L'avenir d'André Boisclair va dépendre des réformes qu'il proposera à son parti

PQ - leadership en jeu - la tourmente

Québec -- L'avenir d'André Boisclair à la tête du Parti québécois dépendra du sort réservé aux propositions qu'il entend soumettre pour réformer en profondeur le PQ et son programme.
C'est ce qu'a laissé savoir André Boisclair hier, au moment de l'assermentation des 36 députés péquistes et du dévoilement de son cabinet fantôme, alors que s'amorce aujourd'hui une réunion de deux jours du caucus péquiste. «J'ai le mandat de redresser la situation. J'ai le mandat de présenter un nouveau programme», a dit M. Boisclair au cours du point de presse qui a suivi l'assermentation.
La formulation de cette proposition destinée à modifier le programme et à présenter «un nouveau Parti québécois», c'est «mon principal devoir à l'heure actuelle», a soutenu M. Boisclair. «C'est à travers cette proposition-là que les gens verront s'ils m'accordent encore leur confiance.»
«Je ne suis pas engagé, en ce moment, dans une bataille personnelle, je suis engagé dans une bataille sur le fond des choses», a-t-il poursuivi. M. Boisclair estime que poser la question de son leadership est prématuré. «Ce n'est pas parce qu'on change d'entraîneur d'une équipe de hockey que, le lendemain, l'équipe va mieux performer», a-t-il illustré.
Le chef péquiste a parlé de «grandes remises en question» pour le PQ. Il n'entend pas tomber dans les mêmes ornières que Bernard Landry qui, lors de la «saison des idées» qui avait mené à l'adoption du programme péquiste actuel en juin 2005, avait dû faire des compromis pour tenter de sauver le vote sur son leadership. «Je me sens libre comme jamais», a lancé M. Boisclair, qui fait preuve d'un certain détachement, comme quelqu'un qui n'a rien à perdre.
En vertu des statuts du parti, un vote de confiance doit avoir lieu en 2009 lors d'un congrès national où un nouveau programme péquiste pourrait être adopté. De nombreux péquistes trouvent cette échéance bien lointaine. Hier, le nouveau député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, a dit n'être pas fermé à ce qu'on tienne ce congrès plus tôt. André Boisclair n'écarte pas cette possibilité, qui dépend de la volonté des membres, a-t-il dit. À la fin de mai, le chef péquiste devra passer un premier test: la réunion postélectorale de la conférence des présidents du PQ.
Lors des dernières élections, les Québécois ont rejeté le programme du PQ, notamment cet engagement de tenir un référendum le plus rapidement possible. «Ça ne passe pas. Ce n'est pas juste André Boisclair qui pense ça, c'est à peu près tout le caucus», estime le chef péquiste.
«Les Québécois ne sont pas là où nous souhaitons qu'ils soient», constate le chef péquiste, et c'est au PQ de se rapprocher de la population et non l'inverse. «Je suis souverainiste, mais je dois composer avec un message de la population et je dois, sereinement, malgré mes convictions, accepter ça.»
André Boisclair a rejeté comme étant de la «science-fiction» l'affirmation véhiculée par La Presse selon laquelle il serait dans le pétrin au sein de son propre caucus. Les députés péquistes ne se sont guère montrés loquaces hier, ni pour critiquer leur chef, ni pour l'appuyer.
Il y a une nouvelle consigne au sein de la députation du PQ qui veut rompre avec une longue tradition de lavage de linge sale en public. «Une des leçons de fond qu'on doit tirer, c'est que les débats, il faut les faire non pas dans les médias mais dans les instances, dans les réunions», a dit la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, Louise Harel.
Cabinet fantôme
Dans la composition de son cabinet fantôme, André Boisclair a réservé quelques surprises, même à ses députés. C'est Le Devoir qui a appris au député de Vachon, Camil Bouchard, hier, qu'il était muté de l'éducation à la famille.
C'est la leader Diane Lemieux qui prend la charge de l'éducation. Mais l'enseignement supérieur revient au député de Gouin, Nicolas Girard, qui assumera aussi la responsabilité de la réforme électorale.
Le député de Richelieu, Sylvain Simard s'occupera des affaires intergouvernementales canadiennes, mais Mme Lemieux se réserve le dossier d'Option Canada, qui fera l'objet du rapport de la commission Grenier.
L'important dossier de la santé revient au néophyte Bernard Drainville. L'ex-journaliste donnera la réplique à Philippe Couillard, avec qui il a eu maille à partir avec un reportage mettant en cause l'intégrité du ministre, qui aurait enfreint la Loi électorale. M. Couillard a ensuite été blanchi par le Directeur général des élections.
Louise Harel, qui était porte-parole en matière de santé, assumera les responsabilités des services sociaux et des aînés. Le doyen François Gendron se chargera des ressources naturelles tandis que le député de Verchères, Stéphane Bergeron, garde le dossier des parcs et prend celui de l'environnement.
Le député de Rousseau, François Legault, continue avec les finances et le développement économique tandis que la députée de Rosemont, Rita Dionne-Marsolais, devient porte-parole pour le Conseil du trésor.
Préoccupé par la stagnation de l'économie québécoise, André Boisclair a aussi annoncé la création d'un comité de huit députés qu'il présidera et qui s'occupera d'économie, de développement durable et des régions.
Par ailleurs, lors de l'assermentation, M. Boisclair a présenté le jeune député d'Abitibi-Est, Alexis Wawanoloath, comme étant le premier autochtone élu à l'Assemblée nationale. Or il en est le deuxième, le premier étant le Huron Lugder Bastien, qui avait siégé de 1924 à 1927.
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Avec la collaboration d'Antoine Robitaille


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