Les excuses discriminatoires de Justin Trudeau

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Le racisme systémique existe, on le subit depuis 1760

Notre premier ministre s’est récemment excusé aux descendants du 2e Bataillon de construction, une unité noire durant la Première Guerre mondiale. Ces soldats étaient victimes de discrimination, notamment parce qu’ils étaient exclus des combats. 


Tout en dénonçant le racisme systémique, Trudeau a déclaré «qu’en reconnaissant les vérités du passé nous pourrons commencer à panser les blessures qu’elles ont causées et à bâtir un Canada meilleur et plus inclusif pour tous». Soit. 


Xénophobie antifrançaise


Le problème vient du fait que ceux qui ont été le plus victimes de xénophobie à l’époque sont les Canadiens français. Alors que l’Ontario fermait ses écoles françaises, comme plusieurs autres provinces l’avaient fait, nous étions conspués pour refuser la conscription. Pourquoi mourir pour un pays qui nous méprisait, se disaient nos ancêtres.  


Plus la guerre avançait, pire c’était. En 1917 par exemple, en prévision des élections de décembre, le gouvernement conservateur de Robert Borden a fait voter une loi qui donnait le droit de vote aux femmes. Le hic est le suivant: seules les femmes qui avaient un frère, un mari ou un père dans l’armée pouvaient participer au scrutin. Comme les Canadiens français étaient peu nombreux en uniforme, cette mesure équivalait à donner le droit de vote seulement aux Canadiennes anglaises. Le tout, bien sûr, dans le but de gagner l’élection et de nous imposer la conscription. 


Civils abattus


En 1918, après l’écrasante victoire des conservateurs (sauf au Québec où ils subirent une dégelée), des émeutes anti-conscription ont éclaté à Québec. Les militaires ont fait feu à la mitraillette sur des citoyens, tuant quatre personnes, dont un garçon de 14 ans, et faisant au moins 75 blessés. Une commission d’enquête a établi que les victimes n’étaient pas des émeutiers mais de simples passants fauchés par des rafales tirées au hasard. Les familles des victimes n’ont jamais été indemnisées! 


Évidemment, Justin Trudeau ne s’est jamais excusé de tout cela. Il n’a jamais exprimé la moindre contrition non plus au sujet de la déportation des Acadiens, qui a entraîné la mort de milliers de déportés. Il a refusé de s’excuser pour les centaines de Québécois qui ont été mis en prison par son père lors de la crise d’Octobre.


Son attitude est totalement inverse quand il s’agit d’autres minorités. Même si Mulroney l’avait déjà fait, Trudeau a présenté ses excuses pour l’emprisonnement des Italo-Canadiens durant la Deuxième Guerre mondiale. Cela s’ajoute notamment aux excuses faites aux homosexuels, aux Autochtones, aux réfugiés juifs allemands qui, sous le règne d’Hitler, ne pouvaient pas entrer au Canada et celles pour avoir refoulé le Komagata Maru, un bateau avec des passagers en provenance de l’Inde.


La minorité nationale francophone est la seule envers qui le chef des fédéraux ne s’excuse jamais. Cela indique deux choses. D’une part, celui-ci fait preuve contre nous de cette discrimination qu’il dénonce si souvent. D’autre part, Trudeau démontre une fois encore que son hypocrisie est absolument illimitée.

 


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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.