premier ministre.


Ce gouvernement axé sur l’image de la parité, des femmes fortes, en prend pour son rhume avec ce départ. Il ne serait pas surprenant que d’autres imitent Philpott.


Lévesque 1984


Cette importante crise rappelle évidemment l’« annus horribilis » de René Lévesque, 1984, où le fondateur du PQ avait perdu pas moins de sept ministres, dont Jacques Parizeau, ainsi que trois simples députés.


Les querelles de l’époque au sein du gouvernement du Parti québécois étaient évidemment bien plus existentielles que celles qui ont conduit aux démissions de Wilson-Raybould et, maintenant, de Philpott.


En prenant le « Beau risque » du fédéralisme renouvelé, Lévesque, il y a 35 ans, avait profondément choqué et déçu les plus fervents indépendantistes du PQ. Lesquels avaient carrément claqué la porte.


Vision exaltée


L’actuelle crise dans laquelle est plongé le gouvernement Trudeau diffère à plusieurs égards.


Il ne s’agit pas d’un désaccord sur la conception d’un pays, comme dans le gouvernement Lévesque post-1982.


Mais plutôt d’une vision quelque peu exaltée, très contemporaine, du rapport entre justice et politique.


Personne ne niera que Mme Wilson-Raybould a subi des pressions importantes de la part d’une dizaine de personnes clés dans le gouvernement Trudeau.


En même temps, le but ultime n’était pas d’excuser SNC-Lavalin, de la soustraire à la loi. L’outil de l’« accord de réparation » existe et est légal.


Il évite un procès, mais implique d’importantes pénalités pour l’entreprise concernée. Plusieurs grandes compagnies dans le monde ont bénéficié de lois similaires dans les grands pays de l’OCDE.


Que Justin Trudeau et son entourage aient pensé nécessaire, afin de montrer au Québec qu’ils ont ses intérêts économiques à cœur (une fois n’est pas coutume), de procéder à un accord de réparation pour SNC est compréhensible.


Qu’ils aient voulu en « informer » la procureure générale — de manière certes insistante — n’est pas un crime, selon l’aveu même de Mme Wilson-Raybould.


Or, c’est ainsi qu’on traite la chose au Canada anglais. Depuis le témoignage chirurgical de Wilson-Raybould, on accuse Justin Trudeau d’avoir perdu l’« autorité morale » de gouverner. Rien de moins.


Comme s’il avait voulu pactiser avec l’entreprise corrompue dans le cadre d’une entente secrète. Rappelons que l’accord de réparation, une fois conclu, doit apparaître à la Gazette officielle.


Mais bon, toutes ces nuances n’intéressent plus personne dans le ROC. Ce dernier, après avoir cru à l’image éthique quasi immaculée du chef libéral, estime maintenant avoir découvert sa « vraie nature » magouilleuse, à la « québécoise ».


Nulle surprise que le doute ait saisi plusieurs esprits au sein même des troupes libérales, et que cela semble créer une sorte d’implosion.