L’an dernier, le gouvernement Couillard lançait une campagne de publicité pour promouvoir sa stratégie économique. C’est ainsi que j’ai appris que l’accès aux soins de santé et la réussite des jeunes font partie du Plan économique du Québec, avec la création d’emplois.
Ce fut un choc.
Si l’attente à l’urgence ne baisse pas de manière significative, est-ce que cela veut dire qu’il n’est pas rentable d’investir plus ? Le gouvernement devrait expliquer les choix qu’il fait en notre nom au lieu de prétendre que tout baigne.
Bien sûr, l’argent propulse tous les projets gouvernementaux pour améliorer la vie des citoyens, mais personne ne se fait soigner pour booster le PIB. Devenir plus productif est la conséquence d’un corps et d’un esprit sains, pas l’objectif.
Le Parti libéral a toujours été le parti de l’économie. On lui doit de grandes réalisations, notamment en l’hydroélectricité, mais un jour, sans l’annoncer, il est devenu le parti de l’argent et non plus de l’économie. Ce n’est pas la même chose.
L’argent achète, l’économie améliore, agrandit.
L’éducation mercantile
La déclinaison du Plan économique 2017-2018 nous apprend aussi que l’ajout d’intervenants pour les élèves ayant des besoins particuliers au primaire et la création d’environnements propices à l’apprentissage trônent au cœur du plan économique libéral.
Si vous croyez que l’éducation doit servir en priorité à former de la main-d’œuvre, soyez rassurés, on s’en occupe dès la maternelle.
Il faut certes former les employés de demain, mais dire aussi clairement que l’éducation est subordonnée à l’économie donne des frissons dans le dos.
Le mouvement pour purger l’université de cours « inutiles » est déjà en marche en Amérique du Nord : l’université du Wisconsin va abolir 13 programmes au premier cycle : études américaines, arts, anglais, français, géographie, histoire, musique, littérature, philosophie, allemand, espagnol, sociologie et sciences politiques.
Ils seront remplacés par des formations techniques. Ce qui sera utile pour débattre du sens de la vie avec nos robots mus à l’intelligence artificielle.
Quand tout est à l’économie, c’est ainsi qu’on voit la vie.
Pas à gauche
N’ayez crainte, je n’ai pas pris ma carte de membre de Québec solidaire, mais je ne peux que condamner une vision de l’économie qui rétrécit à ce point les horizons du Québec et des Québécois. Expliquerait-elle le manque d’intérêt des libéraux pour l’identité et la langue ? Pourquoi leur discours sur l’immigration se réduit-il à l’économie ?
La Banque de Montréal avait adopté, il y a quelques années, le slogan « Au-delà de l’argent, il y a les gens ». Je m’étouffais de rire chaque fois que je l’entendais, mais un gouvernement ne saurait dire mieux.
Pour les peuples et les États, l’économie est un moyen, pas une fin. Les gouvernements ne créent ni la richesse ni des emplois, à part les leurs. Ils ne font que recycler, avec plus ou moins de succès, notre argent. C’est le peuple qui crée la richesse, pas l’État. Et il la souhaite pour ses besoins, pas ceux des partis politiques.
À garder en tête en période préélectorale.